Présenté
par Quentin Tarantino, produit et scénarisé par Eli Roth, interprété, scénarisé
et réalisé par RZA, L’Homme aux poings
de fer débute sur un générique en anglais et chinois et se lance avec la
douce et chaude voix de RZA qui narre, en voix off, la situation au Jungle
Village où se déroule l’action du film situé dans une Chine plus ou moins
intemporelle, comme dans un classique de la Shaw Brothers. Sur ordre de
l’empereur (Terence Yin), Silver Lion (Byron Mann) décide avec son petit frère
Bronze Lion (Cung Le) de prendre le pouvoir au sein de son clan et tue
son père Golden Lion (Chen Kuan-tai). Cet assassinat ce produit grâce au sabre
conçu par Thaddeus Smith (RZA), le forgeron du village qui regrette que les
armes qu’il fabrique servent à de si noirs desseins. Le village va devenir le
centre d’une bataille de pouvoir où les morts sanglantes et violentes vont
s’accumuler.
Arrive
tout d’abord Zen Yi (Rick Yune), le fils naturel de Golden Lion qui se voit
ainsi spolié de son héritage par son frère adoptif. Zen Yi vivait avec sa
fiancée Chi Chi (Zhu Zhu) sur des monts éloignés. Spécialiste des dagues et
autres lames dissimulées dans son armure, il part immédiatement venger son
père. Puis, débarque Jack Knife (Russell Crowe), baroudeur vêtu comme un
cow-boy qui se dirige immédiatement après son arrivée au bordel de la ville, le
bien nommé Pink Blossom où la tenancière, Madame Blossom (Lucy Liu) l’accueille
avec bonheur. Jack Knife est lui aussi un expert en lame. La sienne cache un
pistolet et il n’hésite pas à éventrer un gros chinois déclanchant un gros jet de sang
devant les prostituées. Enfin le personnage principal, Thaddeus Smith est amoureux de Lady Silk (Jamie Chung),
l’une des filles du bordel qu’il espère racheter à sa patronne. Voici pour les
trois gentils du film même si ces « gentils » le sont à peine, d’ailleurs
vu son comportement, on hésite longtemps à classer Jack Knife dans les gentils.
Et
les trois méchants sont donc Silver Lion, cheveux hirsutes et vêtements en
peaux de bêtes, comme tous les hommes de son clan. Il veut le pouvoir et rien
ne l’empêchera de l’avoir. Il tue, avec un sourire narquois et un rire
sardonique, tous ceux qui se mettent sur son passage. La première partie du film
est ainsi ponctuée de scènes de combats chorégraphiées par Corey Yuen où les personnages exercent un kung-fu aérien et non réaliste gorgé d’effets
spéciaux. Beaucoup de personnages adversaires donc mais aussi beaucoup de
confusion dans le scénario. A vrai dire, il est un peu difficile de comprendre
pourquoi tant de protagonistes (tels les combattants Gemini, Andrew Lin et Grace Huang)
viennent juste faire un coucou avant de mourir dans d’atroces souffrances.
Autre méchant, le costaud Brass Body (Dave Baustita) qui a le pouvoir de
transformer sa peau en bronze et donc résiste à toutes les lames. Enfin, Poison
Dagger (Daniel Wu), adjoint du gouverneur portant des cheveux blonds comme
l’eunuque inspiré des films de Dragon
Gate.
On
sent bien que RZA aime ce cinéma d’arts martiaux et kung-fu et qu’il veut leur rendre hommage. On en retrouve de nombreuses figures imposées et tout d’abord
ce décor unique et central de l’action, la maison close très rose où les enjeux
se produisent. On y retrouve, dans la deuxième partie, le mythe du sabreur
manchot quand Thaddeus Smith se voit priver de l’usage de ses bras par Silver
Lion. Alors que Jack Knife le soigne de cette grave et irréversible blessure,
un long flashback explique comment ce noir américain a débarqué dans ce village
paumé de Chine. On y aperçoit quelques secondes Pam Grier (méconnaissable) et
Gordon Liu dans son éternel rôle d’abbé de Shaolin qui va enseigner la sagesse
et les arts martiaux à Thaddeus. Puis, la troisième partie se lance dans les règlements
de compte : les gentils contre les méchants avec au milieu Madame Blossom
et ses filles de joie.
Pourtant
L’Homme aux poings de fer ne
convainc qu’à moitié, ne trouvant jamais sa vraie voie entre pastiche assumé et
véritable film de sabre au premier degré. D’un côté, on y entend du rap et de
la musique habituellement dévolue au western. Mais cela était parfois le cas
dans les films de kung-fu hongkongais des années 1970. On sent d’un autre côté,
la volonté de RZA et Eli Roth d’offrir au spectateur un film d’action comme on
en faisant alors où le spectateur en aura pour son argent, où les somptueux
décors seront détruits par les combattants, où le sang giclera jusqu’à obturer
la caméra. Et c’est vrai qu’on s’amuse souvent, bien que l’humour soit absent
ou navrant et que tout soit très sérieux. Mais on ne peut pas s’empêcher de
penser qu’à l’époque et même parfois encore maintenant quand Tsui Hark est en
forme, ce qui plait c’est de voir de l’artisanat plutôt que des effets spéciaux
grandiloquents, des artistes martiaux qui se battent en plein cadre plutôt que
des plans de trois secondes avec des travellings partout et des personnages
moins nombreux mais plus sympathiques.
L’Homme aux poings de fer (The
Man with the iron fists, Etats-Unis – Hong Kong, 2012) Un film de RZA avec RZA,
Russell Crowe, Lucy Liu, Byron Mann, Jamie Chung, Rick Yune, Dave Bautista, Cung
Le, MC Jin, Gordon Liu, Chen Kuan-tai, Leung Kar-yan, Andrew Lin, Grace Huang,
Telly Liu, Xue Jingyao, Pam Grier, Zhu Zhu, Daniel Wu, Andrew Ng, Terence Yin.
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