samedi 1 décembre 2012

Charlie Chan à Shanghai


De 1931 à 1938, l'acteur suédois Warner Oland incana seize fois le personnage de Charlie Chan pour la 20th Century Fox qui s'est passionné pour les policiers asiatiques à cette époque. C'est la Fox qui produira les huit épisodes de M. Moto, le détective japonais interprété par Peter Lorre. La compagnie avait bien essayé quelques années auparavant de donner les rôles à des acteurs coréens ou chinois mais le public américain n'allait pas voir ces films. En revanche, il fait un triomphe à Warner Oland, comme il se doit grimé en Chinois. L'acteur affirmait qu'il avait des origines mongoles pour renforcer l'idée de son interprétation. Charlie Chan à Shanghai est le neuvième film de ses aventures.

Après des années passées aux Etats-Unis, Charlie Chan retourne sur sa terre d'origine, à Shanghai. Il n'y est pas le bienvenu pour tout le monde puisqu'il trouve dans la poche de sa veste blanche (il s'habille toujours en blanc) un message l'incitant à rester dans le bateau. Avec un léger sourire, il se moque bien de ces menaces. Mais à peine débarqué en Chine, il doit faire face à un assassinat lors de la réception qui l'accueille. Sir Stanley Woodland, un diplomate, est tué d'un coup de révolver caché dans une boite qu'il voulait offrir à Charlie Chan. A la demande express du chef de la police, Charlie Chan part enquêter en suivant ses propres méthodes, c'est-à-dire en toute discrétion mais avec fermeté. Comme dans toute série B (et les Charlie Chan d'une durée de 70 minutes en sont), le héros est toujours en avance sur les indices par rapport aux autres personnages (alliés comme ennemis) comme sur les spectateurs. La scénario avance à grands coups de théâtre, de révélations et de trahisons.

Le personnage de Charlie Chan est montré comme un homme très affable. Sur le navire qui l'emmène à Shanghai, on le découvre jouant à saute-moutons avec des enfants puis leur chantant une chanson sur une princesse chinoise. Son anglais est relativement approximatif et il escamote les articles comme les pronoms sujets dans ses phrases. Son cantonais (Warner Oland en prononce quelques phrases) est encore plus mauvais. Il ne faut surtout y voir aucun racisme mais l'idée d'un caractérisation d'un personnage qui va droit au but. Charlie Chan s'exprime souvent avec des proverbes qu'il lance à son interlocuteur et qui résume la situation qu'il vit. C'est un homme généreux qui n'hésite jamais à donner une pièce aux mendiants qui abondent dans les rues. On remarquera également le mépris avec lequel les occidentaux qui colonisaient alors Shanghai, méprisent les mendiants. Le film est entièrement tourné en studios avec quelques images d'archives de la ville.

Charlie Chan sera aidé dans son enquête par son fils, Lee Chan (Keye Luke, qui jouera 50 ans plus tard le vieux marchand chinois de Gremlins). La famille des Chan est très nombreuse, on le découvre sur une photo que Charlie regarde un soir. Lee Chan vit donc à Shanghai et y accueille son père au port. Mais son aide ne sera guère efficace car Lee préfère appeler au téléphone les filles qu'il tente de séduire, ce donne un running gag puisque chaque fois Charlie Chan apprend qu'on a essayé de le joindre pour les besoins de l'enquête tandis que le fils draguait. Lee Chan est un personnage insouciant et un peu froussard. Contrairement à son père, il est dans l'action n'hésitant pas à se déguiser pour espionner les malfrats. Le film a beaucoup vieilli (bien plus que les aventures de M. Moto) mais il est intéressant de voir à quoi ressemblait ce cinéma très populaire dans les années 1930.

Charlie Chan à Shanghai (Charlie Chan in Shanghai, Etats-Unis, 1935) Un film de James Tingling avec Warner Oland, Irene Hervey, Jon Hall, Russell Hicks, Keye Luke, Halliwell Hobbes, Frederick Vogeding, Neil Fitzgerald.

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