samedi 21 janvier 2012

Samourai reincarnation


Il y a 400 ans de cela, des milliers de Chrétiens furent massacrés au Japon dans une volonté de l’empereur d’éradiquer cette religion. Pour être bien certain qu’ils soient morts, les crânes sont parfois fendus par les samouraïs et leurs soldats. Dans la scène d’ouverture de Samourai reincarnation, on découvre dans une atmosphère ténébreuse toute une ribambelle de cadavres largement maquillés. Une pièce de théâtre est jouée devant les samourais, ce qui accentue encore l’aspect impitoyable des assassins, quand soudain Shiro (Kenji Sawada) annonce qu’il se vengera en vengeant son âme à Satan.

Shiro va créer une équipe de zombies, enfin plutôt de combattants qu’il va ressusciter et recruter pour assouvir sa vengeance. Kirimaru Iga (Hiroyuki Sanada) est un jeune sabreur amoureux, Musashi Miyamoto (Ken Ogata) surnommé l’invincible, le prêtre Inshun Hozoin (Hideo Murota), Otama (Akiko Kana) belle femme séduisante au regard vénéneux et le Seigneur Tajima (Tomisaburô Wakayama) forment l’escouade qui va faire trembler le pouvoir du shogun (Noboru Matsuhashi). Toute la première partie du film est consacrée au recrutement. On découvre les raisons de leurs décès. Kirimaru Iga est mortellement blessé lors de l’attaque de son village, Otama a été violée et tuée, Inshun s’est suicidé parce qu’en tant que prêtre il ne pouvait supporter sa frénésie sexuelle. Les interprètes sont maquillés (un peu trop et avec peu de réussite) pour avoir l’aspect de cadavres (peau blanche, yeux rougis, paupières fardées) et adoptent des poses hiératiques. A chacune des apparitions d’un fantôme, une fumée blanche couvre le sol, mais aucun vivant ne semble vraiment le remarquer.

Un seul homme va se trouver en mesure d’affronter la horde de Shiro : Jubei Yagyu (Sonny Chiba) qui se trouve être le propre fils du Seigneur Tajima. Ce dernier l’a initié à l’art du sabre mais, lorsque Jubei était encore enfant, il l’a blessé à l’œil avec un poignard. Jubei porte désormais un bandeau. Jubei comprend très vite deux choses. La première est qu’Otama est partie séduire le shogun. Cela offre quelques scènes érotiques où l’actrice se déshabille et montre sa poitrine et son dos nus. La deuxième est qu’il a affaire à des démons dont seule une épée puissante peut venir à bout. Cette épée doit être confectionnée par un vieil homme, Muramasa (Tetsurô Tanba) qui s’est retiré de la civilisation et habite avec la belle Otsuu (Ai Kanzaki) qui se trouve être la fille rejetée de Musashi. Ce dernier ne rêve que d’une chose : combattre un homme meilleur que lui. Ce sera Jubei.

Samourai reincarnation prend son temps pour développer son récit. Le rythme est très lent comme figé, comme si le scénario se construisait au hasard. Les personnages prennent beaucoup de temps à s’expliquer jusqu’à qu’un combat au sabre arrive. Les scènes de combat sont d’ailleurs extrêmement courtes et peu spectaculaires sur une musique étonnante proche du rock progressif. Celle entre Jubei et Musashi est filmée par exemple au bord de la plage, dure à peine deux minutes. La scène finale entre le Seigneur Tajima et Jubei sera un peu plus longue et se déroule dans le château du shogun en feu. C’est le destin qui se met en route, un destin où le père doit affronter le fils pour lui permettre de vivre. Il faut ajouter à cela une belle scène de foule avec des paysans en révolte contre le shogun qui vont se faire allégrement massacrer. Kinji Fukasaku parle dans ce moment-là des injustices sociales qui semblent bafouées à la fois par le pouvoir (le shogun) et par ceux qui les attise (Shiro et sa bande) pour leurs propres intérêts. Je n’irai pas jusqu’à dire que Samourai reincarnation est un film politique tout de même.

Samurai reincarnation (Japon, 1981) Un film de Kinji Fukasaku avec Sonny Chiba, Kenji Sawada, Akiko Kana, Ken Ogata, Hiroyuki Sanada, Tomisaburô Wakayama, Yûko Asuka, Ai Kanzaki, Naoko Kubo, Noboru Matsuhashi, Hideo Murota, Mikio Narita, Hideo Murota, Tetsurô Tanba, Asao Uchida, Seizô Fukumoto, Jun Hamamura, Hiroshi Inuzuka, Masataka Iwao, Tadashi Naruse, Kayoko Shiraishi, Mizuho Suzuki.

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