mercredi 26 septembre 2012

Sauna on Moon


Sélectionné au Festival de Cannes lors de la Semaine de la critique 2011, Sauna on Moon a sans doute souffert de la comparaison avec L’Appolonide de Bertrand Bonello, ce qui lui vaut cette sortie si tardive, 18 mois après sa présentation. Le film plonge le spectateur dans un bordel dans une de ses nouvelles villes chinoises (ici on est au sud, près de Macao) où le libéralisme à tout crin crée des tensions sociales. Wu (Wu Yuchi), patron grassouillet d’un sauna qui a du mal à faire des bénéfices, décide un jour de légèrement modifier ses activités. Son sauna continuera d’amener ses clients sur la lune, mais moins avec la vapeur qu’avec ses hôtesses, sobrement appelées des escort.

Il a une dizaine de filles dans son établissement. La clientèle est plutôt calme, des pères de famille tranquilles, de vieux messieurs sans histoire, qui viennent ici pour passer un bon moment avec des jeunes femmes. On leur donne des leçons de sexualité, on leur dit qu’il faut tout faire pour que l’homme prenne du plaisir, y compris simuler l’orgasme (on essaie sous les rires des collègues). On fait des défilés de mode plutôt dénudés. On accueille un octogénaire qui vient sans doute finir sa vie dans les bras d’une femme. Wu va acheter des gadgets, les filles essayent sur lui un bâillon SM sous les rires. On y fête les anniversaires dans la joie. Wu est pote avec les policiers qui le laissent faire son commerce. Mieux, il leur fait faire du sport sur la plage qui borde la maison close. Ce bordel respire la bonne humeur.

En tout cas parfois. L’une des filles veut rentrer chez elle. Elle se fait taper par son mac (car Wu n’est pas proxénète, il ne fait que louer ses chambres) qui veut qu’elle turbine. Lei (Lei Ting), le collègue de Wu, au physique totalement opposé (Lei est grand, beau gosse, charmeur), est un peu l’homme à tout faire. Papa d’un bambin espiègle qu’il a avec Li (Yang Xiaomin), qui « dirige » les filles. Ainsi quand Monsieur Lin (Zhou Yede), un homme d’affaires d’un certain âge, cherche une vierge. Il lui faut absolument une pucelle. Le plus dur est d’en trouver une. Lei part dans l’arrière pays et tombe sur une jeune ouvrière d’usine, ce qui permet au film de montrer les dures conditions de travail dans les usines géantes où le contremaître lui aboie dessus. Xiao Hou (Xia Houqiyu) ne sait pas ce qui l’attend.

D’une certaine manière, Sauna on Moon commence avec cette recherche de vierge au bout de vingt minutes. Plus précisément, c’est un récit structuré qui s’engage quand Lei démarre sa quête. Jusqu’à lors le film se présentait comme un tableau impressionniste où les personnages apparaissaient par petites touches, passant de l’un à l’autre. Le cinéaste montre la plupart du temps des moments de creux, l’avant ou l’après de l’acte sexuel, en excluant toujours les scènes de cul. Caméra portée à l’épaule, le film jouait jusque là la table du documentaire, c’est Hou qui amène le champ de la fiction. Lei ne sait pas où elle est passée après être allée chez M. Lin. Ce dernier va tout faire pour le faire arrêter par la police. C’est somme toute un scénario convenu. Finalement, on ressort du film avec l’impression d’une certaine mollesse pas désagréable mais pas non plus indispensable.

Sauna on Moon (嫦娥, Chine, 2011) Un film de Zou Peng avec Wu Yuchi, Lei Ting, Yang Xiaomin, Zhan Yi, Meng Yan, Pan Chunhui, Xia Houqiyu, Jia Jianyong, Yang Junjie, Zhu Yede, Xiao An.

Aucun commentaire: