samedi 11 août 2012

Mr. Vampire et les démons de l’enfer


Comme l’indique très bien le titre français, deux récits cohabitent dans Mr. Vampire et les démons de l’enfer. D’une part, une histoire comique de Mr. Vampire où le taoïste chasseur de fantômes est tenu par Richard Ng dans le personnage de Ming, un exorciste qui cherche à profiter de la peur des gens : métaphore de toutes les compagnies concurrentes de la BoHo (Sammo Hung et Leonard Ho) qui ont surfé sur le succès de la franchise sans atteindre la réussite de Ricky Lau. Ming est aidé de deux fantômes, Ta Pao le père (Lui Fong) et Hsi Pao le fils (Hoh Kin-wai), pour s’introduire chez les riches afin de leur soutirer de l’argent. Le taoïste chasse les fantômes complices sauf quand la demeure est réellement hantée et que le plan établi s’écroule face à toute une famille de fantômes mécontents de voir leur tombeau profané (cette vieille et sempiternelle histoire de construction sur les cimetières).

D’une autre part, Oncle Kau (Lam Ching-ying) reprend du service pour cette fois chasser des démons de l’enfer. En l’occurrence une bande de monstres assoiffés de sang menée par une sorcière (Pauline Wong). Le but des démons est de régner sur terre et la bataille sera rude. Les chorégraphies des combats sont violents et lorgnent vers le gore. Kau tranche la tête des démons mais la magie noire de la sorcière leur permet de continuer à survivre : elle sort de sa bouche des vers, les applique sur la plaie et ses créatures repartent à la bataille. Donc, de gentils fantômes qui cette fois parlent et se déplacent sans sautiller et d’affreux démons qui s’expriment en râles et se déplacent en volant. Il est évident que l’influence des Histoires de fantômes chinois de Ching Siu-tung et Tsui Hark sont pour quelque chose dans ce renouveau de la franchise Mr. Vampire qui retourne au début du 20ème siècle.

Comme d’habitude, Kau est aidé de deux assistants dont Chiang (Billy Lau) qui ne cessera pendant tout le film de bien se faire voir de son patron. Chiang est un personnage exaspérant, vaniteux et gênant. Tout ce qu’il entreprend se solde par un échec dont il accuse les autres d’être responsables. Kau devra bien entendu rétablir la situation. Jusqu’à la prochaine gaffe. Il suffit que Kau lui demande de surveiller deux démons féroces, immobilisés grâce à un pinceau talisman sur le front, pour qu’il fasse la farandole, que les pinceaux tombent et qu’il soit dépassé. Ailleurs, il doit surveiller la destruction de ces démons et de la sorcière. Il préfère déléguer à deux sous-fifres et partir flatter son maître au restaurant. Les deux démons auront tôt fait de prendre possession des corps des deux gardiens débutant ainsi une série de catastrophes. Et surtout, Chiang prend en grippe Ming et ses deux fantômes et ne cessent de les harceler.

Ces deux récits devront forcément se mêler, s’interpénétrer et donner une forme à ce troisième épisode, après la nullité du Retour de Mr. Vampire, plus tenu et assez intéressant. Comme les monde des vivants cohabite avec le monde des défunts, la comédie se transforme assez vite en film d’action. L’idée de donner un rôle comique important à Richard Ng face à Lam Ching-ying toujours aussi sérieux fonctionne tout à fait. Les deux personnages s’entendent, se comprennent bien que l’un chasse les fantômes et que l’autre les emploie pour son travail. Le saut qualitatif entre le deuxième épisode et celui-ci est très important notamment dans la séquence finale qui oppose la sorcière et ses deux affreux démons (dont l’un d’eux devient une sorte de monstre purulent) face aux taoïstes et les deux gentils fantômes où, suivant la leçon de Ching Siu-tung et Tsui Hark, les lois de l’attraction volent en éclats.

Mr. Vampire et les démons de l’enfer (Mr. Vampire III, 靈幻先生, Hong Kong, 1987) Un film de Ricky Lau avec Lam Ching-ying, Richard Ng, Lui Fong, Billy Lau, Pauline Wong, Hoh Kin-wai, Baan Yun-sang, Lee Chi-git, Chu Tau, Teddy Yip, Wu Ma, Sammo Hung, Ka Lee, Corey Yuen, Gam Biu, Chow Gam-kong, Cheung Wing-cheung, Pang Yun-cheung, Siu Hung-mooi, Chun Kwai-bo, Tam Yat-ching, Yip So.

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