lundi 3 mars 2014

The White storm


Trois amis, unis pour la vie depuis leur adolescence, sont devenus flics à la brigade anti-stups. Tin (Lau Ching-wan), célibataire, est le leader du groupe. Il est l’idole de Wai (Nick Cheung) depuis que son père est mort quand il avait 13 ans que Tin l’a pris sous sa protection. Chow (Louis Koo) est mariée et sa femme attend un bébé mais il ne peut pas la voir souvent car il est un flic infiltré dans les triades. Il n’apparait au foyer familial que quand il est blessé ou trop soûl pour aller ailleurs.

Chow veut revenir dans la brigade comme un policier normal, il ne veut plus avoir à passer pour un membre des triades vendeur de drogues, il veut pouvoir voir sa femme et assister à son accouchement. Mais Tin parvient à le convaincre de finir la mission dans laquelle il espère arrêter la bande de malfrats. L’ouverture de The White storm montre habilement le chaos du monde de la drogue (montage très rapide, images saturées, musique tonitruante) et l’oppose immédiatement avec les trois amis qui mangent calmement, filmés en longs plans d’ensemble.

La première mission où des dizaines de policiers tendent un piège au boss se solde par un cuisant échec. On compte beaucoup de morts des deux côtés, policiers et truands, Tin reproche à ses supérieurs d’avoir lancé l’assaut trop tôt. Benny Chan filme avec vivacité ce premier assaut avec des ralentis pendant les gunfights, des plans caméras à l’épaule avec les courses poursuites et beaucoup d’explosion en tout genre. On est assez vite pris dans la profusion des plans qui séduisent et convainquent.

La mission échoue mais Tin veut la poursuivre, cette fois en traquant, en Thaïlande, le fournisseur d’héroïne. Direction Bangkok pour une nouvelle filature où Chow doit servir de guide à Tin et Wai. La scène est cette fois plus longue, avec encore plus de coups de feu, plus de méchants à abattre mais moins de policiers. Mais la mission est encore un grave échec. L’identité de Chow menace d’être dévoilée aux trafiquants thaïs (suspense un peu poussif). Enfin, une troisième filature et chasse aux trafiquants est engagée, cette fois au milieu de la jungle thaïlandaise.

Cela est l’un des problèmes majeurs de The White storm. L’impression de répétition du scénario se fait de plus en plus pesante, comme si les scénaristes se devaient de faire dans la surenchère pour satisfaire un spectateur qu’il juge insatiable. Seulement voilà, le mécanisme est chaque fois le même, seules quelques variations entrent en compte. Ils traquent les trafiquants, Chow renseigne Tin et Wai, le rouage est brisé et tout se termine par un déluge d’explosions. Non pas que cela ne soit pas agréable, notamment la troisième tentative avec des hélicoptères qui tirent à tout va, mais tout est trop similaire.

L’ambition du cinéaste est de trouver un équivalent contemporain et actuel à Une balle dans la tête. On retrouve les mêmes caractérisations des personnages que dans le film de John Woo, le séjour en Thaïlande remplace celui au Viêt Nam. Le sentimentalisme et le lyrisme sont poussés à leur paroxysme. Par la nostalgie d’abord quand les trois amis se rappellent leur adolescence heureuse en chantant une chanson d’Adam Cheng qui les a marqués. En se jurant une fidélité indéfectible malgré l’adversité, malgré les disputes et l’autoritarisme de Tin.

Et dans la deuxième heure (le film fait deux heures et quart quand même), tout retombe. Le séjour en Thaïlande les a lourdement traumatisés et The White storm se lance dans un nouveau récit cinq ans plus tard. Les personnages évoluent de manière poussive. Le personnage de Chow s’englue dans une mièvrerie dans sa relation avec sa femme Chloe (Yuan Quan) et leur fille. Elle refuse qu’il la voie. Le super méchant du film (Lo Hoi-pang) est au-delà du caricatural. Et le pire de tout est un retournement de situation tellement improbable et mal amené qu’il finit par laisser dans un sentiment de gâchis général.

The White storm (掃毒, Hong Kong, 2013) Un film de Benny Chan avec Nick Cheung, Lau Ching-wan, Louis Koo, Yuan Quan, Ben Lam, Ken Lo, Lo Hoi-pang, Elanne Kong, Hou Yong, Berg Ng, Wang Zhi-fei, Vittaya Pansingram, Treechada Petcharat, Helena Law, Xing Yu.

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