Avant le Stoker de Park Chan-wook, avant Le Transperceneige de Bong Joon-host prévus en 2013, Kim Jee-woon est le premier des
cinéastes coréens les plus connus à avoir tourné un film à Hollywood.
L’argument massue du Dernier rempart
est d’offrir aux spectateurs le film du retour d’Arnold Schwarzenegger dans un
premier rôle. L’arrivée de ces trois cinéastes aux Etats-Unis pour réaliser des
films avec des stars (Nicole Kidman pour Park Chan-wook et Chris Evans pour
Bong Joon-ho) rappelle bien évidemment la triste carrière qu’ont pu avoir les
hongkongais John Woo, Tsui Hark, Ringo Lam, Kirk Wong qui avaient été cantonnés
dans les films d’action avec Jean-Claude Van Damme comme examen d’entrée. La
différence est celle de l’âge de l’acteur, 65 ans au compteur.
Schwarzy
incarne Ray Owens le shérif du comté de Sommerton, bled paumé de l’Arizona. Le
week-end où se joue l’action du Dernier
rempart, la ville se vide de ses habitants tous allés soutenir leur équipe
de sport locale lors d’un match en extérieur. Cette idée scénaristique permet
de faire du décor un no man’s land où rien ne doit se passer. Le shérif a
d’ailleurs pris un congé et laissé les clés de la prison à ses adjoints :
Jerry (Zach Gilford) qui ne rêve que d’action, Figuerola (Luis Guzmán) qui ne
rêve que de tranquillité et Sarah (Jaimie Alexander) qui surveille son ex petit
ami Frank (Rodrigo Santoro), ancien Marine qui a mal tourné et qui se retrouve
en taule. Les seuls habitants de Sommerton qui sont encore là sont quelques
vieux et les serveuses du restaurant. Et également Lewis Dinkum (Johnny Knoxville)
un fou d’armes à feu et un peu taré sur les bords, qui apprend à Jerry et
Figuerola le maniement d’un gros flingue.
Le
calme va être de courte durée. A Las Vegas, le FBI procède au transfert de
Gabriel Cortez (Eduardo Noriega), un caïd de la drogue. Ses hommes de main
parviennent à le faire s’échapper grâce à un énorme aimant qu’ils placent sur
la voiture. Cortez s’enfuit à bord d’un puissante voiture et part à toute vitesse
vers Sommerton où d’autres de ses hommes construisent un pont mobile pour qu’il
puisse traverser un canyon et franchir la frontière mexicaine. Le chef du FBI,
l’agent Bannister (Forest Whitaker) va mettre des barrages sur les routes mais
chaque fois les malfrats les détruisent avec des gros camions et tuent tous les
flics. Le film donnera son lot de tôles froissées (des dizaines de voitures
sont cassées) et de chargeurs de révolvers vidés (des dizaines de flics meurent
sous les balles). Les scènes d’action sont très empesées, mal ficelées, visuellement laides, souvent filmées en
plongée, avec parfois de longs travellings.
L’ambition
de Kim Jee-woon n’est pas de renouveler le film d’action mais au contraire d’en
produire un comme « au bon vieux temps » avec d’un côté les gentils,
c’est-à-dire les flics qui s’entraident, qui font preuve de compassion les uns
pour les autres et de l’autre côté, les impitoyables trafiquants de drogue aux
rires sardoniques. Ces derniers sont certains de gagner. Le spectateur sait
qu’ils vont tous crever. L’une des idées du film est de faire se dérouler le
récit sur une seule journée, les heures s’affichant sur l’écran. Le décor vide
servira à l’affrontement final où des barricades seront construites. Comme il
se doit, Ray Owens aura l’honneur de finir le combat : poursuite en
voitures dans un champ où les deux adversaires (lui et Cortez) doivent deviner
où l’autre se trouve puis baston à mains nues sur le pont mobile. Dans les deux
cas, la mollesse l’emporte alors que l’ambition du film est de jouer sur la
vitesse.
Derrière
le film d’action voulu en mode classique, deux thèmes se dégagent. L’un est la
méfiance envers l’étranger. Cortez et ses hommes envahissent la sympathique
bourgade. Ray Owens doit protéger les habitants comme un bon père de famille
qui ne supporte pas être dérangé par ces « étrangers » au village,
que ce soit les malfrats comme le FBI. Le village est montrée comme un
microcosme solidaire y compris pour ses habitants les moins engageants, comme
le fermier interprété par Harry Dean Stanton. L’autre montre l’incompétence des
forces de l’ordre, thème récurrent du cinéma coréen. Les adjoints de Ray Owens
font preuve d’immaturité (le coup de flingue dans le nez de Jerry),
d’imprudence (Sarah et Jerry foncent dans le tas sans préparation) ou d’insolence
(le FBI pense que Ray Owens n’est qu’un plouc). Comme d'habitude dans le cinéma très surestimé de Kim Jee-woon, tout cela est montré avec une
telle lourdeur (et Le Dernier rempart
n’est pas autre chose qu’un film lourdingue au possible) qu’on se demande
comment Schwarzy et ses potes ont pu vaincre d’aussi affreux vilains.
Le
Dernier rempart (The Last stand, Etats-Unis, 2012) Un film de Kim Jee-woon avec
Arnold Schwarzenegger, Johnny Knoxville, Forest Whitaker, Eduardo Noriega, Peter
Stormare, Jaimie Alexander, Rodrigo Santoro, Luis Guzmán, Zach Gilford, Génesis
Rodríguez, Daniel Henney, Tait Fletcher, John Patrick Amedori, Harry Dean
Stanton, Titos Menchaca.
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