dimanche 2 décembre 2012

L’Enigmatique M. Moto + Le Serment de M. Moto


L’Enigmatique M. Moto 
L’acteur Peter Lorre, qui incarna dans son premier film l’assassin de M le maudit, joua à huit reprises le personnage de Kentaro Moto, un Japonais installé aux Etats-Unis. L’Enigmatique M. Moto nous le présente sous un habile déguisement d’un Turc lors du défilé du Nouvel an lunaire dans Chinatown. Il est intrigué par un magasin d’antiquités d’où sort un homme tatoué d’un Union Jack. A l’intérieur de la boutique, il est fort mal reçu par le propriétaire qui est cependant intrigué par le diamant qu’il tente de lui vendre. Moto s’aperçoit qu’un cadavre se trouve, mal caché, dans une malle. En attendant, il retire ses postiches et apparait au spectateur dans son costume blanc et remet ses lunettes rondes. C’est pour Moto le début d’une enquête qui va le mener à Shanghai.

Sur le bateau qui le mène en Chine, il fait la connaissance de Bob Hitchings (Thomas Beck), le fils du propriétaire de la compagnie du bateau. C’est un jeune insouciant et culotté qui ne cherche qu’à séduire les filles, à boire du champagne et à faire la fête. A l’escale d’Honolulu, le regard d’Hitchings est immédiatement attiré par la beauté de Gloria Danton (Virginia Field) qui le snobe d’abord puis cède à ses avances. Il s’avérera que Gloria était engagée par un riche homme d’affaires de Shanghai, un Russe blanc qui tient une boite de nuit. Elle s’est laissé séduire par Hitchings pour pouvoir mieux l’escroquer. Moto comprendra tout cela, notamment en prenant connaissance d’un courrier du père de Bob qui l’avertissait du complot à son encontre. Il va tendre un piège aux escrocs pour mieux les confondre.
L’Enigmatique M. Moto
Une fois cette aventure terminée, Le Serment de M. Moto débute dans le désert de Gobi, au beau milieu de la Mongolie. Encore une fois, il est déguisé si habilement que son majordome ne le reconnaitra pas, Moto chasse un trésor ancestral et majestueux : un morceau de parchemin en tissu qui permettra de trouver le tombeau, perdu, de Gengis Khan. De retour à Pékin (qui s’appelait encore Peiping), Moto part à la recherche du descendant du Khan, en l’occurrence le Prince Chung (Philip Ahn) qui vit avec sa mère (Pauline Frederick). Un amateur d’antiquités leur a fait une proposition pour acheter les reliques. Chung en possède six qu’il garde dans un coffre fort dissimulé derrière une statue Bouddha et des tentures brodées.
Le Serment de M. Moto 
Moto devient un allié des Chung et fait le serment de ne jamais révéler où se trouve le parchemin. Mis bout à bout, les sept morceaux sont censés donner le lieu du tombeau. Beaucoup pensent que c’est une légende mais Madame Chung y croit dur comme fer. Une bonne partie du film se déroule dans une boite de nuit encore une fois tenue par des Russes blancs. On tente d’attenter à la vie de Monsieur Moto, les cadavres tombent dans des pièces sombres et un jeune couple de mondains (Thomas Beck et Jayne Regan) croisent son chemin. Les traitres abondent, les coups fourrés foisonnent et les péripéties dignes d’un film policier s’accumulent.

La personnalité de Monsieur Moto est ce qui est le plus intéressant. Avec son costume blanc, il est l’incarnation du calme. Cela ne l’empêche pas de se défendre lorsque les circonstances le demandent. Il est un expert de jujitsu et il terrasse ses adversaires. Délicat, il porte des gants blancs pour prendre les objets. Lors des soirées mondaines, tandis que tous les occidentaux se gavent de cocktails, il ne boit que du lait. Jamais il n’hausse la voix et arbore régulièrement un sourire narquois qui montre la supériorité de sa réflexion. En effet, parce qu’il prévoit toujours ce que font faire les malfrats, il est en avance sur eux comme sur le spectateur. Ce sont ces constants coups de théâtre et ces révélations qui apportent du rythme aux films proches en cela du comics ou du pulp. Monsieur Moto est un personnage proche d’Indiana Jones ou Tintin.
Le Serment de M. Moto
En ce qui concerne le voyage en Chine, ce sont des décors en carton pates ponctués de stock shots de Shanghai et Pékin. Les rues sont bondées et il se déplace sur un pousse-pousse. Le film se passe en 1937, les panneaux et les vitrines sont à la fois en anglais et chinois, ce qui permet aux spectateurs de pouvoir comprendre mais indique également que Shanghai était une colonie à cette époque. Quant aux acteurs incarnant des Chinois, ce sont des Sino-américains (Philip Ahn, Lotus Song – une alliée précieuse de Moto – ou encore William Law, le chef de la police de Shanghai). En revanche, Pauline Frederick pour son personnage de Madame Chung est grimée et maquillée pour ressembler à une Chinoise. Peter Lorre porte bien entendu lui aussi un épais fond de teint qui lui fonce le visage pour paraître japonais.

L’Enigmatique M. Moto (Think fast, Mr. Moto, Etats-Unis, 1937) Un film de Norman Foster avec Peter Lorre, Virginia Field, Thomas Beck, Sig Rumann, Murray Kinnell, John Rogers, Lotus Long, George Cooper, J. Carrol Naish, Frederick Vogeding, William Law

Le Serment de M. Moto (Thank you Mr. Moto, Etats-Unis, 1938) Un film de Norman Foster avec Peter Lorre, Thomas Beck, Pauline Frederick, Jayne Regan, Sidney Blackmer, Sig Rummann, John Carradine, Wilhelm von Brincken, Nedda Harrigan, Philip Ahn, John Bleifer.

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