Le
cinéma gay chinois n’est pas vraiment joyeux. Simon Chung, réalisateur de End of love,
explore – comme beaucoup de ses pairs – le tabou de l’homosexualité et en
l’occurrence dans Speechless au beau
milieu d’un coin perdu de la Chine du sud. Dans cette campagne, un jeune homme
européen (Pierre-Matthieu Vital) se déshabille complètement pour aller se
baigner dans une rivière. Endormi sur la plage de galets, des enfants viennent
le titiller avec des branches puis c’est la police qui tente de comprendre ce
qu’il fait là, pourquoi est-ce qu’il est nu et qui il est. Amené au poste, le
flic tente avec une certaine violence de l’interroger, il le frappe, il tombe à
terre. Sa collègue Lan (Si Tu Yu Ting) est plus conciliante. Elle se demande s’il comprend
le mandarin, elle lui demande son nom en anglais. Aucune réponse.
Le jeune homme ne dit pas un mot. Il est
muré dans son mutisme. Il est amené à l’hôpital où le Dr. Lin (Shen Qiao-qiu)
pense qu’il faut le faire interner dans un hôpital psychiatrique. Le jeune
homme que tout le monde surnomme « l’étranger » se promène la nuit,
en silence, dans les couloirs de la clinique. Il erre sans but et devient
inquiétant tel un fantôme. Un jeune infirmier, Jiang (Gao Qilun), va prendre
soin de lui, l’aider à manger tel un enfant, lui donnant la béquée, ramenant du
restaurant de ses parents des beignets à la viande. Mais l’étranger ne dit
toujours pas un mot. Petit à petit, au contact de Jiang, un sourire commence à
arriver sur son visage. Un court flashback montre au spectateur ce jeune homme
en train de faire l’amour avec un Chinois.
Jiang décide de changer le destin. Il
embarque sur son scooter l’étranger et de partir plus loin afin qu’il n’échoit
pas dans l’asile de fous. Il se sent tout de suite mieux, il abandonne son
pyjama rayé digne d’une prison pour un jogging qu’il n’hésite pas en enlever
pour se baigner. Lors d’une partie de pêche avec Jiang, il fait preuve de
facétie en rejetant les poissons à l’eau, l'un des éléments majeurs du film. Il dort dans le même lit que son
nouvel ami, pourraient-ils être tombés amoureux l’un de l’autre ? En tout
cas avec ce geste dans une Chine très policée, Jiang risque gros et Lan, la
policière qu’il connait car son père était soigné par lui, parvient à lui faire
comprendre qu’il est menacé d’être accusé de kidnapping. Cependant, elle
comprend le geste du jeune homme et l’aidera du mieux qu’elle peut.
Son passé doit être redécouvert et c’est
par Ning (Jian Jiang), une étudiante que l’histoire de Luke, car tel est son
nom va s’écrire. Ning l’a connu, elle prétend avoir été sa petite amie. Mais la
vérité est tout autre. Un long flashback narre le nœud du drame qui a produit
cette absence de parole de Luke. Car ce dernier n’est pas tombé amoureux d’elle
mais de Han (Yu Yung-yung) son petit ami. On apprend que Luke est un étudiant
français venu apprendre le chinois. Speechless
déploie beaucoup d’efforts pour ménager le suspense sur les événements qui ont
suivi l’aventure amoureuse entre Han et Luke. Supérieur en qualité à End of love, le film plonge cependant dans un dolorisme un peu
maladroit et une narration confuse, ce qui a pour conséquence qu'on a un peu de mal à avoir de la compassion pour ces personnages.
Speechless
(无言, Hong Kong, 2011) Un film de Simon Chung
avec Pierre-Matthieu Vital, Gao Qilun, Jian Jiang, Yu Yung-yung, Si Tu Yu Ting,
Shaio Yu-hua, Shen Qiao-qiu, Lang Shu-ling, Chen Wei-hong, Yang Zhi.
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