vendredi 22 février 2008

Wing Chun


Le début de l’année 2008 est déprimant. Les films de plus de 2h30 sont légions et rarement rigolos. Par exemple, Le Libre arbitre (Mathias Glasner, Allemagne) suit pendant 2h48 un violeur qui risque de récidiver. Certains films à durée standard ne sont pas plus drôles. Voilà la guerre en Irak : le racolage de Battle for Aditha, l’ambiguïté de Redacted de Brian De Palma, le didactisme du Cahier d’Hana Makhmalbaf (elle, elle est allée en Afghanistan). Voilà pourquoi je me divertis en ce moment pour ne pas sombrer dans la dépression la plus noire. Donc merci à S., de son exil parisien, de m’avoir envoyer ce petit film de Yuen Woo-ping. Quand il habitait encore à Grenoble, nous étions allé voir ensemble Taï-chi master, toujours de Yuen, mais avec Jet Li. Je ne me rappelle pas trop le film, si ce n’est qu’on l’avait vu en VF. Et oui, c’est ça la province.

Je crois que Yuen Woo-ping est un mauvais. Quand il tourne pour de bons acteurs, le film est bon (ceux avec Jackie Chan, ceux avec Sammo Hung). Quand il tourne avec des acteurs pas géniaux, ses films ne sont pas géniaux. Michele Yeoh n’est pas la plus grande actrice de Hong Kong, loin de là. L’ambassadrice de L’oréal fût une bonne artiste martiale, une actrice pas terrible, mais jolie. Yuen Woo-ping n’est pas un imbécile. Les scènes d’action et de baston de Wing Chun sont formidables. C’est bien le moins. Les scènes de comédie sont ringardes. C’est dommage mais c’est comme ça.

Donnie Yen est aussi dans Wing Chun. Il arrive au bout de 35 minutes. C’est marrant de le voir jeune (il avait 30 ans) pas encore musclé après avoir tant soulevé de fonte. Donnie Yen n’est pas un bon acteur lui non plus. Plus mauvais que lui, c’est dur de trouver. Mais il sait bien se battre. A l’époque, il essayait d’être une star dans la lignée de Jackie Chan (ah ! les grimaces pour faire rire). Aujourd’hui qu’il est une star de Hong Kong, il n’est pas meilleur acteur mais il s’en fout. Son jeu consiste aujourd’hui à mettre des vêtements serrés pour souligner ses muscles. Ou mieux, se mettre torse nu. Ici, il reste toujours en costume traditionnel.

L’histoire de Wing Chun : celle de trois femmes. On est dans une Chine en costumes. Michele Yeoh est Wing Chun. Elle sait se battre, ce qui n’est pas bien vu. Une femme ne se battait pas à cette époque. Cinématographiquement, Yuen Woo-ping évoque les premiers wu xia pian où les femmes étaient les héroïnes. C’étaient elles qui se battaient avant que Chang Cheh ne masculinise le genre. Les deux autres femmes sont la propriétaire d’un magasin de tofu (interprétée par Cheng Pei-pei). Une femme bavarde, frustrée et qui se mêle toujours des affaires des autres. Et aussi Yim Neung (Catherine Hung), jeune et jolie veuve qui va attirer tous les regards des hommes, forcément lubriques. Les trois femmes sont célibataires.

Ça tombe, il y a trois hommes dans le film. Waise Lee est le Lettré Wong. Il a beau être lettré, il est stupide. La seule chose qui l’intéresse est de coucher avec Yim Neung. Donnie Yen joue Leong qui revient, après dix ans d’études, dans son village. Il était promis à Wing Chun. Le ballot ne la reconnaît pas, il la prend pour un homme et croit qu’elle est fiancée à Yim Neung, qu’il prend pour Wing Chun. Yuen Woo-ping fait durer ce théâtre de boulevard pendant au moins 40 minutes. Chapeau bas ! Dernier personnage masculin marquant : le méchant évidemment interprété par Norman Tsui. Une habitude chez lui. Il est le chef des bandits et va se battre avec sa grosse et lourde lance (oui, il faut y voir une connotation phallique) contre Wing Chun.

Wing Chun parle de cul, de sexe, de relations amoureuses avec une pudibonderie très habituelle. La seule scène de sexe, entre le Lettré Wong et la marchande de tofu, est invisible, derrière des rideaux. Les scènes de comédie sont drôles mais à condition d’apprécier les blagues salaces, les grimaces prolongées et les coups de pied au cul. Parfois, ça me mélange comme quand Michele Yeoh balance une boule de feu dans l’entrejambe du bras droit de Norman Tsui. Les chorégraphies de Yuen Woo-ping et de son équipe sont très différentes de celles de ses films antérieurs. Elle semblent largement inspirées par celle de Ching Siu-tung. Wing Chun est ce qu’on appelle un agréable divertissement familial. Pas plus ni moins.

Wing Chun (咏春, Hong Kong, 1994) Un film de Yuen Woo-ping avec Michele Yeoh, Catherine Hung, Cheng Pei-pei, Donnie Yen, Waise Lee, Norman Tsui.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il ya évidemment beaucoup de choses à savoir à ce sujet. Je pense que vous avez fait quelques bons points dans les reportages également. Continuez à travailler, excellent travail!