L’Enigmatique
M. Moto
L’acteur
Peter Lorre, qui incarna dans son premier film l’assassin de M le maudit, joua à huit reprises le
personnage de Kentaro Moto, un Japonais installé aux Etats-Unis. L’Enigmatique M. Moto nous le présente
sous un habile déguisement d’un Turc lors du défilé du Nouvel an lunaire dans
Chinatown. Il est intrigué par un magasin d’antiquités d’où sort un homme
tatoué d’un Union Jack. A l’intérieur de la boutique, il est fort mal reçu par
le propriétaire qui est cependant intrigué par le diamant qu’il tente de lui
vendre. Moto s’aperçoit qu’un cadavre se trouve, mal caché, dans une malle. En
attendant, il retire ses postiches et apparait au spectateur dans son costume
blanc et remet ses lunettes rondes. C’est pour Moto le début d’une enquête qui
va le mener à Shanghai.
Sur
le bateau qui le mène en Chine, il fait la connaissance de Bob Hitchings
(Thomas Beck), le fils du propriétaire de la compagnie du bateau. C’est un
jeune insouciant et culotté qui ne cherche qu’à séduire les filles, à boire du
champagne et à faire la fête. A l’escale d’Honolulu, le regard d’Hitchings est
immédiatement attiré par la beauté de Gloria Danton (Virginia Field) qui le
snobe d’abord puis cède à ses avances. Il s’avérera que Gloria était engagée
par un riche homme d’affaires de Shanghai, un Russe blanc qui tient une boite
de nuit. Elle s’est laissé séduire par Hitchings pour pouvoir mieux l’escroquer.
Moto comprendra tout cela, notamment en prenant connaissance d’un courrier du
père de Bob qui l’avertissait du complot à son encontre. Il va tendre un piège
aux escrocs pour mieux les confondre.
L’Enigmatique M. Moto
Une
fois cette aventure terminée, Le Serment
de M. Moto débute dans le désert de Gobi, au beau milieu de la Mongolie.
Encore une fois, il est déguisé si habilement que son majordome ne le reconnaitra
pas, Moto chasse un trésor ancestral et majestueux : un morceau de
parchemin en tissu qui permettra de trouver le tombeau, perdu, de Gengis Khan. De
retour à Pékin (qui s’appelait encore Peiping), Moto part à la recherche du
descendant du Khan, en l’occurrence le Prince Chung (Philip Ahn) qui vit avec
sa mère (Pauline Frederick). Un amateur d’antiquités leur a fait une
proposition pour acheter les reliques. Chung en possède six qu’il garde dans un
coffre fort dissimulé derrière une statue Bouddha et des tentures brodées.
Le
Serment de M. Moto
Moto
devient un allié des Chung et fait le serment de ne jamais révéler où se trouve
le parchemin. Mis bout à bout, les sept morceaux sont censés donner le lieu du
tombeau. Beaucoup pensent que c’est une légende mais Madame Chung y croit dur
comme fer. Une bonne partie du film se déroule dans une boite de nuit encore
une fois tenue par des Russes blancs. On tente d’attenter à la vie de Monsieur
Moto, les cadavres tombent dans des pièces sombres et un jeune couple de
mondains (Thomas Beck et Jayne Regan) croisent son chemin. Les traitres
abondent, les coups fourrés foisonnent et les péripéties dignes d’un film
policier s’accumulent.
La
personnalité de Monsieur Moto est ce qui est le plus intéressant. Avec son
costume blanc, il est l’incarnation du calme. Cela ne l’empêche pas de se
défendre lorsque les circonstances le demandent. Il est un expert de jujitsu et
il terrasse ses adversaires. Délicat, il porte des gants blancs pour prendre
les objets. Lors des soirées mondaines, tandis que tous les occidentaux se
gavent de cocktails, il ne boit que du lait. Jamais il n’hausse la voix et
arbore régulièrement un sourire narquois qui montre la supériorité de sa
réflexion. En effet, parce qu’il prévoit toujours ce que font faire les
malfrats, il est en avance sur eux comme sur le spectateur. Ce sont ces
constants coups de théâtre et ces révélations qui apportent du rythme aux films
proches en cela du comics ou du pulp. Monsieur Moto est un personnage
proche d’Indiana Jones ou Tintin.
Le Serment de M. Moto
En
ce qui concerne le voyage en Chine, ce sont des décors en carton pates ponctués
de stock shots de Shanghai et Pékin. Les rues sont bondées et il se déplace sur
un pousse-pousse. Le film se passe en 1937, les panneaux et les vitrines sont à
la fois en anglais et chinois, ce qui permet aux spectateurs de pouvoir
comprendre mais indique également que Shanghai était une colonie à cette
époque. Quant aux acteurs incarnant des Chinois, ce sont des Sino-américains (Philip
Ahn, Lotus Song – une alliée précieuse de Moto – ou encore William Law, le chef
de la police de Shanghai). En revanche, Pauline Frederick pour son personnage
de Madame Chung est grimée et maquillée pour ressembler à une Chinoise. Peter
Lorre porte bien entendu lui aussi un épais fond de teint qui lui fonce le
visage pour paraître japonais.
L’Enigmatique M. Moto
(Think fast, Mr. Moto, Etats-Unis, 1937) Un film de Norman Foster avec Peter
Lorre, Virginia Field, Thomas Beck, Sig Rumann, Murray Kinnell, John Rogers,
Lotus Long, George Cooper, J. Carrol Naish, Frederick Vogeding, William Law
Le Serment de M. Moto
(Thank you Mr. Moto, Etats-Unis, 1938) Un film de Norman Foster avec Peter
Lorre, Thomas Beck, Pauline Frederick, Jayne Regan, Sidney Blackmer, Sig
Rummann, John Carradine, Wilhelm von Brincken, Nedda Harrigan, Philip Ahn, John
Bleifer.
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