Le
changement de réalisateur entre Baby
Cart : Dans la terre de l’ombre et Baby Cart : L’âme d’un père, le cœur d’un fils ne modifie
guère les hautes ambitions artistiques de la série. Buichi Sato, comme Kenji
Misumi, est au service du personnage du loup solitaire à l’enfant. Comme dans
les trois premiers épisodes, le récit se divise en deux pistes : une
mission pour laquelle il touchera, comme à son habitude, 500 ryos ni plus ni
moins, et sa sempiternelle lutte contre le clan Yagyu, absent de Baby Cart : Dans la terre de l’ombre
et qui marque le retour du chef de clan, Retsudo.
La
première image du film est l’une des plus frappantes de toute la série :
un sein nu de femme sur lequel est dessiné un enfant. Comme souvent, le premier
plan donne le ton du Baby Cart. Ce sein est celui de la belle Oyuki (Michie Azuma),
une bretteuse qui surprend ses ennemis en dévêtant sa poitrine. Itto Ogami
(Tomisaburo Wakayama) doit tuer cette fière combattante insensible, comme lui,
à la douleur. La séance de tatouage (elle a également une sorcière dans le dos)
est décrite en flashback par le tatoueur qui explique que l’opération est une
torture. Itto va comprendre que sa mission sera difficile car l’adversaire est
à sa hauteur.
C’est la filiation qui est au centre de Baby Cart : L’âme d’un père, le cœur
d’un fils, comme le titre l’indique très clairement. Que ce soit la
filiation familiale ou celle entre un maitre et son disciple. Celle d’Oyuki, la
femme tatouée, est complexe. Son père, chef d’un village de saltimbanques, va
raconter à Itto la raison pour laquelle elle chasse les membres du clan Owari
et leur coupe les nattes, symbole suprême de virilité. C’est qu’elle veut tuer
Enki qui l’a formée. Pour Itto Ogami ses raisons remplissent les contraintes du
code d’honneur, ce qui est moins le cas de Gunbei Yagyu (Yoichi Hayachi).
Gunbei, le fils de Retsudo, est une
vieille connaissance d’Ogami. Ils se sont entrainés ensemble quand ce dernier
était encore le bourreau du shogun. Gunbei, passé pour mort, réapparaît à la
grande surprise de l’assassin à l’enfant. Il menace de tuer Daigoro ce qui
inquiète peu son père. L’enfant dans une scène précédente s’était déjà égaré
après avoir écouté des bateleurs. Pour la première fois dans la série, Daigoro
existe seul et a ses propres péripéties, en l’occurrence être cerné par un feu.
Il survit à l’incendie et cela ne fait que renforcer l’admiration que lui porte
son père.
La lâcheté du clan Yagyu est double.
Gunbei s’en prend à un enfant (presque) sans défense et son père Retsudo l’a
fait passer pour mort. Un homme affublé d’un habile masque s’est donné harakiri
à la place du fils. Le film est placé sous le signe du simulacre, du double, du
déguisement. Le masque de Gunbei, les tatouages de Oyuki sont des signes
destinés à tromper l’ennemi. Tout comme les mercenaires déguisés en statues
dans le temple bouddhiste ou encore les moines musiciens qui portent un long
chapeau qui les cache. Ces musiciens menés par Retsudo cherchent en définitive
à supprimer Ogami. Il en sortira fortement blessé. Mais ce dernier, en crevant
un œil à Retsudo, donnera l’ultime leçon au chef Yagyu : le code d’honneur
samouraï est incompatible avec le double jeu.
Baby
Cart : L’âme d’un père, le cœur d’un fils (子連れ狼 親の心子の心, Japon, 1972)
Un film de Buichi Sato avec Tomisaburo Wakayama, Yoichi Hayachi, Michie Azuma,
Akihiro Tomikawa, Asao Koike, Tatsuo Endo, Shin Kishida.
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