Deux ans avant Running on karma, Johnnie To et Wai Ka-fai transformaient déjà le corps d’Andy Lau et l’affublaient d’une prothèse corporelle pour le transformer en obèse.
Love on a diet raconte la vie de Mini Mo (Sammi Cheng) qui est elle aussi obèse. Elle assiste au début du film à un concert de piano. Le jeune homme se met à jouer un morceau quand Mini s’effondre en larmes et quitte précipitamment la salle, non sans faire quelque bruit. Affalée au bas d’un escalier, elle rencontre le pianiste qui lui signe un autographe. Il lui dit qu’il y a dix ans, il avait une petite qui avait le même prénom qu’elle. Et pour cause.
Flash back : Mini n’a pas toujours été grosse. Dix ans auparavant, elle était fine comme Sammi Cheng est fine. Elle était partie faire ses études au Japon (Love on a diet se déroule à Tokyo). Son amoureux est parti étudier le piano aux Etats-Unis. Elle a compensé son absence en se goinfrant. A son retour, elle n’a pas pris contact avec lui, honteuse qu’elle était d’avoir pris tant de poids.
Fatso (Andy Lau) lui s’en fout de son poids. Il rencontre Mini dans un hôtel. Elle est incapable de payer la note. Elle dépense tout son argent pour assister à tous les concerts de son ancien amoureux. Un peu forcé, il l’héberge. Elle est un peu encombrante, non pas parce qu’elle est grosse, mais parce que sa timidité et l’absence d’estime qu’elle a pour elle-même, l’ont menée dans la galère.
Fatso vend des couteaux. Elle va l’aider à augmenter le rendement. Parce qu’il se rend bien compte qu’elle est toujours amoureuse de ce pianiste, il va l’encourager à retrouver sa ligne originelle. Mais, l’effort à fournir est grand et cela coûte très cher.
Fatso va voir ses amis du quartier chinois et demande des conseils. Ils seront tous plus farfelus les uns que les autres : avoir une bonne grosse diarrhée, avaler un ver solitaire. Finalement, le mieux est encore de faire de l’exercice. Seulement voilà, Fatso l’aide mais il continue à bouffer ses chips devant elle.
Love on a diet joue sur deux tons tout à fait opposés : la comédie loufoque et le drame existentiel. Très souvent, les cinéastes passent de l’un à l’autre dans une même scène sans que l’on sache s’il faut rire ou pleurer des malheurs de Mini. Comme dans la séquence où elle cherche à se suicider et où son poids brise la corde pour se pendre.
Ce que montre le film, c’est bien entendu la dictature du paraître. Cela est parfaitement illustré dans la scène des retrouvailles entre Mini et le pianiste. Elle s’attend à une belle intimité, il a averti les journalistes qui gâchent ce moment. Love on a diet ne fait pas rire aux dépends des obèses, cela en fait sa force.
Mais, il reste une énigme irrésolue dans le film. Celle qui accompagne le personnage d’Andy Lau. A aucun moment, on ne saura quoi que ce soit de sa vie, de son passé, contrairement au personnage de Sammi Cheng. Il sera constamment appelé par son surnom Fatso, le Gros, et quand Mini lui demandera son nom, il ne le dira pas. On ne saura pas non plus pourquoi il a atterri au Japon.
Quand Fatso se lance dans le combat de rue pour aider Mini (il fait payer les passants 600 yens pour servir de punching-ball), là on arrête vite de rire. On est mis devant une situation douloureuse, d’autant que Mini ignore tout de cela. Fatso se sacrifie comme s’il n’avait rien à perdre et surtout pas l’amour qu’il semble porter à Mini.
Love on a diet est plus profond qu’il n’en a l’air. Le happy end de pure convenance n’enlève pas le goût d’amertume, accentué par les airs d’accordéon de la bande originale, que l’on a ressenti devant ces deux personnages mal dans leur peau.
Love on a diet (瘦身男女, Hong Kong, 2001) Un film de Johnnie To et Wai Ka-fai avec Andy Lau, Sammi Cheng, Lam Suet, Wong Tin-lam
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