Près
de dix ans après le film éponyme d’Akira Kurosawa, Toshiro Mifune reprend son
personnage de Yojimbo (qu’il a joué
aussi dans Sanjuro). Yojimbo
signifie garde du corps en japonais. Dans Zatoichi
contre Yojimbo, il est à la solde d’un parrain local, Masagoro (Sakatoshi
Masakane). Constamment ivre, volontiers râleur et amoureux de Umeno (Ayako
Wakao) la tenancière de l’auberge dans laquelle il passe le plus clair de son
temps, Yojimbo se verra confier la mission de se débarrasser de Zatoichi (Shintaro Katsu) contre 100 ryos.
Pourquoi
notre masseur aveugle, qui apparait dans ce film le crâne rasé, se
retrouve-t-il là ? Il retourne dans un village qu’il a visité trois ans
auparavant. Il espère y retrouver le calme qui l’avait enchanté. De loin, il
entend le bruit familier du marteau du forgeron mais ce dernier, quand Zatoichi
s’adresse à lui, ne répond pas. Il va vite constater, tandis qu’il compte
prendre tranquillement un bain, que le lieu a bien changé. Il est désormais
hanté par des hordes de yakuzas tatoués qui viennent l’embêter en plongeant
dans l’eau apaisante.
Zatoichi
se fait expulser du village par les yakuzas. C’est l’occasion de retrouver le
vieux Hyoroku (Kanjûrô Arashi) qui lui raconte la grave famine qui a sévi et la
domination du village par les yakuzas. Il taille, en hommage aux victimes, 130 petites
sculptures qu’il pose à l’entrée du village. Faites en pierre, elles ne
contrastent pas avec l’atmosphère locale. Le sol est gris, rocailleux, la
végétation est rare. Zatoichi dira plus tard de ce lieu dévasté par la
sécheresse comme par les yakuzas qu’il ressemble à l’enfer.
L’affrontement
entre Zatoichi et Yajimbo promis par le titre est sans cesse repoussé, comme
pour maintenir le suspense. Ils se rencontrent chez Umeno, partage un peu de saké.
Yojimbo traitera Zatoichi de monstre, ce dernier de brute. Il se joue en eux un
jeu du chat et de la souris, non sans une certaine dose d’humour. Chacun
cherchera à être le plus vénal auprès de leur patron. Yojimbo humilie
constamment Masagoro qui se trouve être le fils félon d’Eboshiya (Osamu
Takizawa), propriétaire d’une importante fabrique de tissus. Il s’agit aussi
pour les deux acteurs d’un concours de cabotinage.
Eboshiya
est le détenteur d’un secret : il a caché dans le village de l’or.
Personne ne sait où il se trouve et chacun le cherche. Le film fait ainsi
défiler les visiteurs avides d’argent facile. Un inspecteur corrompu, puis
Kuzuyu (Shin Kishida) un samouraï cruel et Goto (Toshiyuki Hosokawa) le second
fils d’Eboshiya devenu un homme important à Edo, sans oublier une bande de
mercenaires venus chercher une part du magot. Zatoichi contre Yaojimbo souffre
d’un rythme dilaté sur près de deux heures (le plus long épisode de la saga)
ponctué de longues scènes de dialogues explicatives. Légèrement ennuyeux, le
film a pourtant été l’un des plus gros succès de la saga.
La
Légende de Zatoichi 20 : Zatoichi contre Yojimbo (座頭市と用心棒, Japon, 1969) Un film
de Kihachi Okamoto, Toshiro Mifune,
Sakatoshi Masakane, Ayako Wakao, Osamu Takizawa, Masakane Yonekura, Shin
Kishida, Kanjûrô Arashi, Toshiyuki Hosokawa, Shigeru Kôyama, Minoru Terada, Hideo
Sunazuka, Daigo Kusano, Fujio Tsuneda.
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