Qui d’autre qu’Anthony Wong pouvait incarner Wong Chi-hang avec toute cette démesure qui ne sera égalé que par Ebola syndrome. L’acteur a joué à l’époque dans un bon paquet de Catégorie III dont c’était l’âge d’or et The Untold story (qui aura quelques suites) est l’un des fleurons du genre, et pourquoi pas l’un des meilleurs films d’Anthony Wong qui a reçu pour ce rôle un Hong Kong Film Award du meilleur acteur. Il sera pendant tout le film avec ses grosses lunettes carrées qui lui mangent le visage, ses yeux écarquillés et sa mâchoire serrée.
Oui, son personnage fait peur parce qu’on ne sait pas quand il va agir. Il va tuer. Il a déjà tué et brûlé son patron et a fui à Macao où se déroule le film. Cheveux coupés très courts, il travaille désormais dans un restaurant avec son employée Pearl (Julie Lee) qu’il terrorise. Le patron a disparu. La police reçoit des lettres de son frère qui s’en inquiète. La police n’en a pas grand-chose à foutre, elle a une affaire en cours, en l’occurrence trouver l’identité d’un cadavre découvert sur la plage. Le corps est bien décomposée, on comprend tout de suite que c’est Wong Chi-hang qui dépecé ce corps.
La méthode de Wong est d’une grande simplicité. Prenons son employé qui aide à la cuisine. Un soir, il joue et gagne au mahjong. L’employé a vu qu’il trichait et lui fait remarquer. Il n’en faut pas plus pour que Wong se saisisse de sa hache et, dans un jaillissement de sang, découpe son cuisinier. Ça gicle sur ses lunettes, son maillot de corps, le sang se répand sur les murs, le sol. Puis, dans sa cuisine il sépare la chair des os, jette les os dans les poubelles publiques. Finalement, il met la chair dans la moulinette et prépare des brioches qu’il servira le lendemain.
Et ça tombe bien, si j’ose dire puisque la police se rend justement dans son restaurant. Le corps a été identifié et il s’agit de la mère de l’ancien propriétaire. Et quelle équipe ! L’officier Lee (Danny Lee) arrive chaque matin au bras d’une jolie fille. Chaque matin, c’est une nouvelle femme court vêtue qui ressemble à une pute. Et pour cause, ce sont des prostituées. Les membres de son équipe en bave et ne pense qu’aux femmes et tout premier lieu Robert (Eric Kai) aux bras aussi musclés que le cerveau semble creux. Ses collègues King Kong (Lam King-kong) et Bull (Parkman Wong) ne valent guère mieux. Au milieu de tous ces hommes, Bo (Emily Kwan) est un peu le soufre douleur à qui on confie les taches les plus ingrates.
Tous sont des tire-au-flanc de première que seule l’arrivée de l’officier Lee permet d’activer le travail. Lee demande si l’enquête a avancé. Hésitants, ils avouent n’avoir aucune piste. Lee demande si c’est à lui de faire le boulot, et hop, ils se mettent à chercher des indices. Dans la première partie de The Untold story, les scènes avec les flics sont données sur un mode comique tant ils semblent tous caricaturaux et ridicules. Tous obsédés sexuels, y compris Bo qui aimerait coucher avec l’officier Lee, ils vont devenir des tortionnaires quand ils seront convaincus que Wong a tué.
Wong va être soupçonné et arrêté. Les flics n’arrivent pas à le faire avouer malgré leur pression. Ils décident de le mettre dans la même cellule que le frère du restaurateur tué et le frère (Shing Fui-on) le tabasse, lui pisse dessus et autres joyeusetés. Il tente de se suicider et une fois remis, les flics vont l’interroger jour et nuit jusqu’à ce qu’il avoue, ce qui va prendre un bon moment. Encore une fois tabassage et tortures diverses. Le final est consacré au massacre, en flash-back, de la famille, enfants compris. The Untold story est un Catégorie II, un bon, un vrai, un viscéral. C’est à la fois dégoûtant et fascinant. Sa construction dramaturgique, le façonnage des personnages et la musique lancinante en font un chef d’œuvre de barbarie.
The Untold story (八仙飯店之人肉叉燒飽, Hong Kong, 1993) Un film de Herman Yau avec Danny Lee, Anthony Wong, Emily Kwan, Eric Kei, Lam King-kong, Parkman Wong, Julie Lee, Lau Siu-ming, Shing Fui-on, James Ha, Tony Leung Hung-wah.
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