samedi 20 octobre 2007

Secret sunshine


Le titre original du film est Miryang qui est le nom de la ville où va se dérouler le film. Shin-ae (Jeon Do-yeon) explique au garagiste qui lui a porté secours (Song Kang-ho) que les caractères chinois de la ville veulent dire ensoleillement secret. D’où le titre en anglais, parce que quand même mettre un titre en français pour un film coréen, ça le fait pas.

Depuis quelques années, chaque Festival de Cannes a son film sur le deuil d’un fils : Tout sur ma mère d’Almodovar, La Chambre du fils de Moretti, Le Fils des Dardenne, Shara de Kawase ou encore Red road d’Arnold. C’est en train de devenir un genre en soi. Et en plus ça rapporte. Pour Secret sunshine, le Prix d’Interprétation Féminine. Pourquoi pas ? Et on se fait traiter de mec sans cœur si on n’aime pas ça.

On est désormais très loin de la grandeur du film d’Almodovar, pour moi le film indépassable sur le sujet du deuil d’un enfant. Aujourd’hui, c’est lumière crue, caméra à l’épaule, un nouvel académisme dans lequel se complait Lee Chang-dong. Il ne suffit pas de filmer Jeon Do-yeon en train de pleurer pour faire pleurer le spectateur. Comme dans une comédie, montrer les personnages rire de leurs propres gags ne garantie pas que l’on se marre devant le film.

La ville de Miryang se situe à deux heures de Séoul, au nord est de la Corée. Shin-ae, désormais veuve, s’y rend avec son fils. C’est la ville natale de son défunt mari. Lors d’une panne de voiture, elle fait la rencontre de Jong-chan (Song Kang-ho), garagiste qui la dépanne. Il va aussi l’aider à trouver un logement.

Shin-ae va découvrir cette ville et ses habitants. L’instituteur de son fils qui est nationaliste. La pharmacienne qui est une protestante évangélique. Le fils se fait kidnapper. C’était l’instit qui pensait qu’elle était riche et qui voulait la rançonner. L’instit tue l’enfant. Le film n’en donne pas de raison précise.

Shin-ae se plonge dans la religion et va prier. Sans doute Lee Chang-dong veut montrer les ravages du nouvel obscurantisme, mais il échoue tout à fait. Les protestants sont dévots mais ni sectaires ni illuminés. On est loin de l’univers de Jesus camp. Ce qu’ils veulent c’est aider Shin-ae et ils sont persuadés que la prière va lui amener la quiétude, même si cela est aberrant. D’une séquence à l’autre, Shin-ae devient heureuse. Ou feint de l’être. On n’en voit pas le processus, ce qui rend la chose peu crédible.

Car jusqu’à présent, le scénario de Secret sunshine faisait preuve d’une minutie descriptive qui tout à coup est absente. La deuxième heure contredit la première. Il s’agit bien de contradiction et non d’opposition. Shin-ae veut pardonner au meurtrier de son fils, mais l’homme s’est lui aussi plongé dans la religion. Là, notre héroïne passe de la vertu au vice en voulant coucher avec tous les mecs. Elle sombre dans la folie, mais devant les effets lacrymaux, tout cela nous passe au dessus.

Lee Chang-dong croit détourner le genre mélodramatique, mais étouffe son récit dans une volonté de réalisme. Il a demandé à ses acteurs de jouer naturel. Seulement voilà, comme dans un film de Tavernier, à force de travailler le naturel de l’interprétation, on ne voit plus que le travail. Secret sunshine demeure en l’état un simple scénario filmé. Un film parfait pour les dossiers de l'écran.

Secret sunshine (밀양, Corée, 2007) Un film de Lee Chang-dong avec Jeon Do-yeon, Song Kang-ho, Jo Yeong-jin, Kim Yeong-jae,

Aucun commentaire: