Les
fantômes, il y a ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas, affirme le
narrateur pour lancer The Spooky bunch,
deuxième film d’Ann Hui. Ceux qui croient aux fantômes, ce sont d’abord les
plus anciens. Le grand oncle Ma qui est persuadé qu’une malédiction frappe sa
famille et que le dernier descendant, son neveu Dick (Kenny Bee) ne pourra pas
avoir d’enfants. Ce qui constitue pour lui un grand malheur. Il y a aussi la
grand-mère Maria (Cheung Mang-ha) convertie au christianisme mais qui continue de croire
à la réincarnation. Pour que cette malédiction cesse, le vieil oncle a engagé
la troupe de théâtre de Chi (Josephine Siao), petite fille de Maria, afin que
Dick se marie avec elle.
Ceux qui n’y croient pas, en l’occurrence
la nouvelle génération, vont avoir de sacrées surprises car un esprit vient
hanter les coulisses. C’est une petite fille qui vient taquiner avec sa petite
voix espiègle les comédiens. C’est d’abord le gros Fatso (Chiang Kam) qui
l’aperçoit, vient pour la draguer. Elle disparait aussitôt. Puis, c’est One
(Chung Kwan), le premier rôle de la troupe qui est frappé. Il se met à
s’exprimer avec sa voix, à avoir ses mimiques enfantines. Chi tente de savoir
qui est cette gamine, elle interroge par One mais elle ne demande qu’une
chose : regarder la télévision. Cette jeune fille fantomatique est déjà
imprégnée de modernité mais elle vient d’une autre époque, des années 1930 et
erre depuis cinquante ans dans les limbes. Elle fuit surtout sa maitresse (Tina
Lau), une méchante femme qui crée ces apparitions de fantômes.
Enfin,
c’est l’oncle Dang (Lau Hak-suen) qui est la victime des revenants. Il revit l’une de
ses vies passées où il était militaire et se fait même fusiller. Dick et Chi
cherchent alors, une fois que les anciens les auront convaincus qu’ils sont
hantés, à contacter un moine taoïste qui pourra pratiquer l’exorcisme. L’oncle
Dang sérieux comme un pape lorsqu’il dirige la troupe se transforme en vieux
sénile quand il est possédé. Il se met à répéter tous les gestes et toutes les
paroles de tous ceux qui s’adressent à lui, créant un burlesque non-sensique. Chi
est également un personnage comique se comportant comme une gamine immature,
jouant à saute-moutons avec les enfants, posant des questions puériles et
provoquant les autres protagonistes avec ses caprices. Le sommet gaguesque est
atteint quand, lors d’une représentation d’un opéra, où les fantômes s’invitent
dans les corps des acteurs.
On ne trouve pas beaucoup d’effets
spéciaux dans The Spooky bunch. Ann
Hui préfère pour montrer l’arrivée des fantômes faire confiance au montage,
champ : le revenant est là, contre-champ : il a disparu. Une lanterne
se déplace seule au milieu de la nuit. Elle travaille aussi les sons, ceux de
la voix de l’enfant qui prend possession du corps de One, les bruits des
mitraillettes dans un plan large nocturne où Dang est menacé, des cris étouffés
se font entendre çà et là. C’est avec des moyens très simples et très modestes
(on sent que le budget du film est assez faible) qu’elle entend suggérer le surnaturel
faisant confiance au spectateur qui croit sans doute encore aux fantômes.
D’autres films bien supérieurs à The
Spooky bunch, ceux de Sammo Hung avec ses Exorciste
chinois ou la série Mr. Vampire,
le génial Zu
warriors of the magic mountain, se chargeront d’améliorer tout cela en
passant l’action dans une Chine légendaire.
The
Spooky bunch (撞到正, Hong Kong, 1980) Un film d’Ann
Hui avec Josephine Siao, Kenny Bee, Lau Hak-suen, Kwan Chung, Tina Lau, Chiang
Kam, Cheung Mang-ha.
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