Ce
sont deux sœurs serpents, nées sous le signe du démon. Serpent blanc (Eva Hung)
jette son dévolu sur Xu Xian, un jeune cueilleur d’herbes (Raymond Lam) qui
traverse leur territoire. Cet homme tombe à l’eau et elle va le secourir de la
noyade et l’embrasse sous l’eau. Elle échange de cette manière un peu de son
essence vitale, liant leur destin à jamais. Sa sœur, Serpent vert (Charlene
Choi) lui avait fait peur en prenant la forme totale d’un serpent géant. Sinon,
la plupart du temps, on les découvre mutante avec la queue qui se balance de
branches en branches, rampant pour se déplacer, avec le buste dénudé en
écailles, mais qui n’en montre pas trop. Vilain et franchement ridicule. Les deux sœurs sont de caractère
opposé, Serpent vert étant taquin, espiègle et ne faisant pas confiance aux
humains. Serpent blanc est une indécrottable romantique.
On
le sait, les histoires d’amour entre humain et démon sont vouées à l’échec.
D’autant plus qu’un abbé taoïste rode dans le coin. Le Sorcier et le serpent blanc démarrait sur le personnage de l’abbé
Fahai (Jet Li) et de son fidèle assistant Nengren, un jeune moine (Wen Zhang)
encore inexpérimenté qui chassait une femme démon des neiges. Dès l’ouverture,
le ton est donné : beaucoup d’effets spéciaux grandiloquents.
Intransigeant, l’abbé cherche à éliminer les deux serpents qui rodent en ville
pour la fête des lanternes. Xu Xian ne reconnait pas Serpent blanc. Avec la
complicité de Serpent vert, elle va réitérer la scène initiale pour qu’il tombe
amoureux d’elle. Et le stratagème fonctionne. Xu Xian et Serpent blanc s’aiment
désormais d’amour et d’herbes fraiches, puisqu’en tant que cueilleur, il est
très pauvre.
Seulement
voilà, lors de cette fête, un vampire se pavanait en gondole et le moinillon en
voulant le chasser a été contaminé. Serpent vert était parvenu à retenir
Nengren, dans l’une des rares scènes comiques réussies du film, où elle testait
sa maladresse en cherchant à la séduire. Le film, une fois Nengren transformé
en démon (oreilles en pointes, dents de vampires et griffes à la place des
doigts) va tout simplement évacuer ce personnage et celui de Serpent vert pour
ne se concentrer que sur Xu Xian et Serpent blanc. Les deux récits sont trop
semblables pour apporter des contradictions scénaristiques, à moins que ce ne
soit que de la paresse. Or ce vampire a contaminé beaucoup d’innocents que Xu
Xian s’évertue à soigner. Ainsi, l’abbé Fahai retrouve la piste des deux
amoureux et les pourchasse.
Xu
Xian ignore tout de la nature de Serpent blanc, jusqu’à ce que Fahai l’oblige à
montrer sa forme d’origine. Blessée, elle doit être soignée et une souris (oui,
il ya des animaux qui parlent parce que ça doit être mignon et que les enfants
doivent sans doute adorer ça, il y a aussi un lapin et une tortue qui causent)
conseille à Xu Xian d’aller chercher une herbe magique dans la pagode où l’abbé
avait fait prisonnier la plupart des démons qu’il a pu chasser. Evidemment, la
plupart des démons sont libérés et l’apocalypse pointe le bout de son nez.
C’est le début d’une longue bataille entre Serpent blanc et l’abbé. Et franchement, on avait connu Ching Siu-tung en meilleur forme, mais depuis dix ans, depuis l'épouvantable Hero de Zhang Yimou (dont il signait les chorégraphies) et l'atroce Naked weapon, Ching Siu-tung n'est plus que l'ombre de lui-même. Pour
tout dire, Le Sorcier et le serpent
blanc est très éloigné de Green snake
de Tsui Hark, pourtant pas un chef d’œuvre mais qui avait un charme indéniable.
Le film est avant tout une romance entre deux personnages que tout oppose.
Jamais ils n’auraient du s’aimer. Le lyrisme se transforme en mièvrerie :
les deux scènes de baiser sous l’eau sont jolies mais vite leur amour passe en
mode soap opera avec regard langoureux tellement appuyé qu’on dirait des veaux.
Quant aus effets spéciaux qui occupent bien 80% des plans, ils jouent dans la
surenchère. Fahai est attaqué par une femme démon qui a l’apparence d’un renard
blanc : dix renards attaqueront, puis dix femmes sexy qui sortiront d’un
bambou (là aussi un certain public avide de jolies filles est
visé). Les deux sœurs se battent à l’épée contre l’abbé, une nuée de sabres
seront lancés à son encontre. Plus tard, c’est un ras de marée qui envahit la
pagode, et finalement, tout explosera. Aucun charme ne se dégage de ces scènes en numérique. C’était déjà ce qui plombait Legend
of Zu, Wu
Ji et dans une moindre mesure Green
snake. Tant que les producteurs penseront que les décors numériques
remplacent les émotions des acteurs, ces films seront irregardables et sans
saveur.
Le
Sorcier et le serpent blanc (The Sorcerer and the White Snake, 白蛇傳說, Chine – Hong Kong, 2011) Un film de Ching
Siu-tung avec Jet Li, Eva Huang, Raymond Lam, Charlene Choi, Vivian Hsu, Law
Kar-ying, Kwok Sin-nae, Wen Zhang, Song Wenjia et les voix de Jiang Wu, Miriam
Yeung, Chapman To, Lam Suet.
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