samedi 21 juin 2014

That demon within


J’ai toujours trouvé que le visage de Daniel Wu avait quelque chose de très enfantin, qu’il dégage une innocence avec ses yeux doux, son nez ronds et ses dents qui se chevauchent. Cette image candide, Dante Lam l’utilise pour montrer toute la bonté et le calme du flic Dave Wong qu’incarne Daniel Wu, en le filmant dans un lent travelling arrière. Dave Wong travaille dans un hôpital public dont il est le gardien, une sorte de policier d’accueil. En voix off, il exprime sa joie d’avoir un travail si tranquille.

Ce visage serein est immédiatement opposé à celui de Hon (Nick Cheung), l’alter ego maléfique de Dave Wong. Hon est membre d’un gang de sept malfrats. On les découvre en ouverture de films priant pour que leur casse de déroule bien. Ils commettent leurs forfaits en portant des masques de démon. Ultra violents, ils n’hésitent pas à utiliser des gros calibres pour tirer sur les flics et les passants. Lors d’un vol de bijoux qui se termine mal, Hon finit à l’hôpital.

Le premier regard entre les deux hommes, le gentil flic et le violent braqueur, a lieu sur deux lits d’hôpital. Dave, avec son bon cœur, accepte de donner un peu de sang à Hon qui en a beaucoup perdu dans la fusillade. Pops (Dominic Lam), comme ses hommes l’appellent, est le chef de la brigade anti-gang et engueule le jeune flic comme du poisson pourri. Alors que plusieurs de ses policiers sont morts, lui sauve le tireur.

Derrière ses allures classiques de film de flics qui chassent les braqueurs, That demon within cherche à dresser le portrait d’un homme mentalement dérangé. Non pas celui de Hon, tueur froid que Nick Cheung incarne encore une fois brillamment, non pas ceux de ses six collègues braqueurs que l’appât du gain va rendre nerveux au point de ne plus se faire confiance, mais celui du brave policier qu’est Dave. Derrière ce visage impavide et neutre se cache un fou.

Il n’est pas présenté comme fou, mais plutôt comme un flic têtu, respectant le code à la lettre, étant un policier procédurier qui reproche à ses collègues de faire des pauses. Personne ne veut être son équipier et il est d’ailleurs solitaire. Chez lui, quand il estime avoir mal fait son travail, il se punit lui-même, torse nu il se flagelle avec la boucle de sa ceinture, comme pour expier ses péchés. Petit à petit, on comprendra que tout ne tourne pas rond.

C’est que tout cela vient d’un traumatisme de l’enfance, explique en long, en large et en travers le film. Il faut d’abord en passer par la cellule psychologique que lui impose sa supérieure (Christie Chen). Peu loquace, Dave avoue ne pas avoir d’amis et que la seule chose qui le calme est de nager. Sous hypnose, il confessera que son père le battait et qu’il répète ce geste. Il affirme aussi vouloir venger la mort des collègues morts sous le feu de Hon lançant le film dans un long règlement de comptes.

Le démon qui habite Dave, pour reprendre le titre du film, est celui d’une justice aveugle. That demon within adoptera l’unique point de vue de Dave, alternant les images mentales (regard caméra, caméra harnachée sur Daniel Wu qui filme ses déplacements, filtres rouges quand il perd la raison) avec des scènes d’action où les coups de feu sont incessants. Le mystère qui s’épaissit est gangréné par les explications de fin de film.

C’est rien de dire que tout le film repose sur le jeu de Daniel Wu qui excelle dans sa partition de personnage aux multiples personnalités. Il passe en un clin d’œil du gentil garçon qui prend soin de sa grand-mère au salaud qui tue de sang froid les malfrats. Seulement voilà, face à lui, les autres acteurs font un peu office de figurants,  (il est assez étonnant que Nick Cheung se retrouve finalement dans un second rôle) rendant parfois bancale la progression du film.

That demon within (魔警, Hong Kong – Chine, 2014) Un film de Dante Lam avec Daniel Wu, Nick Cheung, Christie Chen, Andy On, Dominic Lam, Liu Kai-chi, Stephen Au, Lee Kwok-lun, Chi Kuan-chun, Astrid Chan, Samuel Leung, Fung So-po.

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