dimanche 14 octobre 2012

Baby Cart : L’âme d’un père, le cœur d’un fils


Le changement de réalisateur entre Baby Cart : Dans la terre de l’ombre et Baby Cart : L’âme d’un père, le cœur d’un fils ne modifie guère les hautes ambitions artistiques de la série. Buichi Sato, comme Kenji Misumi, est au service du personnage du loup solitaire à l’enfant. Comme dans les trois premiers épisodes, le récit se divise en deux pistes : une mission pour laquelle il touchera, comme à son habitude, 500 ryos ni plus ni moins, et sa sempiternelle lutte contre le clan Yagyu, absent de Baby Cart : Dans la terre de l’ombre et qui marque le retour du chef de clan, Retsudo.

La première image du film est l’une des plus frappantes de toute la série : un sein nu de femme sur lequel est dessiné un enfant. Comme souvent, le premier plan donne le ton du Baby Cart. Ce sein est celui de la belle Oyuki (Michie Azuma), une bretteuse qui surprend ses ennemis en dévêtant sa poitrine. Itto Ogami (Tomisaburo Wakayama) doit tuer cette fière combattante insensible, comme lui, à la douleur. La séance de tatouage (elle a également une sorcière dans le dos) est décrite en flashback par le tatoueur qui explique que l’opération est une torture. Itto va comprendre que sa mission sera difficile car l’adversaire est à sa hauteur.

C’est la filiation qui est au centre de Baby Cart : L’âme d’un père, le cœur d’un fils, comme le titre l’indique très clairement. Que ce soit la filiation familiale ou celle entre un maitre et son disciple. Celle d’Oyuki, la femme tatouée, est complexe. Son père, chef d’un village de saltimbanques, va raconter à Itto la raison pour laquelle elle chasse les membres du clan Owari et leur coupe les nattes, symbole suprême de virilité. C’est qu’elle veut tuer Enki qui l’a formée. Pour Itto Ogami ses raisons remplissent les contraintes du code d’honneur, ce qui est moins le cas de Gunbei Yagyu (Yoichi Hayachi).

Gunbei, le fils de Retsudo, est une vieille connaissance d’Ogami. Ils se sont entrainés ensemble quand ce dernier était encore le bourreau du shogun. Gunbei, passé pour mort, réapparaît à la grande surprise de l’assassin à l’enfant. Il menace de tuer Daigoro ce qui inquiète peu son père. L’enfant dans une scène précédente s’était déjà égaré après avoir écouté des bateleurs. Pour la première fois dans la série, Daigoro existe seul et a ses propres péripéties, en l’occurrence être cerné par un feu. Il survit à l’incendie et cela ne fait que renforcer l’admiration que lui porte son père.

La lâcheté du clan Yagyu est double. Gunbei s’en prend à un enfant (presque) sans défense et son père Retsudo l’a fait passer pour mort. Un homme affublé d’un habile masque s’est donné harakiri à la place du fils. Le film est placé sous le signe du simulacre, du double, du déguisement. Le masque de Gunbei, les tatouages de Oyuki sont des signes destinés à tromper l’ennemi. Tout comme les mercenaires déguisés en statues dans le temple bouddhiste ou encore les moines musiciens qui portent un long chapeau qui les cache. Ces musiciens menés par Retsudo cherchent en définitive à supprimer Ogami. Il en sortira fortement blessé. Mais ce dernier, en crevant un œil à Retsudo, donnera l’ultime leçon au chef Yagyu : le code d’honneur samouraï est incompatible avec le double jeu.

Baby Cart : L’âme d’un père, le cœur d’un fils (子連れ狼 親の心子の心, Japon, 1972) Un film de Buichi Sato avec Tomisaburo Wakayama, Yoichi Hayachi, Michie Azuma, Akihiro Tomikawa, Asao Koike, Tatsuo Endo, Shin Kishida.

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