jeudi 31 janvier 2008
Sorties à Hong Kong (janvier 2008)
mercredi 30 janvier 2008
Secret
A Hong Kong, les acteurs se mettent à tourner leurs films. Après la grande réussite de Daniel Wu avec The Heavenly kings, après I’ll call you de Lam Tze-chung (l’acteur bedonnant de Stephen Chow) en 2006, ce sont, en 2007, Eric Kot (Superfans), Ronald Cheng (It’s a wonderful life) ou Francis Ng (Dancing lion qui ont rejoint ce club restreint et enfin Jay Chou avec Secret.
Jay Chou n’est pas un acteur très aimé, sauf de ses fans. Il a joué dans Initial D, un bon Andrew Lau et dans l’horrible Cité interdite de Zhang Yimou. En fait, Jay Chou n’est pas un acteur. C’est un chanteur de variétés. En plus, il est Taïwanais ce qui n’améliore pas les moqueries à son encontre de la part des Hongkongais. Or, contre toute attente, Secret est un bon film.
Mais, le problème est que le secret du film ne peut être dévoilé à moins de faire un putain de spoiler qui serait très reprochable. On peut deviner la révélation qui arrive au milieu du film, la mise en scène de Jay Chou est suffisamment habile pour à la fois la cacher et la donner. M. Night Shyamalan a fait un émule à Taïwan, mais déjà j’en dis trop.
Secret commence comme une romance classique. Yie Xiang-lun (Jay Chou) est un jeune étudiant. Il étudie la musique et joue du piano (c’est commode, il joue du piano dans la vie). Il devient vite la vedette de la fac en faisant un duel avec un surdoué du piano. Problème : deux filles s’intéressent à lui. Ching-yi (Alice Tsneg) et surtout Yu (Guey Lun-mei) qui a un secret (et que je donnerai pas).
Mais ce secret a un rapport avec Anthony Wong, qui porte ici un bouc et des lunettes. Après Initial D, il est à nouveau le père de Jay Chou au cinéma. Mais, on ne le sait pas tout de suite. Il est présenté d’abord comme un professeur, un peu strict, mais finalement plutôt rigolo. Il est dépositaire du secret de Yu, mais il ne l’a pas crue, il était persuadé qu’elle était folle. Anthony Wong donne beaucoup de saveur à Secret et il le fait avec beaucoup de générosité. Ça c’est un acteur.
Dès que la révélation du secret est faite, tout ce que l’on a vu jusqu’alors prend une tournure différente. Maladroitement, Jay Chou se croit obligé de remettre les scènes ambiguës, mais c’est un péché de jeunesse (il n’a que 28 ans). Le romanesque s’amplifie et le romantisme tout autant. Jay Chou ne fait pas de fautes de goût. Sa mise en scène est fonctionnelle, très classique. Il a pris son film entièrement à sa charge (il a aussi écrit le scénario, choisit de bonnes mélodies qui créent du sentiment, les seconds rôles comique, comme ceux des rugbymen, sont tenus par ses amis proches) et se débrouille plutôt bien. Une bien agréable surprise qui va obliger à voir notre star taiwanaise à la moue boudeuse d’un autre œil.
Secret (不能說的.秘密, Taiwan – Hong Kong, 2007) Un film de Jay Chou avec Jay Chou, Guey Lun-Mei, Anthony Wong, Alice Tseng.
mardi 29 janvier 2008
Les Formidables
C’est un buddy movie, un film de gendarme et voleur, une histoire de gangster gentil et de flics énervés. Les Formidables est une comédie d’action coréenne, enfin comédie, il faut le dire vite. Action, ça c’est certain.
Le flic alcoolique, dragueur, irresponsable, c’est Sun-woo (Park Joong-hoon), qui préfère aller dans un bar où chante une de ses amies plutôt que de rester en planque avec son collègue. Il rackette lâchement un employé. Il boit quelques coups. Il admire la chanteuse. Mais pendant ce temps, son collègue se fait prendre à un piège. Ils étaient en train de surveiller un gang. Ils se demandaient si cela en valait la peine. Encore, un mauvais renseignement, pensaient-ils. Mais le collègue meurt et Sun-woo n’a rien pu faire.
Dans ce coup, le pauvre Su-hyun (Cheon Jeong-myeong) est victime des circonstances. C’est un repenti. Il a abandonné les affaires louches pour aider sa petite amie à faire la cuisine dans le modeste restaurant vaguement ambulant qu’elle tient. Un ancien ami de Su-hyun lui demande d’aller abattre un type. Il y va mais se débrouille mal. Il tombe sur la rixe et toute la police le recherche. Vite arrêté, il réussit grâce à son ingéniosité (feindre la folie et un suicide) à s’échapper. Une course poursuite va s’engager.
Su-hyun et Sun-woo vont se rejoindre. Non pas volontairement mais par le fruit d’un hasard malheureux. La tentation du flic de se racheter une conduite en livrant Su-hyun est grande. Ce dernier est accusé du meurtre du collègue de Sun-woo alors qu’il n’y est pour rien. Mais le flic ripou, qui culpabilise, a besoin d’argent pour payer l’opération de son fils et Su-hyun lui promet de réussir à fournir la somme. Les deux hommes vont faire un bout de chemin ensemble au désarroi de la police et des gangsters.
L’action et le récit de Les Formidables est ramassé sur quelques jours et les personnages sont suivis dans leur fuite en avant, dans leur échappée sauvage. La caméra de Cho Min-ho est constamment mobile et ne lâche personne. Les rares moments de calme ont lieu à l’intérieur, dans les lieux, bien peu nombreux, où ils trouvent refuge et où ils peuvent se cacher. Il faut vite manger pour retrouver des forces. Il faut vite se faire soigner avant de reprendre la course. La télévision et les journaux commencent largement à diffuser l’information que Su-hyun est très dangereux.
Ces lieux donnent droit à des scènes de comédie bienvenues dans une action survoltée. On notera tout particulièrement la séquence chez le vétérinaire, une femme très placide, qui n’anesthésie pas Su-hyun parce qu’elle ne connaît pas les doses pour les humains. Jusqu’au moment où elle comprend la situation. Elle donnera à la victime un gilet bleu qui lui servira de vêtement un bon moment dans le film. On n’oubliera pas non plus les scènes avec Mi-rae (Yoon In-yeong), la petite amie de Su-hyun qui est suivie par les flics et qui les bernera comme des gamins.
A l’extérieur, le mieux est encore de se fondre dans la foule et de courir très vite pour échapper aux poursuivants. C’est l’occasion aussi de quelques bastons qui font mal aux côtes et qui font saigner l’abdomen de Su-hyun. Les méchants sont très méchants (oh, le vilain géant au crâne rasé) et les flics ne sont pas commodes. Là est l’écueil du film qui se complet dans des combats parfois gore. Une impression de répétition se dégage vite. Comment font-ils avec toutes leurs blessures pour encore trouver la moindre force de se battre.
Cho Min-ho parvient à insuffler un bon rythme à son film qui n’est pas s’en rappeler celui de SPL de Wilson Yip. Il utilise l’idée, aujourd’hui assez oubliée voire méprisée, du split-screen pour les échanges téléphoniques entre les protagonistes ce qui accentue encore la confusion qui règne dans les rapports que Sun-woo et Su-hyun peuvent entretenir. Un bon divertissement.
Les Formidables (강적, Corée, 2006) Un film Cho Min-ho avec Park Joong-hoon, Cheon Jeong-myeong, Yoon In-yeong, Choi Chang-min, Oh Soon-taek, Choi Myeong-su, Hwang Seok-jeong, Jo Jin-woong, Kim Hak-seon, Kim Joong-ki, Kim Joon-bae, Moon Jeong-hee, Ming Bok-gi, Park Jin-weong, Baek Hyeon-jin, Jo Yeong-gyoo, Choi Young-hwan, Oh Kyeong-soo, Jan Woo-jae.
samedi 26 janvier 2008
Filmographie : Sammo Hung
vendredi 25 janvier 2008
Muksin
Le cinéma malaisien commence à arriver sous nos contrées. Un panorama a été visible en avril 2007 au Festival du film asiatique de Deauville, puis au Festival Hors Ecran à Lyon. D’autre part, on a pu voir deux cinéastes qui sont allé tourner leur dernier film en Malaisie. Patrick Tam avec After this our exile et Tsai Ming-liang avec I don’t want to sleep alone. Je crois que Muksin est le premier film malaisien à sortir en France. Même s’il est « vendu » comme un film pour enfant, il ne faut pas passer à côté.
Le titre Muksin est en rapport avec le nom d’un jeune adolescent de douze ans (en fait, il s’appelle Mukhsin). Mukhsin fait la connaissance de Orked, qui elle a dix ans. Ils sont tous les deux différents des autres enfants. Orked n’a pas envie de jouer aux poupées et au mariage avec les autres petites filles. Mukhsin est recueilli chez une amie de sa mère. C’est le temps des vacances, des premières amours et nos deux adolescents vivent ce moment avec tendresse et difficultés.
Orked est malaise. Ses deux parents sont libéraux. Sa mère parle anglais, ce qui est mal vu des voisins et surtout d’une voisine jalouse de sa liberté d’autant que son mari la trompe ouvertement avec une jeune femme. Le père de Orked est bonhomme, il fait souvent des blagues et prend la vie comme elle vient. Ils vivent avec la grand-mère, Kak Yam, une femme joviale qui fût chanteuse.
En Malaisie, la société est divisée en groupes ethniques. Orked est sa famille sont des Malais musulmans. Pour eux, la loi islamique s’applique avec tout ce que cela inclut (la plupart des Etats de la confédération malaisienne sont des sultanats islamiques). Ainsi, les voisins ne comprennent pas pourquoi la maman de Orked laisse son mari faire la cuisine. Quand Mukhsin demande à Orked pourquoi elle est dans une école chinoise, elle répond qu’elle veut apprendre le chinois parce qu’elle connaît déjà le malais. En vérité, c’est pour se défaire du poids des contraintes sociales.
La disparité entre les deux populations malaises et chinoises sont particulièrement montrées avec Hussein, le grand frère de Mukhsin, qui passe du temps dans le quartier chinois (comprendre : boire, fumer des cigarettes et voir des prostituées). Hussein est en marge de la société. Il est chômeur, haï de ses parents et n’arrive à trouver sa place nulle part.
Cependant Muksin est loin d’être un film triste. Tous les malheurs du monde ne s’abattent pas sur les personnages. Au contraire, il est souvent d’une drôlerie inespérée. Je citerai par exemple la scène du canapé où des créanciers viennent le récupérer parce le père de Orked n’a pas payer les traites. Le père réagit en disant que le temps que les magasins s’aperçoivent qu’il n’a pas d’argent, il pourra aller acheter un canapé tous les trois mois. Comme il y a douze magasins de canapés, la famille aura un canapé neuf tous les trois mois pendant trois ans. La scène de la punition est aussi très drôle, comme celle de la confection de glace au lait et au chocolat.
La cinéaste, qui en est à son quatrième film, amène toujours la scène de manière sérieuse, propose un développement incongru et la termine avec beaucoup d’humour. Muksin est fait de saynètes souvent filmées en plan séquence et qui évoque le style d’Abbas Kiarostami. A priori, le film est largement autobiographique et est un hommage à ses parents. Le final est peut-être un peu maladroit (la cinéaste en voix off explique que cette histoire est celle de sa jeunesse et de son premier amour raté), mais suivant son style, elle amène ses parents jouer une joyeuse chanson au piano avec toute l’équipe du film. Le film donne aussi souvent de l’émotion, particulièrement dans la scène où la famille écoute Ne me quitte pas chanté par Nina Simone. Muksin est un film sacrément enthousiasmant.
Muksin (Mukhsin, Malaisie, 2006) Un film de Yasmin Ahmad avec Sharifah Aryana, Mohd Syafie Naswip, Sharifah Aleya, Sharifah Amani, Ho Yu-hang, Amira Nasuha, Ng Choo-seong, Adibah Noor, Norkhiriah, Rozie Rashid