mercredi 15 janvier 2014

Strange bedfellow


Parfois regarder un film est une épreuve tant ce qui apparait devant mes yeux est un mélange de narration imprécise, de mise en scène poussive et de cabotinage éhonté des acteurs. Strange bedfellow est pénible à regarder. Film à sketches sans réelle hétérogénéité, si ce n’est que les trois histoires parlent de problèmes de couples, en l’occurrence des soucis que les femmes créent aux hommes. Et non l’inverse car les points de vue adoptés par la narration sont ceux des hommes, Eric Tsang d’abord, puis Anthony Chan et enfin Alfred Cheung. Le partenaire de lit étrange (pour traduire le titre générique) est donc la femme.

Je vais rapidement passer sur les sketches de Lo Kin et Alfred Cheung. Dans Identikit love, Anthony Chan est médecin légiste. Il doit reconstituer l’identité d’une femme à partir d’un crâne. Il reçoit la visite d’une femme prénommée Winnie (Yoshiko Watanabe), comme le nom du bateau appartenant à son époux (David Lam) qui l’a tuée en ouverture du court-métrage. Le problème ici vient du jeu insupportable d’Anthony Chan, roulant des yeux devant la plastique de Winnie qui joue les mijaurées. Le sketch tente de créer une tension proche des films de fantômes, mais là encore le pénible sur-jeu de l’acteur ne parvient à créer de la peur.

Dans Betwixt twins, Alfred Cheung et Cecilia Yip forment un couple parfait bien qu’il ait une liaison avec une autre femme. Il compte la quitter mais son épouse ne l’entend pas de cette oreille. Elle décide de se venger de la manière la plus cruelle qui soit : en ébouillant son mari. On avait déjà constaté sa cruauté quand elle jette de l’eau bouillante sur un pauvre rat. Il s’avérera également qu’elle a une sœur jumelle dont elle a pris la place par pure perversion. Alfred Cheung, qui n’est pas le meilleur acteur de Hong Kong ni son meilleur cinéaste, fait ce qu’il peut pour montrer son angoisse. Ça ne fonctionne pas d’autant que les coups de théâtre sont platement amenés.

Dragon seeding, le court-métrage réalisé par Eric Tsang est plus intéressant sans être tout à fait réussi. Il choisit de faire un film de science fiction. Dans un futur relativement proche, les femmes ont pris le pouvoir et les hommes restent au foyer. Eric Tsang est donc l’homme à tout faire de Candice Yu, son épouse débordée par le travail, qui arrive tard le soir, met les pieds sous la table en attendant le repas. L’idée est simplement d’inverser les rôles prédéfinis, tels qu’ils étaient en vigueur en 1986, et encore maintenant d’ailleurs. Ainsi, Candice Yu est une femme forte et décidée et Eric Tsang un homme ignorant et craintif.

Ils envisagent d’avoir un enfant mais parce qu’elle n’a pas le temps de le porter, il devra naitre par insémination artificielle. Ils auront une fille, ainsi en a-t-elle décidé. Le film imagine un monde futuriste dans les décors (des grands espaces blanc, des ordinateurs partout), dans les costumes (les tenues sont futuristes, c’est-à-dire comme dans un vieil épisode de Star Trek). Les dialogues se contentent de décrire ce monde au personnage d’Eric Tsang, qui semble tout ignorer du monde dans lequel il vit. On rit un peu de cette tentative de science fiction où Eric Tsang tombe enceint. Mais ce qui intéresse plus, c’est l’habileté qu’il a eu d’utiliser des immeubles contemporains de Hong Kong pour en faire un monde du futur.

Strange bedfellow (兩公婆八條心, Hong Kong, 1986) Un film en trois sketches : Dragon seeding (龍的種) d’Eric Tsang avec Eric Tsang, Candice Yu, Carol Gordon ; Identikit love (本來面目) de Lo Kin avec Anthony Chan, Yoshiko Watanabe, David Lam, Billy Lau ; Betwixt twins (雙生傷生) d’Alfred Cheung avec Alfred Cheung, Cecilia Yip.

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