dimanche 30 septembre 2012

Le Vengeur errant


On savait que le cinéma d’Akira Kurosawa avait inspiré le western de Sergio Leone (Pour une poignée de dollars) à John Sturges (Les Sept mercenaires), mais un peu moins que la Toei avait produit Le Vengeur errant, avec une volonté évidente d’en faire un western authentique (si cela voulait encore dire quelque chose en 1968). Tourné entièrement dans le bush australien qui évoque la plaine du Far West avec des acteurs locaux, le film s’ouvre avec le jeune Ken (Ken Takakura) un fermier qui entend au loin une diligence qui file à vive allure. En moins de temps qu’il n’en faut, Ken chevauche son cheval et va arrêter le véhicule. Dedans, il découvre que tous les passagers et le cocher ont été assassinés.

Il rentre chez lui, raconte cela à son père (Takashi Simura, dans une courte apparition) et à sa mère quand sept desperados pénètrent chez eux. L’un d’eux est blessé. Le père n’est pas très rassuré et sort son sabre, car en effet, il est un ancien samouraï, le premier japonais à s’être établi en Amérique. Les mercenaires tirent abondement dans le tas et tuent la famille avant de s’enfuir comme des lâches qu’ils sont. Mais Ken a survécu et décide de partir assouvir sa vengeance. Il met sa belle chemise à carreaux, son blue jeans, ses bottes en cuir, son chapeau et son révolver en ceinture et part à la recherche des desperados.

Sa quête est donc celle d’une vengeance. Il a passé des mois et des mois à apprendre à manier son arme.  Il va rencontrer Marvin (Ken Godlet), un patron de ranch qui va le prendre sous son aile. Marvin va lui enseigner les rudiments de l’ouest, lui donner de bons conseils et tempérer sa trop grande ardeur qui risque de se retourner contre lui. Et petit à petit, il va retrouver les hommes qui ont tué ses parents. A chaque desperado retrouvé, son visage en image arrêtée issue de la tuerie initiale apparait à l’écran. Puis, un jour, il se rend compte que l’un des assassins est le propre fils de Marvin. Ce dernier qui a chaperonné Ken comme son fils, est désormais devant un dilemme quand les trois hommes s’affrontent. Finalement, Marvin tuera son fils mais se sépare de Ken qui part finir sa vengeance.

La prochaine étape est Franco (Clive Saxon), propriétaire d’un ranch de vaches. Ken devient un cow-boy. Jusque là uniquement masculin, Le Vengeur errant voit apparaitre le premier personnage féminin au bout de trois quarts d’heure. D’une certaine manière, le film redémarre avec Rosa (Judith Roberts), l’épouse de Franco qui va se prendre de sympathie pour Ken. Tout comme Mike (Kevin Cooney), son jeune garçon passionné des armes à feu. Mais la mission doit s’accomplir et si Rosa comprend le geste de Ken, Mike rejette son nouvel ami quand il tue son père. Il ne reste plus que le chef de bande à éliminer, le redoutable Carson (John Sherwood), homme de peu de foi qui est persuadé que l’argent achète tout, y compris les gens honnêtes. Il faudra aussi à Ken retrouver la confiance de Mike.

Le film joue sur le code d’honneur du samouraï qui mène sa mission sans dévier. Il semble évident que Rosa tombe amoureuse de lui, mais Ken se refuse à toute romance. Le Vengeur errant se veut un western au premier degré et en reprend tous les archétypes. Vêtements, chevaux, bétail, saloon, ranch et bien entendu les affrontements au révolver. Il ne manque que les Indiens. Les personnages, et Ken en tête, tirent à tout va. Des centaines de balles sont tirés et les morts violentes se comptent par dizaine. Les desperados n’hésitent jamais à tuer quiconque se met en travers de leur chemin. Le format cinémascope enregistre les paysages avec grandeur, avec un ou deux chromos où Ken monte sur son cheval sur un soleil couchant. Enfin, la musique aux mélopées japonisantes est jouée avec des instruments typiques du western, banjo, cuivre, caisse claire. L’influence d’Ennio Morricone est largement perceptible avec l’utilisation d’une guitare électrique dans les moments de tension. Le caractère hybride du film ne cesse pas d’étonner.

Le Vengeur errant (The Drifting avenger, 荒野の渡世人, Japon,  1968) Un film de Junya Sato avec Ken Takakura, Ken Goodlet, Judith Roberts, Kevin Cooney, Ronald Norman Lea, Clive Saxon, John Sherwood, Reginald Collins, Ray Lamont.

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