L’éminent
sabreur Chung Ling-wu (Jet Li) et son condisciple (Michelle Reis) qu’il
surnomme « le gamin » ont décidé d’abandonner les arts martiaux et de
se retirer loin des querelles claniques. Guerres de pouvoir mais aussi guerres
ethniques. D’un côté les Miaos et de l’autre les Han. Et au milieu de cette
année 1594, des Japonais menés par Waise Lee qui débarquent pour devenir
pirates et décident de soutenir la farouche Invincible Asia (Brigitte Lin) de
l’ethnie Miao. Dans une bataille, elle rencontre Chung (lui est Han). Elle,
perchée sur le sommet d’un arbre, volant sur les sommets avec un masque pour
dissimuler son visage. Sa voix est masculine, comme les démons d’Histoires de fantômes chinois, une
habitude pour désigner les super méchants de ses films.
Les
deux personnages féminins de Swordsman 2
questionnent la question du genre sous deux modes opposés. Asia ne sait pas qui
est Chung et ce qu’il vient faire ici. Par un concours de circonstance, Chung
va être amené à la rencontrer à nouveau, persuadé qu’elle est attaquée par des
ennemis, il l’embarque avec lui, volant jusqu’à une colline pour admirer la
lune. Elle ne parle pas pour ne pas dévoiler sa voix et ne pas révéler qu’elle
est Invincible Asia. Ce qui les unit est l’alcool qu’ils boivent au goulot de
la gourde. La romance entre Chung et Asia est forcément tragique puisqu’ils
sont ennemis et quand il comprendra qu’elle est sa vraie nature, il la
combattra. D’autant, que par erreur il couchera avec Xi-xi, la favorite d’Asia.
Quant
au « gamin », elle vit au milieu des hommes depuis toujours,
s’habille comme eux, se comporte comme eux en artiste martial. Amoureuse de
Chung, elle voudra se vêtir en femme sous les moqueries des compagnons d’armes
de Chung. Elle veut se maquiller mais ils ont, par mégarde, remplacer son rouge
à lèvres par du piment. Son personnage est avant tout comique. Elle est aussi
l’archétype du disciple fidèle mais maladroit qui manque de tout faire échouer
à cause des sentiments qui l’animent. C’est un personnage sensible qui se
soucie des autres, tout l’inverse d’Asia, froide et calculatrice. Ceci étant,
cette confusion des genres, mélange d’androgynie et d’homosexualité refoulée
rappelle les classiques du wu xia pian où les hommes étaient joués par des
femmes.
Le
parchemin du Canon du tournesol, comme dans Swordsman,
est au centre de toutes les batailles. Asia l’a utilisé pour acquérir cette
grande force et a emprisonné son frère Yam Wo-hang (Yen Shi-kwan) en plantant
dans ses rotules de crocs. La mission de Chung sera de le délivrer. C’est la
fille de Yam, Ying-ying (Rosamund Kwan), un personnage un peu fâlot, qui se
charge de lui fournir des mercenaires. La botte secrète d’Asia est la technique
des aiguilles volantes qu’elle lance à ses adversaires pour les enlacer. Les
aiguilles pénètrent dans la chair, les fils qui y sont accrochés enserrent les
proies. Une fois Yam libéré, il veut posséder le Canon du tournesol et aspire
les forces vives de ses adversaires.
Swordsman 3 commence avec les scènes finales de Swordsman 2, une grande bataille dans
les quartiers généraux d’Asia. Celle-ci est vaincue mais le Canon du tournesol
est encore l’objet de toutes les convoitises. Cette fois d’Espagnols guidés sur
les lieux par Koo Cheung-fung (Yu Rong-guang) et ses deux bras droits. Mais des
Japonais mené par un samouraï, Raizô, sont aussi à sa recherche. Chacun a un
navire qui harponnera l’autre, livrera bataille à grands coups de canons avec
un avantage certain pour la bâteau japonais qui peut se transformer en
sous-marin. Avec force maquettes, les batailles navales sont un peu minables et
terriblement statiques. C’est une grande déception et parfois d’un ennui total.
Koo
Cheung-fung fait ressurgir Invincible Asia (encore et toujours Brigitte Lin).
Cette dernière apparait d’abord sous le visage de l’acteur Lau Shun, en
vieillard aux longs cheveux blancs, qui retirera son masque. Le masque et le
déguisement sera l’une des forces du récit. Asia veut reprendre sa place de
démon maître du monde et décide de chasser tous ceux qui se font passer pour
elle. D’abord le chef d’une secte paganiste. Puis Neige (Joey Wong) une pirate
qui pratique la technique des aiguilles volantes. Neige est l’ancienne
concubine d’Asia et se fait passer pour elle. Masque également pour elle avec
sa favorite qui se révélera un ninja à la solde de Raizô, ce dernier
apparaissant toujours masqué et dont la combinaison de samouraï enferme un
corps inhabituel. Puis, finalement Asia se déguisera en prostituée, finira par
porter l’uniforme de Raizô.
Ce
qui est à retenir de cette trilogie des Swordsman, malgré quelques beaux
moments, c’est son caractère bancal avec des récits abrupts qui partent dans
les sens sans cohérence, des combats gore mais mous sans la beauté formelle à
laquelle Ching Siu-tung avait habitué le spectateur et un érotisme de pacotille.
Ces beaux moments, c’est la fuite dans les bois entre Asia et Chung, les larmes
de Neige sur son bateau, pour une fois des moments de calme.Sans doute Tsui
Hark, producteur et scénariste, était allé trop vite en besogne et ne cherchant
qu’à faire des films pour gagner de l’argent, avec une production faible, en
oubliant l’éblouissement du spectacle.
Swordsman
2 (笑傲江湖II東方不敗, Hong Kong, 1992) Un film de Ching Siu-tung avec Brigitte Lin, Jet Li, Rosamund Kwan, Michelle
Reis, Waise Lee, Candice Yu, Fennie Yuen, Lau Shun, Yen Shi-kwan, Chin Ka-lok.
Swordsman 3 : The East is red (東方不敗─風雲再起, Hong Kong, 1992) Un film de Ching
Siu-tung et Raymond Lee avec Brigitte Lin, Joey Wong, Jean Wang, Yu Rong-guang,
Lau Shun, Eddy Ko, Lee Ka-ting, Kingdom Yuen, Yen Shi-kwan.
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