vendredi 14 septembre 2012

Chez n'Ham


Certaines comédies cantonaises sont sages, faussement délurées et idéales pour toute la famille. Chez n’ Ham de Blackie Ko, c’est tout le contraire. Rarement je n’ai vu une telle addition de personnages dégénérés et plutôt fiers de l’être, inconscients de leur propre perversité et se vautrant dans leur médiocrité. Deux amis d’enfance, qui se considèrent comme des frères, ont monté une entreprise d’un genre nouveau. Chez (Dicky Cheung) et Ham (Eric Tsang) proposent comme service de se venger des gens qui ont pu faire du mal. Une claque, une insulte, une baston : ils sont prêts à rendre la monnaie de leur pièce à votre ennemi contre un peu de pognon.

Deux exemples sont donnés en ouverture de film. Le premier consiste à frapper Pa Lam (Shing Fui-on) sur la joue et sur la bite. Problème : c’est un membre des triades plutôt costaud et soupe au lait. Il est surtout montré comme un abruti qui se fait faire un shampooing en pleine rue. Une fois ses cheveux rincés, il les secoue comme les mannequins dans une pub. Chez et Ham feintent pour le toucher, leur commanditaire est éloigné d’eux et ne s’aperçoit pas que ce sont des fausses claques. Deuxième mission : un homo veut tester la fidélité de son mec. Les deux gays sont Jamie Luk et Nat Chan qui se prénomme dans le film Janet. Aucun des deux amis ne veut aller le draguer mais faut bien aller au charbon. Ils vont s’habiller grossièrement, bouclettes de cheveux, boucles d’oreille et fringues violettes. Je vous passe la description de la boîte gay et les réflexions qui assimilent l’homosexualité à une maladie contagieuse.

Au bout d’une vingtaine de minutes, la mission qui va occuper le reste du scénario arrive, et avec elle un délire ininterrompu et épuisant. Un vieillard moribond (Lau Siu-ming) leur à Chez et Ham de tuer Joey Chan (Joey Wong), la fille de son ennemi personnel. Joey, riche héritière, va faire des bonnes œuvres à une école publique. Elle sort avec Michael Wong qui n’apparaitra qu’en maillot de bain ou avec un sac en papier sur la tête (je n’ai pas compris pourquoi). Chez décide de ses faire passer pour un élève de douze ans. Il faut donc le voir affublé d’un uniforme de collégien qui menace avec un flingue de tuer Joey. C’est dans ce contraste constant que l’humour balourd mais jouissif peut s’épanouir. Par un concours de circonstance, Joey invite Chez chez elle et lui offre de séjourner dans une chambre d’enfant rempli de jouets, peluches et posters de Dragon Ball sur les murs. Lui, continue de sa faire passer pour un gamin mais doit cacher ses clopes dans un nounours et ne pas montrer qu’il aime boire de la bière.

Dans l’immense demeure de Joey, où tout est kitsch comme chez tous les riches, elle ne vit pas seule. Elle a un garde du corps, Bobby (Ng Man-tat) habillé en treillis avec un collier de grenades et une femme de chambre, Fanny (Cheung Man) bigleuse et timide. Il s’avère que Fanny est sa fille. Fanny va donner un bain à Chez qui ne pense qu’à cacher son sexe d’adulte. Or, ce sexe, c’est justement ce qui intéresse Bobby qui a une passion toute particulière pour les ados. Oui, vous avez bien lu, Ng Mant-tat joue un pédophile heureux de l’être. L’humour se déploie étrangement avec, par exemple, toute une scène où Bobby répète tout ce que dit Chez, comme le font les gamins. L’humour est au-delà du régressif et franchement, à chaque scène encore plus tarée, j’imaginais Stephen Chow dans le rôle qu’incarne Dicky Cheung.

Pendant ce temps, Ham est à l’hôpital parce qu’il a reçu une balle dans le pied. Il passe son temps à draguer les infirmières toutes plus ingénues et bien foutues les unes que les autres. Il se fait draguer par la chef des infirmières (Kingdom Yuen), pourvue d’un énorme grain de beauté au dessus de la lèvre. Puis, dans la dernière demi-heure du film, Ham se rend chez Joey déguisée en petite fille (là aussi faut le voir pour le croire) et, bien entendu, excite la libido de Bobby. Il faut ajouter à cela un tueur à gages incarné par Blackie Ko lui-même et une parodie finale de gunfight à la John Woo entre lui, Dicky Cheung et Eric Tsang. Les flingues ne sont pas seulement pointés vers l’adversaire mais mis dans la bouche. Encore un bonne et grosse référence sexuelle. Et sinon, il arrive que des gags de Chez n’ Ham soient hilarants. Dégénérés mais hilarants.

Chez N’Ham (芝士火腿, 1993) Un film de Blackie Ko avec Dicky Cheung, Joey Wong, Eric Tsang, Ng Man-tat, Cheung Man, Blackie Ko, Nat Chan, Wu Ma, Shing Fui-on, Jamie Luk, Kingdom Yuen, Manfred Wong, Michael Wong, Lau Siu-ming.

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