« Vivre
est un enfer, mourir est aussi un enfer », clame Shino Ashita (Tetsurô
Tanba) alors qu’il se bat sur un pont contre une douzaine d’assaillant qui
veulent l’éliminer. Vêtu d’une tunique blanche, aux cheveux longs, Shino le
tueur est un samouraï mercenaire qui ne sourit jamais, tout juste un léger
rictus se dessine une ou deux fois au coin de ses lèvres. Il ne supporte plus
son métier. Il se jette dans la rivière pour se suicider et est secouru par le
gang des Scélérats. Plus précisément par deux femmes nues qui tentent de
réchauffer son corps au contact de leur peau douce. Dès les cinq premières
minutes des Huit vertus bafouées
(qui sort en même temps qu’Un
amour abusif, déviant et dévergondé dans un coffret HK Vidéo chez
Metropolitan), le spectateur a droit à une scène érotique.
Le
gang des Scélérats a son siège dans le quartier des prostituées de Yoshiwara
dont Hideo Gosha avait évoqué la chute dans Tokyo
bordello. Depuis le début de l’ère Edo, le gang a le monopole des maisons
closes. Son chef, le redoutable Shirobe Oomon (Tatsuo Endô), vieillard aux cheveux blancs et à l’élocution
lente, dirige d’une main de fer ses affaires, sonnant son grelot offert par le
shogun lorsqu’un fonctionnaire tente de mettre son nez dans ses affaires. Ce
grelot est son signe de pouvoir. Seulement voilà, depuis quelques temps, les
maisons de bains et certains restaurants se sont transformés en bordel. Images
à l’appui, on découvre de nombreuses femmes nues nettoyer les clients ou leur
prodiguer quelques massages. Avec son homme de main, Shirakubi (Goro Ibuki), Oomon décide d’engager Shino pour récupérer
l’entière exclusivité de la prostitution.
Shirakubi
l’informe que les Scélérats ont renoncé à huit vertus : la piété filiale, la
fraternité, la loyauté, la confiance, la politesse, la justice, l’honnêteté et
la pudeur. Tandis qu’ils énoncent tout ce à qui il doit renoncer (c’est-à-dire
refuser toutes les vertus qu’a un samouraï), on voit à l’image les hommes du
gang aux trognes toutes plus patibulaires les unes que les autres, fouetter des
femmes dénudées attachées aux poignets et suspendues au plafond. Il suivra un
test pour vérifier que Shino peut faire partie du gang, en l’occurrence être le
premier à violer une femme attachée avant qu’elle ne soit livrée en pâture à de
vieux pervers. Il n’en fera rien et pourra revêtir la toge noire des Scélérats
sur lesquels sont imprimés six idéogrammes résumant leur perversion. Sa force
mentale comme physique sera d’une grande aide au gang mais Shirakubi se sent
floué et fera des reproches sur son comportement.
En
tant que film érotique, Les Huit vertus
bafouées n’est pas avare de scènes de nudité. Toutes les occasions sont
bonnes pour montrer de la chair. Les séquences dans le bordel, où se déroule
pratiquement tout le film, sont nombreuses. Elles se battent (nues) contre un
ninja. On y découvre les traditions du lieu, notamment le premier de l’an où
les filles se lavent (nues) pour souhaiter au maîtres des lieux une bonne
année. Elles le font nues et à genoux. Un gang ennemi souhaite défaire celui
des Scélérats. Il tend des pièges à Shino. Oomon a décidé de lui confier des
gardes du corps. Après un attentat où son fidèle serviteur Himejiro, le seul
personnage comique du film, bouffon qui marche en se dandinant, périra dans le
feu, les amazones viennent éteindre les flammes. Une fois leur vêtements
brûlées, elles se déshabillent, s’aspergent d’eau et passeront le reste du film
sans aucun vêtement. Quand la caméra les filme de face, elles cachent leur
pubis de leur main. Les amateurs de pinku
en auront pour leur argent.
Shino
s’est cependant fait beaucoup d’ennemis, y compris au sein du gang des
Scélérats. Or, une fois sa mission accomplie, Oomon et Shirakubi décident de
s’en débarrasser en le droguant avec de l’opium. Cela donne les deux plus
belles séquences du film. La première est érotique. Les prostituées commencent
à caresser Shino qui pris sous les effets de l’hallucination les voit gambader
au bord de la plage dans un montage en surimpression. Puis, c’est le combat
final où le violet immerge le cadre, les plans deviennent obliques. La neige se
met à tomber, Shino ne peut plus distinguer les visages des ses adversaires.
Les oreilles, bras, têtes traversent le plan, le sang gicle dans tous les sens
et les sabres virevoltent dans un flot d’images sublimes. Shino fait connaitre
à ses ennemis la seule chose qu’il connait : l’enfer.
Les
Huit vertus bafouées (ポルノ時代劇 忘八武士道, Japon, 1973)
Un film de Teruo Ishii avec Tetsurô Tanba, Goro Ibuki, Tatsuo Endô, Ryôhei
Uchida, Yuriko Hishimi, Keiko Aikawa, Rena Ichinose, Emi Katsura, Ruriko
Ikejima, Shiro Kuno.
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