Dans le Osaka du début des années 1980, Kié est une petite fille qui essaie de vivre au milieu d'une famille dont les parents sont séparés. Elle a les cheveux noirs avec deux couettes. Sur une de ses pinces à cheveux, il ya une paire de cerises. De grands yeux au milieu d'un visage rond. Elle porte une jupe noire et une chemise beige. En guise de chaussures, elle met des soques en bois. Elle met souvent ses bras derrière sa nuque. Elle, c'est Kié, l'héroïne du troisième film de Isao Takahata Kié la petite peste (1981).
La petite Kié n'a pas une vie facile. Au lieu de faire ses devoirs pour l'école, elle est obligée de tenir le restaurant familial. Son père, Tetsuo est un incapable qui passe son temps à avoir des dettes de jeu. Il est obligé de demander aux grands parents de Kié de l'argent pour rembourser le patron de la boîte de jeux. Dès le début du film, Isao Takahata porte l'attention sur le fait que la vraie adulte de la parentèle c'est Kié. Le père est irresponsable et il fera catastrophe sur catastrophe, notamment lorsqu'il va à l'école et qu'il lui fait honte.
Kié est une enfant dont les parents sont séparés. Ce qui lui pèse beaucoup. Elle voit sa maman en cachette, sans le dire en personne. Elle aimerait bien que ses parents se remettent ensemble. Elle voudrait une vie de petite fille normale. Mais les adultes sont si bêtes parfois. Et si égoïstes. Mais les autres enfants ne sont pas forcément de anges non plus. Et surtout à l'école où ils se moquent de Kié qui a du mal à faire ses devoirs.
Du coup le meilleur ami de Kié sera un chat de gouttière. Il vient miauler grassement devant le restaurant et elle lui donne une brochette. Qu'elle n'est pas sa surprise quand elle voit le matou prendre la brochette avec sa patte et s'adosser tranquillement contre une poubelle pour manger sa viande. Car les chats dans Kié la petite peste sont plus humains que certains humains. Et ils sont pourvus de testicules énormes. Parfois ils parlent aussi.
Le monde de Kié la petite peste est ainsi peuplé de personnages caractérisés à l'extrême, tel le patron du salon de jeux qui se prend pour un yakuza. Lui aussi a un chat sévèrement monté, le diabolique Antonio, le plus méchant de la bande. On trouve les camarades d'école de Kié qui sont des poltrons. Et aussi les grands parents qui parlent à Tetsuo, le papa de Kié, comme à un gamin.
Cette caractérisation, proche de la caricature, ne plombe pas le récit des aventures de Kié parce que tout est fait avec beaucoup d'humour où la tendresse pour ces habitants des quartiers populaires d'Osaka n'est pas loin. Isao Takahata a choisi de faire de Kié la petite peste une œuvre sociale où se mêlent des éléments de loufoque et de fantastique.
Parvenu assez tardivement jusqu'en France, sorti en 1981 au Japon et en 2005 en France, Kié la petite peste n'a pas la beauté du Tombeau des lucioles. Son dessin est assez grossier. Les animateurs ne se gênent pas pour déformer les têtes des personnages (Kié qui hurle sur ses camarades de classe), pour forcir les traits (les grosses gouttes de sueur dès qu'un embarras surgit) et à faire une animation minimaliste comme lorsque des personnages se tapent dessus. Mais c'est un plaisir de regarder Kié la petite peste, surtout en version originale où les voix donnent une vraie ampleur à chaque personnage.
Kié la petite peste (Japon, 1981) Un film de Isao Takahata
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire