dimanche 30 décembre 2007

Simply actors


Faire un film sur les acteurs qui surjouent est le sujet du dernier film de Chan Hing-kai, accessoirement secondé par Patrick Leung. Ensemble, ils ont fait les beaux jours de la comédie cantonaise à base de sexe. Non pas des films de cul, mais des comédies où les personnages essaient de comprendre la différence entre un homme et une femme. Longtemps, ce furent Lau Ching-wan et Louis Koo qui jouèrent les maris martyrisés par ces dames.
Depuis 2003 et Good times bed times, on avait un peu perdu de vue le duo, ce qui n’avait pas chagriné grand monde, puisque Wai Ka-fai avait pris le relais, en mieux, avec notamment l’excellent The Shopaholics. Mais, ils reviennent avec Simply actors qui dure rien de moins que deux heures mais le casting est un peu à la baisse. Dommage !
Jim Chim n’est pas un acteur de premier ordre. Il vient du café-théâtre (si le terme peut se transposer à Hong Kong) et a joué dans quelques films de Pang Ho-cheung où j’appréciais son cabotinage : la scène entre Cheung Tat-ming, Eric Kot et Lam Suet quand ils doivent assassiner un ponte des triades, le ponte décadent c’était lui.
Dans Simply actors, il est Man-long, un flic pas des meilleurs. Un jour, il est envoyé avec des collègues sur le terrain. Il fait tout foirer l’opération. On le voit arriver sur place en mimant le ralenti. Ses patrons Hui Siu-hung (acteur fétiche de Johnnie To) et Ann Hui (qui comme d’habitude ne joue pas, elle susurre ses dialogues presque en faisant la gueule), l’envoient prendre des cours de comédie (?).
Ses camarades de cours sont tous des jeunes. Parmi eux se trouve Dani Dan (Charlene Choi, une habituée du cinéma de Leung et Chan) qui est une actrice de films roses, de porno soft. Elle cherche aussi à améliorer son jeu entre les scènes de cul. Les deux ringards vont se lier d’amitié.
Le scénario de Simply actors est essentiellement composé de sketchs. Il est difficile de parler de progression de l’intrigue. Ça rame un peu mais quelques gags font mouche, comme le tournage d’une scène du film érotique où Choi et Chim s’en donnent à cœur joie dans le cabotinage le plus éhonté. Autre moment drôle, une scène poursuite avec tous les acteurs déguisés et où rien ne fonctionne comme cela devrait.
Patrick Leung et Chan Hing-kai ont bien entendu voulu rendre hommage aux acteurs, aux bulles de champagne qui explosent parfois quand un acteur ou une actrice se met à aller plus fort que le simple scénario (comme a pu le faire très souvent Stephen Chow). Le cabotinage est une des qualités du cinéma de Hong Kong, Lam Suet dans certains films de Johnnie To en sait quelque chose. Là, la cabotinage dure deux heures.
Eric Tsang (un autre habitué du surjeu) joue un professeur de comédie. Il montre ce vers quoi doivent tendre les acteurs : pouvoir passer du rire aux larmes. Il le fait magistralement en passant sa main devant son visage et change de ton immédiatement. C’est magnifique. Plus tard, Jim Chim essaie, mais éclate en sanglot, incapable de rire. Là aussi, les réalisateurs tentent de donner à leur acteur une légitimité dramatique. En vain.
Autre problème du film : beaucoup des meilleurs acteurs de Hong Kong sont sous employés. Chapman To, Sandra Ng et Anthony Wong ont l’air de s’ennuyer. C’est très rageant et bien dommage. Simply actors a presque fait un bide. Il aurait mieux valu le sortir à l’occasion des comédies du Nouvel An Lunaire.
Simply actors (戲王之王, Hong Kong, 2007) Un film de Patrick Leung et Chan Hing-kai avec Jim Chim, Charlene Choi, Hui Siu-hung, Ann Hui, Eric Tsang, Anthony Wong, Chapman To, Alan Mak, Lam Suet, Isabella Leong, Derek Tsang, Fruit Chan, Wilson Yip.

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