Tsui
Hark aura mis trois ans avant d’entreprendre Histoires de fantômes chinois 2 à cause du succès mitigé auprès du
public du premier film (15ème au box office 1987). L’ouverture se
fait sur un mode « précédemment dans Histoires
de fantômes chinois » en résumant sur trois minutes le scénario au
cas où certains spectateurs auraient oublié les aventures du lettré Tai-shen
(Leslie Cheung) qui, en début de film, se sépare de son maitre Yan (Wu Ma) qui
décide de partir méditer en ermite dans un temple éloigné. Tai-shen se retrouve
seul dans un village et rentre dans une auberge où les patrons servent de la
chair humaine aux clients. Les malheurs continuent de s’abattre pour lui quand
la police le prend pour un bandit et l’arrête.
En
prison, il fait la connaissance de son compagnon de cellule, Chu Er-long (Ku
Feng), un philosophe emprisonné depuis des années à cause de ses livres et
poèmes. Barbu, le vieux sage se nourrit de cafards au grand dégoût de Tai-shen.
Les semaines passent, la barbe pousse au menton de notre jeune héros quand il
comprend qu’il va être exécuté dans la nuit. Un bon repas lui a été apporté, le
repas des condamnés. Chu Er-long lui explique tout de go qu’il pourrait
s’évader car il avait construit un tunnel. Tai-sheng emporte avec lui un manuel
du vieillard et son sceau. Dehors, il saute sur un cheval qui l’attendait là,
comme si Chu Er-long avait tout prévu. En vérité, il s’agit de celui de Zhi
Tsao (Jacky Cheung). Ce dernier, moine taoïste, poursuit son voleur en creusant
un tunnel sous la terre.
Tous
deux terminent dans une demeure en ruine où huit cercueils les glacent
d’effroi. Tai-shen en profite quand même pour prendre un bain (et il chante
pour faire taire sa peur). Dehors, des fantômes commencent à se manifester.
C’est la première séquence choc d’Histoires
de fantômes chinois 2. Pour déconcerter le public et donner un aspect
surnaturel, les revenants descendent verticalement dans le cadre en scope au
milieu de la forêt, les étoffes colorées contrastent fortement avec la
luminosité nocturne, la musique appuie le sentiment de malaise. La scène
poétique est typique de la mise en scène de Ching Siu-tung et se démarque de
l’univers comique jusque là abordé dans le film. En vérité, il ne s’agit pas de
fantômes mais du clan de Chin-fan (Joey Wong) et Yue-chin (Michelle Reis), qui
partent libérer leur père, le Seigneur Fu (Lau Siu-ming), injustement arrêté.
Chin-fan
à cause du sceau qu’a Tai-shen le prend pour Chu Er-long et lui demande un
oracle. Le jeune lettré, quant à lui, est frappé par la ressemblance entre
Chin-fan et Hsiao Ting, le fantôme dont il était tombé amoureux dans le premier
film. Une romance va s’amorcer entre les deux, encore une fois basée sur
l’illusion. Tai-shen peut revivre son amour perdu tandis que Chin-fan le prend
pour un autre. La tension sexuelle va se développer dans une scène de bain
(comme dans Histoires de fantômes
chinois) où il va perdre connaissance, elle va le déshabiller pour faire sécher
ses vêtements, puis enlever les siens pour finalement se coucher nue sur lui
pour le réchauffer. Bien entendu, tout cela reste très pudique. Seulement
voilà, Chin-fan est promise depuis son enfance à un autre. La romance se corse
avec sa sœur qui a aussi un faible pour Tai-shen.
Parlons
maintenant des démons qui arpentent le film. Le premier est un monstre
dégoûtant, sorte d’ectoplasme gluant armé de piques. La rencontre se fait dans
la demeure en ruine et se déroule sur un mode burlesque. Zhi Tsao, en tant que
taoïste, inscrit sur la paume de sa main un sortilège pour immobiliser le
monstre mais la maladresse de Tai-shen manque de les faire se tuer. Finalement,
il tranchera au sabre le monstre, ce dernier contaminera Chin-fan qui se
transformera en démon. Le deuxième monstre est un prêtre bouddhiste impérial
(Lau Shun). Avec son cortège, il arpente les lieux. Le vieux prêtre parle avec
une voix de vieille sorcière. Sa force semble indépassable. Il jette sur ses
adversaires des torrents de flammes, se transforme en bouddha d’or et entonne
des chants qui hypnotisent. Il faudra que toute la troupe soit solidaire, que
le sabreur Hu (Waise Lee) qui escorte le Seigneur Fu – donc un ennemi a priori
– vienne les aider et que maître Yan sorte de son temple d’ermite pour en venir
à bout, dans un sublime déferlement d’images bariolées comme seule, en cette
époque bénie, la compagnie Film Workshop savait en offrir aux spectateurs
charmés.
Histoires
de fantômes chinois 2 (A Chinese ghost story II, Hong Kong, 1990) Un film de
Ching Siu-tung avec Leslie Cheung, Joey Wong, Jacky Cheung, Wu Ma, Waise Lee,
Michelle Reis, Lau Shun, Lau Siu-ming, Yeung Jing-jing, Lee Fai, Lau Siu-hung,
Wong Yue-chun, Ku Feng, Do Siu-chun, Johnny Koo, Fei Sing, Wong Hung, Fung
Yuen-chi, Ng Kwok-kin, Tenky Tin.
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