En tant que producteur de cinéma, To Wai-cheung
(Chapman To) a été invité à discuter de son métier devant des étudiants de
cinéma. C’est leur professeur, M. Cheng (Lawrence Cheng) qui se charge de
diriger cette conférence. Petites lunettes rondes, tenue terne, assis sagement
sur son fauteuil To n’est pas un producteur flamboyant et ne paie pas de mine.
Dès qu’il ouvre la bouche, son personnage de gentil garçon choque toute l’assemblée
et Cheng en premier lieu. To Wai-cheung cause de la possibilité de montrer des
poils pubiens dans les films. Tout spectateur hongkongais sait que c’est
interdit mais le pré-générique avait avertit que les spectateurs sensibles qu’il
leur restait 10 secondes pour fuir devant Vulgaria.
Après You shoot
I shoot et AV, c’est la
troisième incartade de Pang Ho-cheung dans le milieu du cinéma avec le récit d’un
tournage, en l’occurrence le film que To tente de produire dans une industrie
en crise. To n’est pas un producteur qui a réussi. Au contraire, il est
toujours à la recherche de financement pour ses films. Il vante ainsi le
placement de produits auprès des étudiants et commence le récit de son film.
Cela a beau être son point de vue, To Wai-cheung ne se donne pas forcément le
beau rôle, dans un exercice quasi masochiste de dénigrement. Le scénario qu’il
présente aux dirigeants médusés d’une compagnie d’assurance pour avoir leur
aide financière est tout simplement d’une bêtise rare, incohérent et médiocre
mais évidemment hilarant, à la fois dans les mimiques de Chapman To qui porte
le film et dans ses dialogues.
C’est tout le processus d’un film que Vulgaria raconte. De sa conception même
à sa promotion, c’est autant pour To un parcours du combattant. Il faut trouver
de l’argent. Avec son ami Liu Wing-shing (Simon Loui) l’amène en Chine pour
rencontrer Frère Tyrannosaure (Ronald Cheng) et son comparse (Lam Suet), deux
crétins finis totalement dégénérés qui mange des plats aux noms poétiques mais
dont les ingrédients sont des rats, tortues ou chats. Forcé de manger ses
victuailles avec dégoût, To Wai-cheung n’est pas au bout de ses surprises quand
on lui propose de coucher avec la « petite amie » de Tyrannosaure, en
l’occurrence une mule coiffée d’un superbe ruban rouge. Les étudiants n’en
croient pas leurs oreilles, Pang Ho-cheung s’amuse beaucoup à mettre en scène
ce qui d’habitude est interdit où on sent à chaque réplique plus tordue et
scabreuse l’un que l’autre le plaisir des quatre comédiens.
Puis, le producteur devra trouver des interprètes pour
son film qui devra être le remake de Confession
of a courtisan, un film érotique des années 1970. Il va rencontrer la star
du film à refaire, Shaw Yum-yum, dans son propre rôle. Bien entendu, en 40 ans,
son corps a changé, elle a les cheveux gris, mais c’est surtout son visage,
carré et massif qui étonne le plus. Elle accepte de tourner, son corps sera
remplacé par celui d’une jeune actrice avec un fond vert. Ensuite, convaincre l’acteur
Hayama Hiro (lui aussi dans son propre rôle) de faire un autre porno, bien que,
comme le dit une journaliste lors d’une conférence de presse, son image soit
très négative en ce moment. Hiro ne veut pas entendre parler de porno mais a
cruellement besoin d’argent, finalement le sujet profond de Vulgaria.
Et To Wai-cheung continue le récit fort peu héroïque
de sa production. Le film devra s’appeler Confession
of two courtisans, ce qui est très logique. Il parvient à convaincre
Blackie Tak (Matt Chow) de réaliser le film. Pang Ho-cheung souligne la crise
du cinéma à Hong Kong avec ce personnage que l’on découvre dans un tout autre
métier dans une des scènes les plus drôles. Il a ouvert chez lui une salle de gambling d’un genre nouveau, où Tak
prévient les clients qu’ils doivent partir avant d’éveiller les soupçons de
leur moitié, où les mamans peuvent faire garder les enfants pendant qu’elles
jouent au mahjong. Quand la police manque de les prendre en flag’, Blackie Tak affirme
qu’il était en train de tourner un film : il avait installé une caméra. Le
tournage peut maintenant commencer non sans s’être assuré le soutien du
rédacteur en chef de Playboy HK (Vincent Kok). Si cette histoire de tournage
est aussi plaisante et aussi drôle, c’est que miraculeusement, Pang Ho-cheung
parvient à la rendre très caricaturale avec ses personnages hauts en couleurs
tout en montrant que tout ceci n’est sans doute pas très loin de la vérité.
Comme souvent dans son cinéma, le protagoniste est un
grand solitaire bien que très entouré. To Wai-cheung est un producteur raté et
son mariage est aussi un échec. Son épouse (Crystal Tin) refuse de lui laisser
sa fille tant qu’il n’a pas payé la pension. Son assistante Quin Lau (Fiona
Sit) un peu écervelée et ne pratiquant pas très bien le cantonais le poursuit
en justice persuadée qu’il l’a harcelée sexuellement. Elle sera défendue par
une avocate féroce (Miriam Yeung). To trouvera du réconfort auprès de Tsui
Ka-yan (Dada Chn), surnommée dans le milieu « popping candy » - le
bonbon qui pétille – pour son habileté à faire pétiller les bonbons dans sa
bouche. Ce motif amoureux n’est pas aussi réussi que la confession sur le
tournage bien que tout aussi pitoyable. On sent que Pang Ho-cheung un peu
obligé de passer par ce récit amoureux moins inspiré que les morceaux d’immense
vulgarité salutaire en cette période de bon goût aseptisé.
Vulgaria (低俗喜劇, Hong
Kong, 2012) Un film de Pang Ho-cheung avec Chapman To, Dada Chan,
Ronald Cheng, Fiona Sit, Crystal Tin, Siu Yam-yam, Matt Chow, Hayama Hiro, Jim
Chim, Lawrence Chou, Mak Ling-ling, Vincent Kok, Simon Loui, Lam Suet, Lawrence
Cheng, Miriam Yeung, Nora Miao, Jimmy Wan, Huang Lu, Ray Pang, Fanny Lee, Au
Hin-wai.
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