Il y a quelque chose d’assez émouvant de se rendre compte qu’on n’a pas eu tort. Il y a un an, je parlais dans mon ancien site de Dog bite dog, désormais visible en France, et en disait tout le bien que j’en pense. La question que je me pose toujours avec ce genre de coup de cœur, est de savoir si le film du cinéaste Soi Cheang, était un heureux hasard ou si l’homme avait déjà quelques chose de bien. Il faut dire que certains ses titres de ses films font peur.
Sans atteindre le niveau de Dog bite dog, il faut reconnaître que Love battlefield est très recommandable. Le dvd vient de sortir en France en complément du magazine Score Asia dont je dirai deux mots dès ma lecture achevée. En revanche, est-ce une mauvaise impression, mais on dirait que l’image est coupée sur la droite : les noms des acteurs sont pas en entiers. Mei Ah aurait-il escroqué Kubik ? Et quelle idée de mettre une VF !
Ce qui frappe d’abord dès les cinq premières minutes, c’est la rapidité avec laquelle Soi Cheang met en place ses deux personnages. Leur rencontre est vite mise en boîte. Deux jeunes en vacances, un vélo et très vite on les retrouve avec quelques mois de vie commune et déjà l’ennui du quotidien, la routine. Mais l’amour est un champ de bataille et la guerre qu’ils vont mener n’est pas des plus calmes.
On comprend très vite de toute façon que le cinéaste n’est pas à l’aise avec cette histoire de couple et que, ce qui l’intéresse, c’est la bataille, c’est l’affrontement entre deux raisons d’être. Donc, en guise de voyage romantique en Europe, lui, Yui (Eason Chan) se dispute avec elle, Ching (Niki Chow) parce qu’on leur a volée leur voiture. Yui retrouve le véhicule, mais surtout les voleurs autour.
Commence alors la galère, les coups de feu, le sang, les blessures, les cris, la douleur, les morts en rafale. Ching, qui voulait quitter son homme, se met à le rechercher avec deux amis et éventuellement un pote, flic, (Carl Ng), qui s’avèrera très con. Le route est semée de chausse-trapes et surtout de la femme du malfrat en chef, enceinte jusqu’aux dents et plus enragée que tout le monde.
Les voleurs viennent de Chine, parlent mandarin et veulent vendre de la drogue. Etrangement, on dirait que Yui les comprend, qu’il veut les aider. Il est infirmier et les soigne. Certes, contre son gré, mais il y a quelque chose d’étrange et d’ambiguë dans sa situation. Une idée comme le syndrome de Stockholm. D’autant, que les malfrats sont imprévisibles et vraiment tarés.
Mais, cela n’est pas le plus intéressant. Soi Cheang expérimente dans son film deux ou trois choses qui, sans être révolutionnaires, sont rares dans le film policier cantonais. Lors du premier affrontement entre les malfrats et la police, on voit les photos des cadavres des flics. Belle idée de flash forward. On y voit aussi pas mal de travail sur la lumière, comme il y en aura dans Dog bite dog. Lumière très bleue, très frontale, comme aux débuts de
Sans arriver à la grandeur de Dog bite dog, Love battlefield est déjà quelque chose de troublant et de fort. Ainsi, ce que Soi Cheang envisage dans Love battlefield, il le concrétisera dans son autre film. Il n’y a pas encore de « message » politique, mais plutôt une envie de créer un univers visuel. Et ça, c’est de plus en plus rare à Hong Kong.
Love battlefield (愛.作戰, Hong Kong, 2004) Un film de Soi Cheang avec Eason Chan, Niki Chow, Wang Zhiwen, Qin Hailu, Raymond Wong, Kenny Kwan, Carl Ng.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire