dimanche 29 janvier 2012
East meets West 2011
samedi 28 janvier 2012
Love me, love my money
Comédie romantique à la sauce Wong Jing, suite et fin (c’est promis, j’arrête de parler de ses films pendant un bon bout de temps après ces deux mois de rétrospective que je lui ai donné ici). Tony Leung Chiu-wai est Richard, un businessman qui au début de Love me, love my money revient de New York où il fait des affaires (lesquelles, on ne le saura jamais, mais ça n’aura aucune importance). Dans le taxi qui le ramène en ville, la voix off de l’acteur nous présente Helena (Cho Chun) et Tom (Lam Ka-tung), ses deux plus fidèles collaborateurs. Tom est son avocat, son ami de vingt ans, son confident, l’homme qui pense à tout préparer avant que son patron ne lui demande. Tom est indispensable à Richard qui n’a même pas un téléphone perso, il le connait comme sa poche et lui parle franchement de tout et surtout des femmes.
Les femmes, justement, est le souci de Richard. Il est riche et doute que sa copine Martha l’aime pour lui-même mais plutôt pour son argent. Une grosse dispute se déclare entre eux deux parce qu’il refuse de lui donner une forte somme d’argent. Ce qui conforte son opinion sur elle et donne encore une fois une bonne idée de ce que Wong Jing pense des femmes entre misogynie et clichés de potache. Elle quitte le luxueux appartement de Richard et décide de se venger. Elle va, quand il s’est absenté, enlever tous ses meubles et vêtements pour les donner à des hospices de vieux. Richard a envie de changer ses comportements et son nouveau maître mot est : économie. Il trouve qu’il dépense trop et veut virer tous ses employés, dans le même temps il demande à Helena de tout prendre en charge toutes les affaires. Résultat : elle démissionne. Mais assez parlé du boulot, le film ne le prend pas en compte contrairement à ce que faisaient Johnnie To et Wai Ka-fai dans Needing you, exemple type de la comédie romantique patron employée.
Richard rencontre par hasard Choi (Shu Qi) dans un restaurant de serpents où avec sa meilleure amie Fong (Teresa Mak) elle se réfugie pour échapper à Fatty (Yau Man-shing), un bon gros bonhomme qui tente de la convaincre de l’épouser. Fatty est en fait envoyé par le père de Choi (Wong Yat-fei), un homme plutôt traditionnel qui se désespère que sa fille ne se marie pas. Là nait l’idée géniale d’engager Richard pour le faire passer pour son fiancé. Elle ignore qui il est. Lui a envie d’être aimé pour lui et non pour son argent (tout comme dans Prince charming, vingt ans plus tôt). Or il se trouve que Choi plait plutôt à Richard et inversement. Mais on le sait tous, quand une relation démarre sur un mensonge, ça se passe rarement bien par la suite. Dans le même temps, Fong et Tom ont le coup de foudre et vivent une histoire d’amour débridée.
Le gros souci de Love me, love my money est que tout ce qui pourrait être drôle ne l’est jamais vraiment. Les quiproquos relatifs aux fausses fiançailles sont poussifs (encore une fois la passion de Wong Jing pour le jeu où Richard plume Fatty et son père venus rencontrer le « petit ami » virtuel). Pareillement, la soirée organisée chez Richard pour que le père de Choi rencontre sa future belle-famille est assez mauvaise, Wong Yat-fei reprenant son gag de Shaolin soccer où il chante faux un petit air à la guitare. Quand Choi se rend compte qu’elle a été bernée par Richard et Tom, elle lui donne des coups de pied ce qui semble la seule réponse aux yeux de Wong Jing qui faisait faire la même chose à Cecilia Cheung dans Everyday is Valentine. Quant au final, il est tellement écœurant de romantisme benêt que ça en est gênant. Que les fans de Tony Leung Chiu-wai se rassurent, l’acteur n’a plus jamais avec Wong Jing
Love me, love my money (有情飲水飽, 2001) Un film de Wong Jing avec Tony Leung Chiu-wai, Shu Qi, Lam Ka-tung, Teresa Mak, Wong Yat-fei, Angie Cheung, Cho Chun, Helen Poon, Joe Lee, Winston Yeh, Kao Bao-yun, Pang Lap-wai, Dick Tung, Yau Man-shing, Kam Kong, Wong Sum-yue.
mardi 24 janvier 2012
Ninja wars
Le Seigneur Danjo (Akira Nakao) n’a plus qu’une seule ambition, s’accaparer la belle épouse du shogun, Ukyo (Noriko Watanabe). Donjo l’a rencontré un jour lors d’une visite du shogun. Il sert du thé à Ukyo dans une théière particulièrement précieuse avec une araignée sculptée qu’il a fait venir pour cette occasion. Les yeux qu’il pose sur elle sont génant pour tout le monde et surtout pour Shinzaemon (Sonny Chiba, qui ne fait dans Ninja wars qu’une courte apparition en début et fin de film), le garde du corps de Danjo. Ce dernier est trop vilain, lâche et vicieux pour séduire Ukyo avec ses propres qualités, il est obligé de faire appel à Kashin (Mikio Narita), un magicien redoutable qui va engager son armée de démons et sorciers aux mines patibulaires (tout autant que les tueurs de Dragon Princess). Kashin va élaborer un stratagème pour rendre Ukyo amoureuse de lui : préparer un filtre d’amour dans cette bouilloire et lui faire boire. Elle aimera follement le premier homme qu’elle verra. D’ailleurs, ils font le test sur une grosse dame à la poitrine volumineuse qui se met à forniquer avec l’un des sorciers.
L’homme qui va se mettre en travers de ce sinistre plan est Jotaro (Hiroyuki Sanada), un ninja en apprentissage. Il est amoureux d’une de ses condisciples, Kagaribi (Noriko Watanabe, dans un double rôle donc). Leur amour est contrarié par leur maitre qui est le seul à décider qui peut se marier et avec qui. On découvre le jeune couple dans une forêt où Kagaribi, arborant un large sourire, tranche de la paume de sa main les pousses de bambous. C’est l’innocence de la jeune femme qui entre dans la vie avec force face à l’ignominie de Danjo et de ses sbires démoniaques qui est mise ici en contraste. Danjo capture Kagaribi parce qu’il connait son secret, elle est la sœur jumelle de Ukyo, deux filles chrétiennes orphelines au destin opposé. Les démons ont de beaux tours dans leurs poches. L’un envoie un fluide orange (en vomissant) qui se transforme en masque mortel, un autre aveugle lance des flèches, un troisième provoque des explosions. Bref, ils sont très méchants. Ils sont tellement démoniaques qu’ils vont mettre la tête (et l’âme) de Isabiri (Jun Miho) sur le corps de Kagaribi pour mettre en œuvre leur mauvais coup. Tout le reste du film aura pour but de rétablir la situation. Il faut reconnaitre que les méchants démons sont bien plus savoureux que les gentils benêts tout pleins d’un romantisme assez écœurant filmé mollement.
Ninja wars (伊賀忍法帖, Japon, 1982) Un film de Kōsei Saitō avec Hiroyuki Sanada, Noriko Watanabe, Jun Miho, Yuki Kazamatsuri, Akira Nakao, Sonny Chiba, Strong Kongô, Mikio Narita, Gajirô Satô, Noboru Matsuhashi, Hiroshi Tanaka, Tyrus Bromley.
lundi 23 janvier 2012
Everyday is Valentine
Attention, comédie romantique à la Wong Jing, le retour. Je continue ma petite rétrospective du cinéaste (il me reste plus qu’un film après celui-là). Everyday is Valentine illustre la rencontre, les hésitations, la concrétisation puis la rupture et la réconciliation de OK Lai (Leon Lai) et Wonderful (Cecilia Cheung). Le schéma classique sera respecté à la lettre avec quelques moments comiques tels que Wong Jing sait les concocter. D’abord les présentations du futur couple. Lai vient de se faire larguer par sa copine. Elle lui annonce qu’elle va se marier avec un autre homme parce qu’elle en a marre de son absence d’engagement. C’est un coup dur pour lui parce que cela remet surtout en cause sa réputation de serial lover. Lai ; c’est un peu la star de son quartier, l’homme aimé de toutes les femmes et admiré des hommes, notamment de ses amis. Ils sont trois, Pure (Cheung Tat-ming), le puceau de service, Freaky (Matt Chow), le comique et Bully (Ray Pang), le souffre-douleur de la bande. Cecilia est célibataire. On la découvre le soir de l’enterrement de vie de jeune fille d’Ugly (Zuki Lee) avec leurs deux meilleures amies qui répondent aux surnoms de Witchy (Natalie Ng) et Bitchy (Kitty Yuen). Elles parlent gentiment de sexe, entre jeunes femmes innocentes, sur un joli petit air de guitare. Wonderful confesse à ses amies que non seulement, elle est vierge mais qu’en plus elle n’a jamais eu ses règles et n’a pas atteint sa puberté.
Lui sort du bar acheter des clopes, elle des bières. Ils se retrouvent par hasard dans un minimarket et leurs regards se croisent. Plus tard, ils se croisent dans un temple bouddhiste où le moine tibétain (qui cause anglais) leur dira, séparément, la même chose : qu’ils trouveront vite l’amour. On sait exactement ce qui va arriver mais tout va se mettre contre eux. Lai est surtout connu comme un homme qui sait raconter des bobards et son patron Chan (Hui Siu-hung) trompe allégrement sa femme et Lai trouve toujours de bonnes excuses. Il est agent immobilier et doit régler une histoire avec Monsieur Li (Moses Chan Ho). Il se rend compte que Wonderful est employée chez Li et, dans l’ascenseur, se fait passer pour son cousin, donc un homme très riche. Ce qu’il n’est pas du tout. Il va commencer à entrer dans l’engrenage du mensonge, d’autant plus qu’il se fait séduire par Selina Li (Pinky Cheung), le pendant féminin de OK Lai : elle couche pour le plaisir, sans sentiment. Lai va devoir cacher à Wonderful tout cela, elle est sur un petit nuage, elle est l’innocence incarnée et va comprendre qu’il est un beau salaud.
Wonderful est hyper déprimée et Cecilia Cheung sait parfaitement exprimer la déprime avec un simple jeu de regard. J’ai un peu plus de mal à trouver crédible Leon Lai en super séducteur, mais c’est un détail. Je pense qu’un duo avec Louis Koo aurait mieux convenu. On va découvrir la famille de Wonderful, pas piquée des hannetons. Elle doit se rendre à Macao où sa grand-mère est malade et, comme par hasard, OK Lai s’y trouve aussi. Le père, c’est Ng Man-tat qui fait son show. Il va dire ses dialogues très fort, se casse la figure, fait des grands gestes. Les situations deviennent dans l’appartement de la famille hautement improbable, mais réservent les moments les plus drôles avec l’arrivée d’un petit malfrat incompétent qui vient réclamer une dette. Il plante son couteau dans la table sans réussir à le retirer, menace de violer tout le monde, là, la grand-mère se propose d’être la première pour le viol. Pour rester dans le comique familial, OK Lai promet de présenter ses parents à ceux de Wonderful et demande (pour une raison inconnue) à ses trois amis et à Chan de jouer ses parents, sachant que Cheung Tat-ming et Matt Chow se déguisent en femmes. Voilà le romantisme selon Wong Jing.
Everyday is Valentine (情迷大話王, 2001) Un film de Wong Jing avec Leon Lai, Cecilia Cheung, Cheung Tat-ming, Matt Chow, Ray Pang, Zuki Lee, Natalie Ng, Kitty Yuen, Hui Siu-hung, Moses Chan Ho, Pinky Cheung, Ng Man-tat, Kingdom Yuen, Lam Suet.
samedi 21 janvier 2012
Samourai reincarnation
Il y a 400 ans de cela, des milliers de Chrétiens furent massacrés au Japon dans une volonté de l’empereur d’éradiquer cette religion. Pour être bien certain qu’ils soient morts, les crânes sont parfois fendus par les samouraïs et leurs soldats. Dans la scène d’ouverture de Samourai reincarnation, on découvre dans une atmosphère ténébreuse toute une ribambelle de cadavres largement maquillés. Une pièce de théâtre est jouée devant les samourais, ce qui accentue encore l’aspect impitoyable des assassins, quand soudain Shiro (Kenji Sawada) annonce qu’il se vengera en vengeant son âme à Satan.
Shiro va créer une équipe de zombies, enfin plutôt de combattants qu’il va ressusciter et recruter pour assouvir sa vengeance. Kirimaru Iga (Hiroyuki Sanada) est un jeune sabreur amoureux, Musashi Miyamoto (Ken Ogata) surnommé l’invincible, le prêtre Inshun Hozoin (Hideo Murota), Otama (Akiko Kana) belle femme séduisante au regard vénéneux et le Seigneur Tajima (Tomisaburô Wakayama) forment l’escouade qui va faire trembler le pouvoir du shogun (Noboru Matsuhashi). Toute la première partie du film est consacrée au recrutement. On découvre les raisons de leurs décès. Kirimaru Iga est mortellement blessé lors de l’attaque de son village, Otama a été violée et tuée, Inshun s’est suicidé parce qu’en tant que prêtre il ne pouvait supporter sa frénésie sexuelle. Les interprètes sont maquillés (un peu trop et avec peu de réussite) pour avoir l’aspect de cadavres (peau blanche, yeux rougis, paupières fardées) et adoptent des poses hiératiques. A chacune des apparitions d’un fantôme, une fumée blanche couvre le sol, mais aucun vivant ne semble vraiment le remarquer.
Un seul homme va se trouver en mesure d’affronter la horde de Shiro : Jubei Yagyu (Sonny Chiba) qui se trouve être le propre fils du Seigneur Tajima. Ce dernier l’a initié à l’art du sabre mais, lorsque Jubei était encore enfant, il l’a blessé à l’œil avec un poignard. Jubei porte désormais un bandeau. Jubei comprend très vite deux choses. La première est qu’Otama est partie séduire le shogun. Cela offre quelques scènes érotiques où l’actrice se déshabille et montre sa poitrine et son dos nus. La deuxième est qu’il a affaire à des démons dont seule une épée puissante peut venir à bout. Cette épée doit être confectionnée par un vieil homme, Muramasa (Tetsurô Tanba) qui s’est retiré de la civilisation et habite avec la belle Otsuu (Ai Kanzaki) qui se trouve être la fille rejetée de Musashi. Ce dernier ne rêve que d’une chose : combattre un homme meilleur que lui. Ce sera Jubei.
Samourai reincarnation prend son temps pour développer son récit. Le rythme est très lent comme figé, comme si le scénario se construisait au hasard. Les personnages prennent beaucoup de temps à s’expliquer jusqu’à qu’un combat au sabre arrive. Les scènes de combat sont d’ailleurs extrêmement courtes et peu spectaculaires sur une musique étonnante proche du rock progressif. Celle entre Jubei et Musashi est filmée par exemple au bord de la plage, dure à peine deux minutes. La scène finale entre le Seigneur Tajima et Jubei sera un peu plus longue et se déroule dans le château du shogun en feu. C’est le destin qui se met en route, un destin où le père doit affronter le fils pour lui permettre de vivre. Il faut ajouter à cela une belle scène de foule avec des paysans en révolte contre le shogun qui vont se faire allégrement massacrer. Kinji Fukasaku parle dans ce moment-là des injustices sociales qui semblent bafouées à la fois par le pouvoir (le shogun) et par ceux qui les attise (Shiro et sa bande) pour leurs propres intérêts. Je n’irai pas jusqu’à dire que Samourai reincarnation est un film politique tout de même.
Samurai reincarnation (Japon, 1981) Un film de Kinji Fukasaku avec Sonny Chiba, Kenji Sawada, Akiko Kana, Ken Ogata, Hiroyuki Sanada, Tomisaburô Wakayama, Yûko Asuka, Ai Kanzaki, Naoko Kubo, Noboru Matsuhashi, Hideo Murota, Mikio Narita, Hideo Murota, Tetsurô Tanba, Asao Uchida, Seizô Fukumoto, Jun Hamamura, Hiroshi Inuzuka, Masataka Iwao, Tadashi Naruse, Kayoko Shiraishi, Mizuho Suzuki.
Sorties à Hong Kong (janvier 2012)
vendredi 20 janvier 2012
Sorties à Hong Kong (janvier 2012)
All's well ends well 2012 (八星報喜, Hong Kong, 2012)
Un film de Chan Hing-kai avec Donnie Yen, Sandra Ng, Raymond Wong Pak-ming, Yang Mi, Kelly Chan, Louis Koo, Chapman To, Joey Yung, Yan Ni, Hung Doi-lam, Karena Ng, Jeremy Liu, Lam Suet. 118 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie à Hong Kong : 20 janvier 2012.
Sorties à Hong Kong (janvier 2012)
I Love Hong Kong 2012 (2012我愛HK喜上加囍, Hong Kong, 2012)
Un film de Wilson Chin avec William So, Zhang Xin-yu, 6 Wing, Natalie Meng, Maggie Siu, Teresa Mo, Denise Ho, Bosco Wong, Lam Yan-tung, Samantha Ko, Eric Tsang, Osman Hung, Christine Kuo, Wu Yao-ming, Stanley Fung, Siu Yam-yam, Mak Cheung-ching, Yuen Siu-cheung, Hui Siu-hung, Jin Gang, Tats Lau, Mimi Chu, Michelle Lo, Eddie Pang, Otto Wong, Eric Tse. 100 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie à Hong Kong : 20 janvier 2012.
mardi 17 janvier 2012
Return to a better tomorrow
Malgré son titre, Return to a better tomorrow, n’est pas la suite ou le sequel d’un des Syndicat du crime. Il est cependant évident que Wong Jing choisit ce titre, y compris en chinois, pour bien indiquer que les personnages sont des membres des triades et qu’ils en sont les héros avec toutes les caractéristiques habituelles : loyauté, vengeance et violence. Alors bien entendu, tout ça est la sauce Wong Jing, ce qui n’est pas négatif en soi, mais correspond à l’idée que le cinéaste pique ici et là quelques manières de mise en scène et appuie toujours sur ces trois éléments cités ci-dessus. A force, on a parfois l’impression de voir une parodie de film de triades.
Le film décrit la rencontre à la vie à la mort entre deux hommes. Lobster (Lau Ching-wan) est un jeune gars plein de vitalité, qui se dit membre des triades bien que sa position soit tout en bas de l’échelle. Constamment vétu d’un bermuda et d’une chemise hawaiiennes (il rêve de partir s’installer à Honolulu), Lobster est mariée à une femme qui le trompe allégrement. Ensemble ils ont eu une petite fille (Fung Chung-yee) qui est malmenée par sa mère. Elle se fait fouetté (on voit les marques) et pour pouvoir baiser tranquille, la mère l’enferme dans une cage sur le toit de l’immeuble. L’émotion est facile, il suffit de montrer le visage de la gamine sur une musique aux envolées lyriques. On sent un peu trop bien le drame de la famille désunie. C’est très racoleur.
Lobster rencontre Tong Chun (Ekin Cheng) alors que ce dernier s’apprête à abattre l’un de ses rivaux. Rien ne se passe comme prévu. Le guet-apens se retourne contre Tong Chun puisque sa future victime s’avère bien plus fort qu’eux, mais Lobster, caché avec une barre de fer, parvient à abattre l’adversaire mais ressort blessé. Tong Chun a un caractère inverse : calme, posé, agissant après avoir murement réfléchi, il porte de beaux costumes mais sans ostentation. Il est marié à Chili (Chingmy Yau), belle femme qui tient un karaoké. Tout ne va pas bien dans leur couple mais les éléments vont les rapprocher. L’ennemi est justement un client fidèle du karaoké de Chili : Liu Kei (Ben Lam), un autre membre de triades.
Les événements vont s’enchainer. C’est bien simple, Kei veut le pouvoir et a décidé de se débarrasser de Tong Chun. Toutes les méthodes sont bonnes mais la meilleure est sans doute de le tuer. Mais Tong Chun choisit de s’exiler, de tout quitter sans donner de nouvelles. Un tueur à gages est mis à ses trousses. Holland Boy (Ngai Sing), appelé ainsi parce qu’il a les cheveux teints en blond, est un homme vicieux et brutal qui tuera tous ceux qui se mettent sur son chemin. Deux ans se passent, Lobster est devenu un homme honorable et Tong Chun cherche à se venger. Chili est devenue accro à l’héroïne. Le personnage de Michael Wong arrive comme un cheveu sur la soupe, il interprète un flic infiltré mais son jeu est si mauvais qu’il gpache chaque scène où il apparait. Les gunfights sont filmés à grand coups de ralentis mais ne portent jamais aucune tension. Le film se veut très noir mais à cause de tous les clichés mal agencés, Return to a better tomorrow finit par lasser.
Return to a better tomorrow (新英雄本色, Hong Kong, 1994) Un film de Wong Jing avec Lau Ching-wan, Ekin Cheng, Chingmy Yau, Ben Lam, Ngai Sing, James Wong, Michael Wong, Paul Chun, Parkman Wong, Lo Meng, Fung Chung-yee.
dimanche 15 janvier 2012
A Chinese torture chamber story
Comme tout le monde le sait, Wong Jing en plus de ses films qu’il réalise lui-même (et peu importe qu’il laisse ses assistants tourner à sa place comme cela se dit) a produit beaucoup de film (environ 130). Dans ces années bénies, il produit donc A Chinese torture chamber story, film érotique classé Catégorie III donc l’action se situe dans l’ère Ching. L’ouverture montre quelques scènes réjouissantes de torture : l’émasculation d’un homme, du plomb liquide versé dans le crâne d’un autre, une lame qui tranche en deux un troisième, entre autres joyeusetés. Tout cela pour expliquer de manière solennelle qu’on ne badinait pas avec la justice à cette époque. Et aussi un peu parce qu’on est dans un Catégorie III et que Bosco Lam et Wong Jing peuvent se lâcher.
C’est justement dans un tribunal que se trouve Petit Chou (Yvonne Yung) accusée d’avoir tué son époux Got Siu-tai (Wong Kwong-leung) qui a la particularité d’être pourvu d’un très long pénis. Or son sexe a explosé, recouvrant la pièce et le visage de Petit Chou de sang. Le juge Lau Shek-tung (Lo Hung), un homme d’allure sévère, portant une barbe digne de sa fonction, exhibe comme preuve une ordonnance prescrivant un aphrodisiaque à Got, malgré son handicap sexuel. Le juge accuse également le médecin Yang Ni-mu (Lawrence Ng) d’être complice de ce meurtre. La raison en serait simple : Yang est l’amant de petit Chou. Les deux nient toute liaison amoureuse. Pour les faire avouer, Lau Shek-tung, avec un regard lubrique, décide de les soumettre à la torture. Petit Chou qui reçoit vingt coups de badine. Elle ne confesse rien. Puis, ses doigts sont écartelés.
Que s’est-il passé dans la modeste demeure de Got et Petit Chou ? A grands coups de flash-back, tout cela est raconté. Yang Ni-mu engage Petit Chou parce qu’elle a des petits pieds et qu’il fantasme sur les femmes à petits pieds. Mais il est marié à Jane (Ching Mai) qui accepte mal les regards langoureux que son époux pose sur la nouvelle servante. Petit Chou s’est fait immédiatement une ennemie. La sœur de Yang (Oh Yin-hei) dont les tendances lesbiennes sont signalées tout de suite (elle se déshabille devant Petit Chou et l’asticote) va en revanche devenir sa plus fidèle alliée. Quant à la servante de la sœur (Kingdom Yuen), elle soufre de ne pas avoir de poitrine. Elle sera le personnage comique du film, celui qui permet de sourire entre une scène érotique et une scène de torture. Bref, on l’aura compris tous les rapports entre les personnages sont régis par leur sexualité, sexualité qu’ils répriment, cachent et jouissent en cachette.
A Chinese torture chamber story alterne les flashbacks et le récit au présent. Dans le tribunal, le juge devient de plus en plus sévère et vicieux. Il falsifie les preuves car il connait le nom de l’assassin de Got Siu-tai : c’est tout simplement son fils qui a une liaison avec la femme du médecin. Mais le but du jeu ici est de montrer la mauvaise foi du juge, sa manière sadique de mentir pour pouvoir torturer les deux amants. Rien ne leur sera épargné dans l’humiliation. Dans la narration de l’aventure entre Petit Chou et Yang Ni-mu, on découvre les plaisirs charnels divers et variés. En tant que médecin, il invente des instruments pour donner plus de plaisir. C’est certes un peu ridicule mais les actrices se trémoussent en couinant dans tous les sens.
Avec son sens de la démesure, Wong Jing n’hésite pas à aller dans le grotesque avec l’apparition d’Elvis Tsui et Lee Wa-yuet, qui, sur la musique des Wong Fei-hung, font l’amour frénétiquement en défiant les lois de la gravitation. Ils volent de branches en branches, se déloquent en un clin d’œil et baisent. Ou encore la scène où Got Siu-tai se fait branler par Petit Chou et qu’il éjacule des flots de sperme. Mais ce que l’on retient au final est que ce sont les hommes qui décident du désir des femmes. Le film n’est bien sûr en aucun cas un plaidoyer sérieux sur l’injustice et encore moins un chant sur l’amour libre. C’est un film qui tente de flatter la libido du spectateur (je pense que les spectatrices sont un peu exclues) mais avec moins de réussite et moins de beauté que Sex & Zen, qui reste le meilleur film dans le genre.
A Chinese torture chamber story (滿清十大酷刑, Hong Kong, 1994) Un film de Bosco Lam avec Yvonne Yung, Lawrence Ng, Wong Kwong-leung, Ching Mai, Oh Yin-hei, Kenny Wong, Elvis Tsui, Kingdom Yuen, Lee Wa-yuet, Lo Hung, Lee Siu-kei, Liu Fan, Dave Lam.
vendredi 13 janvier 2012
Boys are easy
Les trois filles de la famille Ching sont encore célibataires. Leur père (Richard Ng) avec la complicité du fils Siu-pei (Jimmy Lin) et de l’oncle Sai (Wu Fung) a trouvé un plan machiavélique pour les contraindre à se marier. Il les réunit le soir de son anniversaire pour leur annoncer une bien mauvaise nouvelle : il a un cancer, il ne lui reste plus que deux mois à vivre et aimerait qu’elles trouvent un bon mari et qu’elle se casent. Il faut dire que les demoiselles habitent encore chez leur papa. Par contre, le fils, lui semble trop jeune pour rentrer dans ce jeu du mariage. Voilà donc la chasse à l’homme de Boys are easy, pendant féminin de Perfect girls ou Doubles cause troubles. La machine Wong Jing est lancée.
Comme il se doit, pour la mécanique comique fonctionne, les trois filles Ching sont de caractère très opposés. Ching Siu-tung (Brigitte Lin), qui porte le même nom que le réalisateur chorégraphe, est policière. Elle porte une cravate, s’attache les cheveux longs et se comporte comme un mec. Le film s’ouvre sur son personnage quand elle chasse un truand (Ken Lo) qui décidera plus tard de mettre sa tête à prix pour assouvir sa vengeance. Elle tombe par hasard sur Simon Tse (Tony Leung Ka-fai), un gigolo qu’elle engage pour la faire passer pour son fiancé. Tony Leung Ka-fai et Brigitte Lin forment le duo vedette de Boys are easy car leur personnalité est opposée.
Les deux interprètes assument le show bien plus que les autres personnages. Simon Tse est considéré par Siu-tung comme une prostituée, renversant les rôles habituellement. Il parodie, dans une scène hilarante, Mark dans Le Syndicat du crime, arrivant dans le salon de « karaoké » avec un flingue dans chaque main sur la musique du film. Siu-tung prend peur et lui tire dessus. Ses cheveux sont tout ébouriffés, son visage noir de fumée et son air abasourdi. Mais, comme dans un dessin animé, il se baisse, sortant du plan, et remonte bien coiffé et tout nettoyé. On voit également Tony Leung Ka-fai faire un strip-tease dans une boîte. Plus tard, il prendra par erreur de la drogue et elle boira beaucoup d’alcool. A partir de ce moment, ils peuvent coucher ensemble et enfin rétablir l’ordre naturel des choses tel que le vante dans ses films Wong Jing. La seule question, à laquelle on connait la réponse, est de savoir s’ils vont s’aimer sincèrement.
Les deux autres sœurs sont dans le même cas. Elles ont rencontré deux hommes opposés à elles. Ching Siu-nam (Maggie Cheung) est assistante sociale et va tenter de remettre sur le droit chemin Wu Ying (Jacky Cheung), qui se passer pour un membre des triades dans son quartier. Elle va essayer de se rebeller en s’habillant en rockeuse et se faire appeler VietNam Rose. Lui va tenter de devenir un gentil garçon, d’arrêter de gueuler contre tour le monde et de s’habiller bien. Mais ils se rendent compte que, non seulement leur amour est sincère, mais qu’en plus ils se préfèrent avec leur vrai caractère. Enfin, Ching Siu-sze (Chingmy Yau) est infirmière. Pour une raison de quiproquo, elle se fait passer pour une prostituée et drague Chi Ko (Ekin Cheng) qui se fait passer pour un puceau. Boys are easy vaut ce que ce valent ses acteurs. Les deux premiers duos-couples sont les plus amusants. Le film se termine comme on l’imagine, les couples se disputent et se reconstituent grâce à la méchanceté du personnage de Sandra Ng, venue faire une apparition très lourde mais très drôle. Elle vient voler la fortune du père et tout le monde se liguera contre elle. A la fin, la norme l’aura emporté, comme on s’y attendait.
Boys are easy (追男仔, Hong Kong, 1993) Un film de Wong Jing avec Brigitte Lin, Maggie Cheung, Chingmy Yau, Tony Leung Ka-fai, Jacky Cheung, Ekin Cheng, Richard Ng, Jimmy Lin, Sandra Ng, Wu Fung, Shing Fui-on, Helena Law, Ken Lo.
jeudi 12 janvier 2012
Sorties à Hong Kong (janvier 2012)
mercredi 11 janvier 2012
Les Guerriers de l'Apocalypse
Toutes les montres se sont arrêtées à 5h18 ce matin-là. Les soldats de l’armée japonaise allaient faire quelques manœuvres et ils constatent tous, durant le trajet, que l’heure n’avance plus. L’un d’eux remarque que Vénus a changé de place. A là tête de la brigade de vingt hommes, le Lieutenant Iba (Sonny Chiba), barbu comme il se doit, qui demande à tous si les montres fonctionnent. Le temps s’est figé et c’est alors que d’étranges phénomènes se produisent. De gros nuages violacés apparaissent, le soleil lui-même change de couleur, un cheval sur le bord de la mer semble touché par un étrange arc-en-ciel. On se croirait un peu dans le trip final de 2001 l’odyssée de l’espace. Les mouettes s’envolent en criant, des chevaux courent sans raison. Puis, la mer se démonte, de grosses vagues menacent un croiseur venu également pour les manœuvres. Et puis soudain, une grande lumière blanche aveuglante et le noir complet, plus une seule lumière jusqu’à ce qu’elle revienne et que les montres se remettent à marcher.
Au petit matin, la troupe ne comprend pas encore ce qu’il leur ait arrivé. La plage sur laquelle il se trouve n’a pas changé, mais l’environnement est totalement différent. L’usine électrique que l’on avait aperçue en début de film n’est plus là. Passé un moment d’hébétude, les soldats commencent à se poser des questions. L’un d’eux, qui a toujours une envie pressante de pisser, s’éloigne un peu et aperçoit des hommes sur la colline. Ils sont vêtus à la samouraï. Car en fait, ce sont des samouraïs. Et ces soldats d’un autre âge commencent à envoyer des flèches aux soldats de 1979. Ces derniers répliquent avec leur char d’assaut en tirant sur les arbres autour des samouraïs qui s’enfuient. Iba et ses hommes sont passés au milieu du 15ème siècle. Ils en font le constat avec un certain effroi mais ils doivent bien faire avec. Iba va demander aux marins du bateau de venir sur terre et aux pilotes de l’hélicoptère de se poser. Les armes et les moteurs marchent, et c’est tant mieux parce qu’ils vont devoir s’en servir.
Un chef de clan, Kategora (Isao Natsuyagi) arrive sur les lieux sur son cheval, dans son beau costume surmonté d’un demi-arc de ciel doré. Il présente tous les hommes de son château. Iba comprend qu’il se trouve en pleine guerre féodale. Kategora va voir les hommes du futur et s’interroge sur ces étranges machines. Il monte sur le char et tire à la mitraillette. Kategora est montré comme un gamin qui découvre un joujou. Il apprend de nouveaux mots (prononcer hélicoptère), s’amuse beaucoup sur les engins et ne semble pas vraiment étonné de voir tout ce monde. Il a autre chose en tête, engager Iba pour vaincre son ennemi mortel, le seigneur Kutoda, et mieux encore, prendre la place du shogun. Après tout, Iba est aussi un combattant, une machine de guerre. On voit alors les deux hommes sympathiser, sur une musique mi rock mi disco (la musique jurera constamment avec l’ambiance du film), aller faire des promenades ensemble, prendre des bains et discuter de la vie, la mort et la guerre sur un rocher au bord de plage. Il est nécessaire de dire que cette partie, où leur amitié nait, est l’une des parties les plus kitsch des Guerriers de l’apocalypse. La guerre est lancée, sauvage et violente d’autant que le film n’hésite pas sur le nombre de figurants à l’écran. La dernière demi-heure est entièrement dédiée à la bataille entre les soldats contemporains et ceux du shogun. Avec leurs simples flèches, mais en nombre largement supérieur, ils attaquent le char et l’hélico.
Avant cette bataille brillante et flamboyante, morceau de bravoure des Guerriers de l’apocalypse, le film montre les comportements des soldats d’Iba. On découvre le jeune soldat romantique qui voulait déserter pour rejoindre sa copine qui l’attend sur le quai de la gare. Le film jouera sur la temporalité (histoire de dire que rien n’a changé en cinq siècles), en montrant une reconstitution de bataille de la guerre féodale devant laquelle la jeune femme passe. L’une des inquiétudes d’un soldat est le choc temporal, l’angoisse de modifier l’Histoire. Un autre rencontre une jeune femme sauvage qui ne dira pas un mot pendant tout le film. Ils se suivront, se chercheront, s’aimeront sans doute. Un autre soldat choisit d’aider une jeune mère de famille dans ses tâches quotidiennes, il abandonne la brigade pour rester avec elle. Et enfin, il y a Yano (Tsunehiko Watase), l’ennemi de l’intérieur, l’adversaire personnel d’Iba. Ils se connaissent depuis des années (il est évoqué un coup d’état où l’un a arrêté l’autre) et ne s’apprécient pas. Leur affrontement précède la grande bataille et il est tout aussi brutal. Yano se rebelle, part avec quelques soldats piller les villages et violer des femmes, mais il va devoir affronter Iba. Et parce qu’Iba est joué par Sonny Chiba, l’acteur de films d’action viril qu’il est, va aller le choper à la mitraillette accroché au bout d’une corde suspendu à l’hélicoptère. C’est à ça qu’on reconnait un héros de film de guerre.
Les Guerriers de l'Apocalypse (戦国自衛隊, Japon, 1979) Un film de Kōsei Saitō avec Sonny Chiba, Toshitaka Ito, Jun Eto, Koji Naka, Mancho Tsuji, Raita Ryu, Shinichiro Mikami, Tadashi Kato, Tsunehiko Watase, Hiroshi Kamayatsu, Isao Natsuyagi, Haruki Kadokawa, Hitoshi Omae, Kentaro Kudo, Katsumasa Uchida, Shin Kishida, Hiroshi Tanaka, Hiroyuki Sanada, Mikio Narita, Mizuho Suzuki.
Encyclopédie 2012
2012
Un film de Gorō Miyazaki avec les voix de Masami Nagasawa, Junichi Okada, Keiko Takeshita, Yuriko Ishida, Rumi Hiiragi, Jun Fubuki, Takashi Naitô, Shunsuke Kazama, Nao Ohmori, Teruyuki Kagawa.
Sortie en France : 1er février 2012.
Fengming, Chronique d'une femme chinoise (Fengming, a Chinese memoir, 和凤鸣, Chine – Hong Kong – France, 2007)