mercredi 2 janvier 2013

L’Homme aux poings de fer


Présenté par Quentin Tarantino, produit et scénarisé par Eli Roth, interprété, scénarisé et réalisé par RZA, L’Homme aux poings de fer débute sur un générique en anglais et chinois et se lance avec la douce et chaude voix de RZA qui narre, en voix off, la situation au Jungle Village où se déroule l’action du film situé dans une Chine plus ou moins intemporelle, comme dans un classique de la Shaw Brothers. Sur ordre de l’empereur (Terence Yin), Silver Lion (Byron Mann) décide avec son petit frère Bronze Lion (Cung Le) de prendre le pouvoir au sein de son clan et tue son père Golden Lion (Chen Kuan-tai). Cet assassinat ce produit grâce au sabre conçu par Thaddeus Smith (RZA), le forgeron du village qui regrette que les armes qu’il fabrique servent à de si noirs desseins. Le village va devenir le centre d’une bataille de pouvoir où les morts sanglantes et violentes vont s’accumuler.

Arrive tout d’abord Zen Yi (Rick Yune), le fils naturel de Golden Lion qui se voit ainsi spolié de son héritage par son frère adoptif. Zen Yi vivait avec sa fiancée Chi Chi (Zhu Zhu) sur des monts éloignés. Spécialiste des dagues et autres lames dissimulées dans son armure, il part immédiatement venger son père. Puis, débarque Jack Knife (Russell Crowe), baroudeur vêtu comme un cow-boy qui se dirige immédiatement après son arrivée au bordel de la ville, le bien nommé Pink Blossom où la tenancière, Madame Blossom (Lucy Liu) l’accueille avec bonheur. Jack Knife est lui aussi un expert en lame. La sienne cache un pistolet et il n’hésite pas à éventrer un gros chinois déclanchant un gros jet de sang devant les prostituées. Enfin le personnage principal, Thaddeus Smith est amoureux de Lady Silk (Jamie Chung), l’une des filles du bordel qu’il espère racheter à sa patronne. Voici pour les trois gentils du film même si ces « gentils » le sont à peine, d’ailleurs vu son comportement, on hésite longtemps à classer Jack Knife dans les gentils.

Et les trois méchants sont donc Silver Lion, cheveux hirsutes et vêtements en peaux de bêtes, comme tous les hommes de son clan. Il veut le pouvoir et rien ne l’empêchera de l’avoir. Il tue, avec un sourire narquois et un rire sardonique, tous ceux qui se mettent sur son passage. La première partie du film est ainsi ponctuée de scènes de combats chorégraphiées par Corey Yuen où les personnages exercent un kung-fu aérien et non réaliste gorgé d’effets spéciaux. Beaucoup de personnages adversaires donc mais aussi beaucoup de confusion dans le scénario. A vrai dire, il est un peu difficile de comprendre pourquoi tant de protagonistes (tels les combattants Gemini, Andrew Lin et Grace Huang) viennent juste faire un coucou avant de mourir dans d’atroces souffrances. Autre méchant, le costaud Brass Body (Dave Baustita) qui a le pouvoir de transformer sa peau en bronze et donc résiste à toutes les lames. Enfin, Poison Dagger (Daniel Wu), adjoint du gouverneur portant des cheveux blonds comme l’eunuque inspiré des films de Dragon Gate.

On sent bien que RZA aime ce cinéma d’arts martiaux et kung-fu et qu’il veut leur rendre hommage. On en retrouve de nombreuses figures imposées et tout d’abord ce décor unique et central de l’action, la maison close très rose où les enjeux se produisent. On y retrouve, dans la deuxième partie, le mythe du sabreur manchot quand Thaddeus Smith se voit priver de l’usage de ses bras par Silver Lion. Alors que Jack Knife le soigne de cette grave et irréversible blessure, un long flashback explique comment ce noir américain a débarqué dans ce village paumé de Chine. On y aperçoit quelques secondes Pam Grier (méconnaissable) et Gordon Liu dans son éternel rôle d’abbé de Shaolin qui va enseigner la sagesse et les arts martiaux à Thaddeus. Puis, la troisième partie se lance dans les règlements de compte : les gentils contre les méchants avec au milieu Madame Blossom et ses filles de joie.

Pourtant L’Homme aux poings de fer ne convainc qu’à moitié, ne trouvant jamais sa vraie voie entre pastiche assumé et véritable film de sabre au premier degré. D’un côté, on y entend du rap et de la musique habituellement dévolue au western. Mais cela était parfois le cas dans les films de kung-fu hongkongais des années 1970. On sent d’un autre côté, la volonté de RZA et Eli Roth d’offrir au spectateur un film d’action comme on en faisant alors où le spectateur en aura pour son argent, où les somptueux décors seront détruits par les combattants, où le sang giclera jusqu’à obturer la caméra. Et c’est vrai qu’on s’amuse souvent, bien que l’humour soit absent ou navrant et que tout soit très sérieux. Mais on ne peut pas s’empêcher de penser qu’à l’époque et même parfois encore maintenant quand Tsui Hark est en forme, ce qui plait c’est de voir de l’artisanat plutôt que des effets spéciaux grandiloquents, des artistes martiaux qui se battent en plein cadre plutôt que des plans de trois secondes avec des travellings partout et des personnages moins nombreux mais plus sympathiques.

L’Homme aux poings de fer (The Man with the iron fists, Etats-Unis – Hong Kong, 2012) Un film de RZA avec RZA, Russell Crowe, Lucy Liu, Byron Mann, Jamie Chung, Rick Yune, Dave Bautista, Cung Le, MC Jin, Gordon Liu, Chen Kuan-tai, Leung Kar-yan, Andrew Lin, Grace Huang, Telly Liu, Xue Jingyao, Pam Grier, Zhu Zhu, Daniel Wu, Andrew Ng, Terence Yin.

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