Johnnie
To et les fantômes, c’est une longue histoire qui a commencé en 1986 avec Happy
ghost III, s’est poursuivi avec Le
Petit revenant (les deux films sont produits par l’inénarrable Raymond Wong
Bak-ming) puis a continué avec Wai Ka-fai (My
left eye sees ghosts en 2002 et Mad detective
en 2007). Le fantôme ici est un enfant, le petit Bobo (Cheng Pak-lam), habillé
avec son uniforme de base-ball. En début de film, ses parents – fortunés –
quittent leur immense demeure par désespoir d’avoir perdu leur fils. Ce dernier
pouvant les voir mais ne parvenant pas à se faire voir.
Le but du
film de Johnnie To est donc de faire en sorte que Bobo puisse se réincarner
pour enfin avoir une nouvelle belle vie. Qui va l’aider ? King (Tony Leung
Chiu-wai) et Meng (Kent Cheng), préposés aux parcmètres, célibataires et
passionnés d’électronique. Ce qui veut dire en gros que les deux collègues vont
découvrir l’existence de ce petit revenant grâce à la tentative de séduction
qu’ils exercent sur Mona (Sonia Su) et sa cousine (Kingdom Yuen). Les deux
femmes se trouvent être les cousines du petit Bobo.
Johnnie
To cherche à produire un film de fantômes non pas tourné vers le passé, avec
des revenants qui se déplacent en sautillant, avec des talismans que les
vivants apposent sur le front des fantômes pour se protéger. Le cinéaste
s’éloigne de la mode de l’époque des fantômes pour faire de l’électronique le
moyen de pénétrer dans le royaume des morts. Le professeur Lion Head (John
Shum), savant un peu fou va aider le quatuor à communiquer avec Bobo. Les lieux
où vivent les défunts anticipent les bas-fonds des deux Heroic
trio, lumière bleue et grands mouvements de caméra (le film a été
co-réalisé officieusement par Ching Siu-tung).
A vrai
dire, le scénario du Petit revenant
n’a aucune importance, les personnages ne font que des allers et retours entre
les mondes de vivants et des morts. Ici, le méchant ultime du film est Cheap
Chan (Anthony Wong). L’acteur joue un cousin du petit Bobo, un homme
maléfique qui a enlevé le gamin contre
une rançon caché dans une peluche. Sauf que le gamin a été étouffé par toutes
ses peluches et qu’il est mort. Anthony Wong excellait dans ces rôles de taré.
Pour camper ce cousin dégénéré, il postillonne à chaque mot et avale goulument
sa salive avec un grand « slurp » chaque fois qu’il a commis un acte
répréhensible.
Du coup,
chacune des apparitions de l’acteur est attendue avec une certaine impatience,
d’autant que les personnages des gentils ne sont pas forcément intéressants.
Tony Leung Chiu-wai doit ainsi se contenter de jouer un joli jeune homme bien
propre sur lui et qui n’attend que l’amour. On lui demande de sourire
gentiment. L’acteur ne jouera plus jamais dans un film de Johnnie To. De plus,
les romances plaquées sur son personnage avec Sonia Su sont fades. Le Petit revenant est ainsi constitué
de deux films, l’un gentil et sans saveur, l’autre pervers où le méchant se
permet les pires horreurs. C’est ce côté que Johnnie To développera dans ses
films suivants, notamment avec Anthony Wong.
Le Petit
revenant (Lucky encounter, 踢到寶,
Hong Kong, 1992) Un film de Johnnie To avec Tony Leung Chiu-wai, Kent Cheng,
Cheng Pak-lam, Anthony Wong, Sonia Su, Kingdom Yuen, John Shum, Wong Yat-fei,
Sylvia Chang.
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