De
1931 à 1938, l'acteur suédois Warner Oland incana seize fois le
personnage de Charlie Chan pour la 20th Century Fox qui
s'est passionné pour les policiers asiatiques à cette époque.
C'est la Fox qui produira les huit épisodes de M. Moto, le détective
japonais interprété par Peter Lorre. La compagnie avait bien essayé
quelques années auparavant de donner les rôles à des acteurs
coréens ou chinois mais le public américain n'allait pas voir ces
films. En revanche, il fait un triomphe à Warner Oland, comme il se
doit grimé en Chinois. L'acteur affirmait qu'il avait des origines
mongoles pour renforcer l'idée de son interprétation. Charlie
Chan à Shanghai est le neuvième film de ses aventures.
Après
des années passées aux Etats-Unis, Charlie Chan retourne sur sa
terre d'origine, à Shanghai. Il n'y est pas le bienvenu pour tout le
monde puisqu'il trouve dans la poche de sa veste blanche (il
s'habille toujours en blanc) un message l'incitant à rester dans le
bateau. Avec un léger sourire, il se moque bien de ces menaces. Mais
à peine débarqué en Chine, il doit faire face à un assassinat
lors de la réception qui l'accueille. Sir Stanley Woodland, un
diplomate, est tué d'un coup de révolver caché dans une boite
qu'il voulait offrir à Charlie Chan. A la demande express du chef de
la police, Charlie Chan part enquêter en suivant ses propres
méthodes, c'est-à-dire en toute discrétion mais avec fermeté.
Comme dans toute série B (et les Charlie Chan d'une durée de 70
minutes en sont), le héros est toujours en avance sur les indices
par rapport aux autres personnages (alliés comme ennemis) comme sur
les spectateurs. La scénario avance à grands coups de théâtre, de
révélations et de trahisons.
Le
personnage de Charlie Chan est montré comme un homme très affable.
Sur le navire qui l'emmène à Shanghai, on le découvre jouant à
saute-moutons avec des enfants puis leur chantant une chanson sur une
princesse chinoise. Son anglais est relativement approximatif et il
escamote les articles comme les pronoms sujets dans ses phrases. Son cantonais (Warner Oland en prononce quelques phrases) est encore plus mauvais. Il
ne faut surtout y voir aucun racisme mais l'idée d'un
caractérisation d'un personnage qui va droit au but. Charlie Chan
s'exprime souvent avec des proverbes qu'il lance à son interlocuteur
et qui résume la situation qu'il vit. C'est un homme généreux qui
n'hésite jamais à donner une pièce aux mendiants qui abondent dans
les rues. On remarquera également le mépris avec lequel les
occidentaux qui colonisaient alors Shanghai, méprisent les
mendiants. Le film est entièrement tourné en studios avec quelques
images d'archives de la ville.
Charlie
Chan sera aidé dans son enquête par son fils, Lee Chan (Keye Luke,
qui jouera 50 ans plus tard le vieux marchand chinois de Gremlins).
La famille des Chan est très nombreuse, on le découvre sur une
photo que Charlie regarde un soir. Lee Chan vit donc à Shanghai et y
accueille son père au port. Mais son aide ne sera guère efficace
car Lee préfère appeler au téléphone les filles qu'il tente de
séduire, ce donne un running gag puisque chaque fois Charlie
Chan apprend qu'on a essayé de le joindre pour les besoins de
l'enquête tandis que le fils draguait. Lee Chan est un personnage
insouciant et un peu froussard. Contrairement à son père, il est
dans l'action n'hésitant pas à se déguiser pour espionner les
malfrats. Le film a beaucoup vieilli (bien plus que les aventures de M. Moto) mais
il est intéressant de voir à quoi ressemblait ce cinéma très
populaire dans les années 1930.
Charlie
Chan à Shanghai (Charlie Chan in Shanghai, Etats-Unis, 1935) Un film
de James Tingling avec Warner Oland, Irene Hervey, Jon Hall, Russell
Hicks, Keye Luke, Halliwell Hobbes, Frederick Vogeding, Neil
Fitzgerald.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire