Le
monstre en blue-jean dont il est question dans ce film d’Ivan Lai, cinéaste qui
a beaucoup œuvré dans le Catégorie III lors de sa grande époque (et notamment
en réalisant Daughter of darkness)
est Tsu (Shing Fui-on), policier de son état, futur papa et époux de Chu
(Pauline Wong). Il est un monstre non pas à cause de son physique particulier
et Shing Fui-on est une gueule du cinéma de Hong Kong, un des ses acteurs qui
depuis plus de vingt ans hantent les polars avec son faciès de brute épaisse
qui sait, d’un sourire, devenir le mari le plus gentil de la terre. S’il est
devenu un monstre, c’est parce qu’il a trop écouté son pote Big (Tse Wai-kit),
exemple parfait de la plaie qui s’incruste toujours et dont on ne sait pas
comment on se débarrasse. Personnage certes comique tendance grotesque de pure
tête à claques qui permet au héros d’acquérir les faveurs du public.
Big
est un vieil ami de Tsu, ils sont comme frères avec les avantages (il est indic
et connait toujours les mauvais coups des triades) et les inconvénients (il est
très collant, sans gêne et énerve Chu). En début de film, alors que Tsu et Chu
doivent aller à la clinique pour passer un examen pour le futur bébé, Big donne
à Tsu un tuyau : des cambrioleurs vont s’attaquer à une banque. Il part
sur le champ, laissant sa femme furieuse rentrer seule et file arrêter les
méchants. Et quand j’écris méchants, ça veut dire qu’ils flinguent aux armes
lourdes tout le monde dans la banque en ricanant très fort, en n’hésitant pas à
tirer dans le tas avant de s’enfuir avec le pognon. Conséquence : course
poursuite dans les rues de Hong Kong, puis gunfight dans un terrain vague,
enfin – surprise – Tsu ne vainc pas les malfrats. Bien au contraire, il meurt,
un tuyau lui transperçant le ventre.
C’est
finalement rare qu’un héros meurt au bout de vingt minutes de film, enterré
sous un monceau de ferraille. Un orage éclate et un éclair va le ressusciter. The Blue jean monster commence alors sa
partie comédie de fantôme car Tsu doit d’abord lui-même comprendre qu’il est
devenu un zombie, mais avec la plupart de ses facultés intellectuelles et
physiques. C’est la meilleure partie. Shing Fui-on est à la fois balourd et
convaincant dans ce rôle de flic zombie. Une série de quiproquos se développe.
D’abord avec son ami Big, encore incrusté chez lui, et qui mangera les nouilles
sorties du trou de son abdomen, trou causé par le tuyau et que Tsu tentera de
boucher avec de la pate à cookie, qui cuira et que Big mangera. Jusqu’à ce
qu’il comprenne où ces aliments ont
trainé. Tsu expliquera à son pote sa situation.
En
fait, Tsu est obligé pour continuer de survivre (quel terme employer
finalement ?) de s’injecter des doses d’électricité. Avant que Big ne soit
au courant, Tsu s’applique un fer à repasser, l’autre croit qu’il s’électrocute
et va le sauver. Là aussi quiproquo, sexuel cette fois : Chu s’est
persuadée que son époux et Big sont devenus gays et amants. Elle les a trouvé
l’un sur l’autre dans des mouvements langoureux. Or, parce qu’il est mort, il
ne pouvait plus avoir une érection et il l’a délaissée la nuit suivante. Non
seulement cela donne droit à des répliques affligeantes (une amie de Chu lui
dit qu’il faut se méfier des homos parce qu’ils donnent le sida) et des
situations stupides (Chu et cette amie, décidément d’une bêtise crasse, décident
d’engager une prostituée (Amy Yip) pour le remettre dans le droit chemin).
On
ne peut pas dire que les femmes ont le beau rôle dans The Blue jean monster. Cela ne va pas s’arranger avec le personnage
de Gucci (Gloria Yip), qui entre dans l’aventure en se trouvant sur le lieu du
cambriolage. Prise en otage, elle va parvenir à s’échapper non sans avoir piqué
un sac plein de billets aux malfrats qui, bien entendu, vont vouloir le
récupérer. Une fois les navrants et pas drôles quiproquos sexuels finis, la
baston contre les méchants peut reprendre. Mais maintenant il faut supporter le
jeu passablement mauvais de Gloria Yip, qui en fait des tonnes. On espère
vraiment que les bandits vont la flinguer. Mais même pas. Mal scénarisé, le film,
dans sa dernière partie, lorgne du côté de John Woo (Shing Fui-on avait joué
dans The Killer) sans arriver à
l’égaler.
The
Blue jean monster (著牛仔褲的鍾馗, Hong Kong, 1990) Un film de Ivan Lai avec Shing Fui-on,
Pauline Wong, Tse Wai-kit, Gloria Yip, Amy Yip, Kunimura Jun, Amy Wu.
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