Connaissez-vous le boyband Alive ? The Heavenly Kings est un documentaire qui retrace leur histoire. Savoureux. En 2005, quatre acteurs hongkongais ont décidé de s'unir pour fonder un boyband appelé Alive. Daniel Wu, Conroy Chan, Terence Yin et Andrew Lin sont ces quatre acteurs. On connaît bien Daniel Wu, beau gosse du cinéma cantonais et par ailleurs excellent acteur, souvenez-vous Une nuit à Mongkok face à Cecilia Cheung. En revanche, ses trois comparses sont des comédiens de seconde zone, pour ne pas dire pire, qui n'ont joué que des petits rôles ou dans des films de série B. L'idée d'un nouveau boyband est a priori aberrante, nous dit-on, car le marché de la cantopop s'est effondré en dix ans alors même que le nombre d'aspirants chanteurs ne cesse de progresser.
Dès le départ, le groupe part perdant. A part Terence, aucun membre d'Alive ne sait chanter. C'est même carrément catastrophique. Qu'à cela ne tienne, les producteurs règleront les voix grâce à un logiciel. A part Daniel, tous sont des ringards et ils ne peuvent pas capitaliser sur leur statut de stars. Alive ne veut pas danser sur scène. Mais c'est surtout qu'ils ne savent pas danser. Conroy pèse cent kilos et Andrew a une physique passe-partout, pas franchement de quoi toucher le cœur de cible des chanteurs de cantopop : les adolescentes. Solution proposée par Daniel : faire un buzz autour de leur chanson " Adam's choice " afin que les médias s'intéressent à eux. Et ça marche.
The Heavenly Kings suit Alive dans toutes les étapes de sa carrière : du premier instant où les quatre amis jusqu'à leur split final. On voit tout : la négociation du contrat (le patron de la maison de disque essaie de les arnaquer).L'enregistrement de la chanson (l'ingénieur du son s'arrache les cheveux devant leur nullité). Le premier contrat de pub. Les discussions avec les agents (il faut engager des fans professionnelles). Les critiques désastreuses des premiers shows, etc. Et arrive au milieu du film, une scène d'anthologie où le styliste David Lee et son assistant, deux folles de première, viennent pour refaire les costumes de scène des quatre garçons. Les fringues sont clinquantes, plus que kitsch et rendent les garçons tout simplement ridicules. On dirait les Village People ! Mais qu'est-ce qu'on rit ! Alive rejettent les costumes de David qui se vexe. Il s'y connaît en mode puisqu'il habille Aaron Kwok. Je te conseille lecteur, lectrice d'aller jeter un coup d'œil sur les fringues de scène de ce cher Kwok pour comprendre à quel point The Heavenly Kings est un film ironiquement critique de l'industrie du divertissement à Hong Kong. (Voir le lien en bas de critique).
Face à l'incompétence crasse de Conroy, Daniel, Andrew et Terence, des stars actuelles de la cantopop s'expriment : Jackie Cheung, Karen Mok, Nicholas Tse ou Candy Lo. Aucun ne comprend la motivation d'Alive de se lancer dans ce défi. Et pour cause. Chaque membre du boyband a sa raison cachée. Conroy est jaloux d'être l'époux d'une star, l'actrice Josie Ho. Andrew espère mettre un coup d'accélérateur à sa carrière d'acteur. Terence est montré comme une diva qui fait des coups fourrés à ses camarades en arrivant dix minutes avant le concert. Daniel est un obsédé de la perfection, perpétuel angoissé, qui engueule les autres. The Heavenly Kings n'est pas vraiment flatteur pour les membres d'Alive. Bien au contraire. Ils apparaissent souvent sous leur plus mauvais jour et dévoilent leur cynisme sans prendre de gant. Le film est ponctué de courtes séquences d'animation qui explicitent leur pensée profonde.
The Heavenly Kings est l'un des films les plus drôles vus ces derniers mois. On ne l'a pas encore dit, mais c'est Daniel Wu en personne qui en est le réalisateur. Alive a certes existé mais The Heavenly Kings est de toute évidence un “mockumentary", un documenteur. Il en porte toutes les traces. On en vient même à penser que les quatre amis n'ont monté le groupe que dans l'objectif de faire le film. The Heavenly Kings rappelle le premier film de Rob Reiner This is Spinal Tap (1984) explorant l'univers d'un nouveau groupe de métal. Que le film soit un faux documentaire donne encore plus de bonheur à sa vision tant Wu et ses amis ne se privent pas pour s'accabler des pires travers. Daniel Wu, dont on continuera à louer ses talents d'acteur y compris dans ses mauvais films, se présente ici comme un très bon cinéaste qui excelle à donner un bon rythme à The Heavenly Kings.
On a bien remarqué les initiales de son titre : HK. Wu et ses camarades ont fait un portrait vibrant, drôle, ironique, alerte du monde du divertissement de Hong Kong. On attend son prochain film avec impatience.
The Heavenly Kings (四大天王,Hong Kong, 2006, 86 minutes) Un film de Daniel Wu avec David Wu, Conroy Chan, Terence Yin, Andrew Lin, Jacky Cheung, Stephen Fung, Josie Ho, Tony Ho, Ella Koon, Jo Kuk, Candy Lo, Karen Mok, Jason J. Tobin, Nicholas Tse, Miriam Yeung.
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