Il y a Mister City Hunter incarné par Jackie Chan dans Niki Larson de Wong Jing, voici Madam City Hunter interprétée par Cynthia Khan (le « vol » de titre est très courant). Elle est Shin, une policière non seulement bien jolie mais également courageuse qui n’hésite pas à sauter du toit d’un immeuble pour aller dézinguer quelques malfrats à la mitraillette. Elle est aussi experte en arts martiaux balançant des tatanes à d’autres méchants. Elle est impulsive, elle dit ce qu’elle pense, mais (et là, c’est le drame) Shin est célibataire et vit avec son papa (Wu Fung). Elle s’inquiète pour lui (il est veuf) autant qu’il s’inquiète pour elle (elle ne connait pas le danger).
Le père fréquente à nouveau, une jeune. Siu-Hung (Kara Hui) n’est pas dans les petits papiers de Shin. Bien au contraire, elle soupçonne cette future belle-mère de vouloir accaparer la richesse familiale. Elle a désormais tout le temps pour surveiller son père et sa compagne. En effet, Shin est soupçonnée d’avoir abattu froidement cinq jeunes drogués. C’est bien entendu un complot. En tant que bon flic, elle venait prendre des nouvelles d’une adolescente qui vit dans un squat. On l’a assommée et le méchant du film, Thumb (Yau Gin-gwok), chef très recherché du gang des Cinq Doigts, lui a tendu un piège. Elle est suspendue mais va mener son enquête avec l’accord de son chef, l’inspecteur Kwong (Tommy Wong), qui est secrètement amoureux d’elle. Enfin, secrètement, il faut le dire vite. Il lui offre chaque jour des fleurs, la dévisage avec un air béat et tente maladroitement de lui annoncer son amour.
Cette enquête, elle va la poursuivre avec Charlie Chan (Anthony Wong), affublé de lunettes et aux cheveux mi-longs bouclés. C’est peu de dire qu’Anthony Wong est l’attraction majeure du film dans un personnage au comique irrésistible. Il promène sa grosse carcasse et offre un burlesque corporel à côté duquel les autres acteurs font pâle figure. Charlie Chan est un détective privé, fort perspicace, puisqu’il parvient sans peine à comprendre que Siu-hung est liée à Thumb, que c’est une dévoreuse de maris fortunés (oui, le film est très misogyne). Chan est accompagné dans son travail par Blackie (Sheila Chan), une folle furieuse qui se met sans cesse en colère et menace de frapper du poing à peu près tout le monde. Elle met souvent cette menace à exécution mais son corps frêle face aux malfrats ne fait pas le poids. Là aussi réside le comique du film.
Madam City Hunter est une comédie d’action où l’action n’est dévolue de manière sérieuse qu’au personnage de Cynthia Khan sur une chorégraphie des combats de Yuen Woo-ping. Elle frappe fort et de manière précise, les mouvements de son corps occupent l’espace. Il est cependant étonnant de voir que la plupart des combats ont lieu dans des immeubles ravagés. De leur côté, Anthony Wong comme Sheila Chan se battent pour rire, en faisant de grands gestes et de beaucoup de grimaces. Le film est parodique mais dans une moindre mesure que Niki Larson. Il souffre évidemment d’un budget inférieur (d’où les décors pauvres et non pas un paquebot de luxe). Sinon, il faut signaler que Kara Hui est hilarante à la fois quand elle fait son strip-tease et quand elle ne comprend pas le langage de Sheila Chan lorsque cette dernière se fait passer pour une bonne philippine.
Madam City Hunter (城市女獵人, Hong Kong, 1992) Un film de Johnnie Kong avec Cynthia Khan, Anthony Wong, Tommy Wong, Sheila Chan, Kara Hui, Wu Fung, Yau Gin-gwok, Hau Woon-ling.
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