Cela fait maintenant un certain temps que je n'attends plus rien de bon du cinéma de Zhang Yimou. Je n'ai pas vu son film Riding alone, mais de mon humble avis Hero puis Le Secret des poignards volants étaient des ratages artistiques assez évidents. Un nouveau film de Zhang Yimou, la belle affaire. Encore des costumes et des décors somptueux et luxueux, quel intérêt ?
Je suis donc allé voir La Cité interdite, longtemps titré La Malédiction des fleurs dorées, pour voir Chow Yun-fat. L'acteur hongkongais culte, si cela correspond encore à quelque chose, revient en Chine après quinze ans de navets. En inactivité depuis Le Gardien du manuscrit sacré, Chow semble définitivement de retour chez lui. Il a enchaîné avec un film de Ann Hui (The Postmodern life of my aunt) et tourne actuellement sous la direction de John Woo une adaptation des Trois Royaumes. La Cité interdite marque aussi le retour de Mademoiselle Gong Li sous la caméra de Zhang Yimou, après une carrière hollywoodienne douteuse (Mémoires d'une geisha, Miami vice et Hannibal Lecter, le commencement).
Un roi, une reine et trois princes dans la Chine de 928. La reine (Gong Li) souffre d'anémie. Le médecin royal lui fait boire toutes les deux heures une potion. Le roi (Chow Yun-fat), absent du palais, revient pour la fête des chrysanthèmes jaunes (les fleurs dorées du titre anglais). Le prince héritier Xiang (Le Yiu) a une amourette avec Chan (Man Li) une servante, par ailleurs fille du médecin royal. Issu d'un premier mariage, Xiang avait eu une liaison avec sa belle-mère, la reine. Le roi a deux autres fils avec la reine : Jia (Jay Chou) général à qui son père aimerait céder son trône et Cheng (Qin Junjie), qui se sent délaissé voire méprisé. Au fur et à mesure du film, on apprend quelques secrets : le roi ne doit son trône qu'à son mariage avec la fille de son prédécesseur. Xiang ignore qui est sa mère. Le roi empoisonne son épouse. Un complot pour détrôner le roi est ourdi.
Zhang Yimou filme les destins de ses personnages dans un luxe impressionnant. Les décors et les costumes sont effectivement superbes. Les souverains vivent dans une opulence démente. Il y a des serviteurs partout toujours prêts à obéir au moindre ordre. Quand la reine boit sa potion, il n'y a pas moins de quatre servantes : une pour tendre la potion, une pour l'eau pour rincer la bouche, une pour tendre le bassinet et une dernière pour offrir une serviette pour s'essuyer. Tout est minutieusement réglé, aucune liberté n'est possible. Le palais est luxueux, mais c'est une prison dorée. On a déjà vu ça ailleurs. Mais là où Zhang Yimou réussit, c'est dans sa manière de montrer que derrière leurs belles dorures, les souverains cachent les pires abjections : inceste, trahison, meurtre, félonie, jalousie, envie. Avec une ironie superbe, le cinéaste accentue encore plus son dégoût pour ses personnages avec les sonneurs. Des serviteurs passent dans les couloirs pour donner l'heure et scandent des proverbes qui sont à mille lieues des actes des souverains.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire