Début
décembre, j’avais évoqué ces films produits par la 20th Century Fox (Charlie
Chan et Mr.
Moto), montrant un engouement pour ces deux détectives chinois et japonais
dans les années 1930. Dans la même catégorie de films, une compagnie
concurrente, la Monogram Pictures, s’est lancée entre 1938 et 1940 dans la
production de six aventures policières ayant pour personnage principal James
Lee Wong. Les deux films dont je parle aujourd’hui sont similaires aux Mr.
Moto : durée courte d’environ une heure, des rebondissements nombreux, un
exotisme de pacotille et, surtout, une police américaine relativement
incompétente. C’est souvent grâce à la force de déduction et du calme de Mr.
Wong que l’enquête pourra être bouclée.
Boris Karloff incarne Jame
Lee Wong dans Mr. Wong in Chinatown.
L’acteur, qui fut la créature de
Frankenstein dans les films de James Whale et également un des Fu Manchu (je
tenterai d’écrire sur cette très féconde série prochainement) est difficilement
crédible en chinois. Son maquillage se contente de brider ses yeux avec
quelques traits de d’eye liner. Il porte des lunettes rondes (l’apanage des
Chinois) et arbore une fine moustache. Son domicile (pour l’exotisme) ressemble
à un magasin d’antiquités chinoises. La sonnette émet le son d’un gong et son
fidèle majordome Foo (Lee Tung Foo) est toujours présent pour le servir. Mr.
Wong est un homme relativement âgé (l’acteur avait déjà la cinquantaine), se
déplaçant lentement aidé par sa canne, incarnant ainsi le calme face à
l’agitation qui l’entoure.
Mr.
Wong reçoit la visite d’une jeune femme (Lotus Long) qui meurt sous ses yeux
après lui avoir dit de se méfier d’un certain « Captain J ». Il découvre
que cette femme est une princesse chinoise chargée d’une mission secrète par
son gouvernement. Il va mener son enquête en collaboration avec l’inspecteur
Street (Grant Withers), homme irascible qui a du mal à supporter la faculté de
déduction de Wong. Street est un personnage récurrent de la franchise. L’humour
et le charme sont apportés par la journaliste Robbie Logan (Marjorie Reynolds)
aussi intrépide que gaffeuse. Son personnage procure les rares moments
savoureux dans un film à l’histoire mal fagotée et bancale et, somme toute,
bien ennuyeuse.
On
avait vu Keye Luke dans le rôle du fils de Charlie Chan (Charlie
Chan à Shanghai et M.
Moto sur le ring). Bien plus jeune que Boris Karloff, c’est lui qui
interprète Jame Lee Wong dans Phantom in
Chinatown. Il s’agit pour la Monogram d’apporter de l’action et des
cascades dans le film. Appelé parfois Jimmy, ce Wong débute dans le métier et
place le film chronologiquement avant ceux de Karloff, comme si c’était la
jeunesse du personnage qui était décrite. Sa fougue et son enthousiasme
confinent parfois à l’arrogance mais procurent une bouffée d’air frais comparée à
l’apathie de Karloff. On y retrouve son fidèle serviteur Foo, qui a le rôle
d’un précepteur n’hésitant pas à gronder Jimmy dans une scène comique où Foo et
Wong se disputent autour d’un bol de
soupe.
Ses
rapports avec l’inspecteur Street ne sont pas simples. Ce dernier se demande
qui est ce gamin qui vient s’incruster dans son enquête, s’énervant contre la
logique de Wong qui va contre son propre esprit brouillon et répétant toujours
les mêmes phrases dans un but comique. Au bout d’un moment, ils vont devenir
amis, se faire confiance et se compléter. Tout commence avec la présentation
par un pilleur d’antiquités (pardon, un archéologue) qui présente le film de
ses découvertes en Chine. Il aurait trouvé un vieux parchemin indiquant
l’emplacement du « Feu de l’Eternité » de l’époque Ming. Cet
archéologue est empoisonné et pour l’inspecteur Street tout le monde est suspect,
y compris James Lee Wong.
D’ailleurs
ce dernier ne condamne t-il pas les fouilles lorsqu’il voit un cercueil Ming en
demandant quelle serait la réaction des Américains si des Chinois venait
prendre la tombe de Washington pour la ramener à Pékin. Autre suspecte,
mademoiselle Wen (Lotus Long, décidemment présente dans tous ces films), agent
chinois en poste à San Francisco. Son aide précieuse permettra d’arrêter le
meurtrier. Malgré la proximité entre Miss Wen et Mr. Wong, il est notable de
remarquer que les scénaristes ne leur donnent pas la possibilité d’envisager la
moindre romance. Phantom of Chinatown,
plus rythmé que Mr. Wong in Chinatown,
mieux construit et plus amusant ressemble à un épisode de Mr. Moto. A noter que
les films de Mr. Wong sont désormais dans le domaine public et visibles
gratuitement et librement sur Internet.
Mr. Wong in Chinatown (Etats-Unis,
1939) Un film de William Nigh avec Boris Karloff, Marjorie Reynolds, Grant
Withers, Huntley Gordon, George Lynn, William Royle, Lee Tung Foo, Lotus Long.
Phantom of Chinatown
(Etats-Unis, 1940) Un film de Phil Rosen avec Keye Luke, Lotus Long, Grant Withers,
Charles Miller, John Dilson, Lee Tung Foo, John Holland.
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