dimanche 15 janvier 2012

A Chinese torture chamber story


Comme tout le monde le sait, Wong Jing en plus de ses films qu’il réalise lui-même (et peu importe qu’il laisse ses assistants tourner à sa place comme cela se dit) a produit beaucoup de film (environ 130). Dans ces années bénies, il produit donc A Chinese torture chamber story, film érotique classé Catégorie III donc l’action se situe dans l’ère Ching. L’ouverture montre quelques scènes réjouissantes de torture : l’émasculation d’un homme, du plomb liquide versé dans le crâne d’un autre, une lame qui tranche en deux un troisième, entre autres joyeusetés. Tout cela pour expliquer de manière solennelle qu’on ne badinait pas avec la justice à cette époque. Et aussi un peu parce qu’on est dans un Catégorie III et que Bosco Lam et Wong Jing peuvent se lâcher.

C’est justement dans un tribunal que se trouve Petit Chou (Yvonne Yung) accusée d’avoir tué son époux Got Siu-tai (Wong Kwong-leung) qui a la particularité d’être pourvu d’un très long pénis. Or son sexe a explosé, recouvrant la pièce et le visage de Petit Chou de sang. Le juge Lau Shek-tung (Lo Hung), un homme d’allure sévère, portant une barbe digne de sa fonction, exhibe comme preuve une ordonnance prescrivant un aphrodisiaque à Got, malgré son handicap sexuel. Le juge accuse également le médecin Yang Ni-mu (Lawrence Ng) d’être complice de ce meurtre. La raison en serait simple : Yang est l’amant de petit Chou. Les deux nient toute liaison amoureuse. Pour les faire avouer, Lau Shek-tung, avec un regard lubrique, décide de les soumettre à la torture. Petit Chou qui reçoit vingt coups de badine. Elle ne confesse rien. Puis, ses doigts sont écartelés.

Que s’est-il passé dans la modeste demeure de Got et Petit Chou ? A grands coups de flash-back, tout cela est raconté. Yang Ni-mu engage Petit Chou parce qu’elle a des petits pieds et qu’il fantasme sur les femmes à petits pieds. Mais il est marié à Jane (Ching Mai) qui accepte mal les regards langoureux que son époux pose sur la nouvelle servante. Petit Chou s’est fait immédiatement une ennemie. La sœur de Yang (Oh Yin-hei) dont les tendances lesbiennes sont signalées tout de suite (elle se déshabille devant Petit Chou et l’asticote) va en revanche devenir sa plus fidèle alliée. Quant à la servante de la sœur (Kingdom Yuen), elle soufre de ne pas avoir de poitrine. Elle sera le personnage comique du film, celui qui permet de sourire entre une scène érotique et une scène de torture. Bref, on l’aura compris tous les rapports entre les personnages sont régis par leur sexualité, sexualité qu’ils répriment, cachent et jouissent en cachette.

A Chinese torture chamber story alterne les flashbacks et le récit au présent. Dans le tribunal, le juge devient de plus en plus sévère et vicieux. Il falsifie les preuves car il connait le nom de l’assassin de Got Siu-tai : c’est tout simplement son fils qui a une liaison avec la femme du médecin. Mais le but du jeu ici est de montrer la mauvaise foi du juge, sa manière sadique de mentir pour pouvoir torturer les deux amants. Rien ne leur sera épargné dans l’humiliation. Dans la narration de l’aventure entre Petit Chou et Yang Ni-mu, on découvre les plaisirs charnels divers et variés. En tant que médecin, il invente des instruments pour donner plus de plaisir. C’est certes un peu ridicule mais les actrices se trémoussent en couinant dans tous les sens.

Avec son sens de la démesure, Wong Jing n’hésite pas à aller dans le grotesque avec l’apparition d’Elvis Tsui et Lee Wa-yuet, qui, sur la musique des Wong Fei-hung, font l’amour frénétiquement en défiant les lois de la gravitation. Ils volent de branches en branches, se déloquent en un clin d’œil et baisent. Ou encore la scène où Got Siu-tai se fait branler par Petit Chou et qu’il éjacule des flots de sperme. Mais ce que l’on retient au final est que ce sont les hommes qui décident du désir des femmes. Le film n’est bien sûr en aucun cas un plaidoyer sérieux sur l’injustice et encore moins un chant sur l’amour libre. C’est un film qui tente de flatter la libido du spectateur (je pense que les spectatrices sont un peu exclues) mais avec moins de réussite et moins de beauté que Sex & Zen, qui reste le meilleur film dans le genre.

A Chinese torture chamber story (滿清十大酷刑, Hong Kong, 1994) Un film de Bosco Lam avec Yvonne Yung, Lawrence Ng, Wong Kwong-leung, Ching Mai, Oh Yin-hei, Kenny Wong, Elvis Tsui, Kingdom Yuen, Lee Wa-yuet, Lo Hung, Lee Siu-kei, Liu Fan, Dave Lam.

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