Le
premier des six films de la série Baby Cart produite par la Toho et adaptée du manga de Kazuo Koike et Goseki Kojima se
concentre, logiquement, sur la genèse du destin d’Itto Ogami (Tomisaburo Wakayama), le bourreau officiel du shogun. Dans la
séquence pré-générique, on le découvre alors qu’il doit décapiter un enfant,
seigneur de son état. Il accomplit sa tâche sans faiblir, peu importe que le
condamné soit un gamin. Ogami exerce un métier cruel mais il est le seul
habilité à le faire. D’une certaine manière, il a droit de vie et de mort, tout
comme le shogun, sur les seigneurs japonais. Une voix off explique la situation politique du Japon : une dictature
féodale où l’obéissance est de mise.
Le
superbe générique d’ouverture de Baby
Cart : Le sabre de la vengeance, sur la musique tonitruante de Hideaki
Sakurai, montre le samouraï déclassé errant avec son fils Daigoro (Akihiro
Tomikawa) dans les bras, filant droit sur un chemin en forme de sabre séparant
à gauche de l’image un feu et à droite de l’eau. Ces deux éléments opposés
décrivent le personnage. Un orage s’abat soudain sur Ogami qui pousse son
landau. Le premier souvenir en forme de flash back se lance sur Azami (Raiko
Kasahara), l’épouse d’Ogami qui donne le sein à leur fils. Elle va se faire
assassiner sous les yeux de son mari. Sa main ensanglantée couvrira de rouge la
joue du nourrisson. Un complot ourdi par le clan Yagyu se referme sur Ogami.
Le
vieux Retsudo (Tokio Oki), chef du clan ennemi lance ses hommes contre Ogami.
Là encore l’eau est un élément majeur dans le combat au sabre que se livrent la
quinzaine d’hommes contre le samouraï. Ce dernier a appris à sa battre selon
les préceptes de l’école de Suio. L’affrontement a lieu dans une rivière.
Superbe scène où le sang gicle quand les membres sont coupés. L’absence du
moindre son dans cette séquence appuie l’effet de stupeur du combat tout en
provoquant un supplément de poésie, ce qui n’est pas le moindre paradoxe. Le
film continuera de filer son thème de l’eau avec un rivière, une flaque, des
torrents et bains d’eau chaude où Ogami et son fils iront prendre un peu de
repos lors de leur périple.
Un
deuxième flashback se développe à la vue d’un ballon. Ogami se souvient du jour
où il choisit de se rebeller contre Retsudo. Ce jour-là, habillé de blanc comme
pour une cérémonie d’hara-kiri, il fait choisir à Daigoro entre un ballon et un
sabre. Si l’enfant choisit le ballon, c’est qu’il ne peut pas suivre son père
dans sa vengeance et qu’il devra rejoindre sa mère outre-tombe. Un deuxième
combat avec Retsudo et ses sbires s’ensuit. Là, Kenji Misumi utilise le format
cinémascope pour magnifier l’affrontement des deux hommes. Il film les visages
en gros plan et les fait alterner en plan d’ensemble avec Ogami qui se bat encerclé
par ses adversaires.
Le
feu entre en scène avec un reflet du soleil qui permet d’éliminer le plus
vaillant sabreur du clan Yagyu. Décidé à poursuivre sa route, Ogami traverse un
pont pour se retrouver dans un village de thermes. La fumée qui se dégage de l’eau
chaude évoque l’enfer et c’est d’ailleurs ce que vivent les habitants qui sont
pris en otage par des bandits qui veulent attaquer un convoi. Une seule femme
est présente dans ce village, le seul vrai personnage féminin puisque Azami n’apparait
que quelques instants. Cette femme est une prostituée que les bandits veulent
violer. Ogami prend sa défense. Son code d’honneur entre en jeu. Il accomplit
son devoir de justicier auprès de cette prostituée malgré sa basse condition de
la même manière qu’il exerçait son métier de bourreau : avec la plus
grande conscience du travail accompli. Il se débarrassera de tous les bandits,
y compris celui qui tire un coup de feu avec un pistolet, pour sortir de cet
enfer et retourner assouvir sa vengeance contre le clan Yagyu dans les épisodes
suivants de Baby Cart.
Baby
Cart : Le Sabre de la vengeance (子連れ狼 子を貸し腕貸しつかまつる, Japon, 1972)
Un film de Kenji Misumi avec Tomisaburo Wakayama, Fumio Watanabe, Tomoko
Mayama, Shigeru Tsuyuguchi, Tomoo Uchida, Taketoshi Naitô, Reiko Kasahara,
Akihiro Tomikawa, Tokio Oki.
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