La
vie est belle et douce pour Noriko et son amoureux Yoshioka. Sur une musique
romantique et devant le lever de soleil aux reflets orangés, ils vont tous les
deux se promener au bord du lac par un beau matin frais. Elle sourit, il la
regarde tendrement. Ils s’embrassent au milieu de la route faisant fi du reste
du monde. Quand soudain, l’image se fige sur le visage de Noriko. Un détail lui
rappelle son passé et cet homme, Fukahata, qu’elle a fui pour vivre avec
Yoshioka. On ne le savait pas encore, mais le générique génial de Un amour abusif, déviant et dévergondé
nous avait montré le visage de Fukahata sous toutes les coutures : ses
yeux exorbités, sa glotte, ses doigts caressant un téton, sa langue se
pourléchant. Immédiatement, il est évident que tout ne tourne pas rond chez
lui.
Le
titre du film décrit bien le comportement de Fukahata. Cadre commercial, marié
et père d’une fille cacochyme, notre homme passe le plus clair de son temps à
espionner Noriko. D’abord sur son lieu de travail, dans le bar qu’elle gère, où
il fait honte à ses clients, ensuite chez elle où il arrive à l’impromptu pour
le plus grand bonheur des voisins qui écoutent au mur les ébats sexuels du
couple. Qu’elle soit d’accord ou non, Noriko doit coucher avec lui quand lui en
a envie. Cela s’appelle tout simplement un viol. Quand elle tente de résister,
il la bat : claques, étranglement ou encore, il la plonge habillée dans la
baignoire. Quand elle arrive chez elle, il lui fait une grosse scène de
jalousie en la harcelant de questions, plus tard il lui reproche de trop se
maquiller. Voilà pour la partie de l’amour abusif.
Il
pratique un constant chantage amoureux. Sa grosse bouille de poupon contraste
avec ses yeux pervers. Tantôt il est très câlin, clamant à Noriko qu’il l’aime,
qu’il va quitter sa femme et l’épouser. Plus tard, il fait la tête, allume une
cigarette et ne prononce pas un mot avec un regard accusateur. C’est surtout un
lâche. Il met enceinte Noriko qui décide d’avorter. Il lui raccroche au nez
quand elle lui téléphone pour réclamer son soutien. Quand elle va à l’hôpital,
il ne l’accompagne pas préférant passer du temps avec Jimmy un travesti.
Fukahata se comporte comme un gamin, Noriko ne sait jamais à l’avance quelle
pourra être sa réaction et quand va s’arrêter ses caprices. Par un effet de
réaction, il infantilise sa maîtresse. Les nombreux miroirs renforcent cette
dualité et laissent planer une ambiguïté sur la capacité de Noriko de quitter
définitivement Fukahata, au grand dam de Yoshioka.
Obsédé
sexuel, Fukahata est insatiable et abuse de sa maîtresse. Les scènes de sexe
restent très soft et peu sensuelles, c’est bien mieux ainsi puisque Norilo,
somme toute, subit des viols de son amant. Une scène se démarque totalement du
reste du film. Dans son appétit de stupre, Fukahata part avec Jimmy, le garçon
travesti. Portant un soutien gorge et une culotte pour femme, il se fait
humilier par Jimmy qui le flagelle avec une ceinture. Un défile d’autres
travestis suivra, chacun énoncera sa spécialité sexuelle. Finalement, une partouse
commencera. Sous une lumière stroboscopique ou filtrée avec des couleurs vives,
tout le monde baisera joyeusement. La séquence évoque plus qu’elle ne montre
quoi que ce soit et demeure le morceau de bravoure d’Un amour abusif, déviant et dévergondé.
Un
amour abusif, déviant et dévergondé (異常性愛記録 ハレンチ, Japon, 1969)
Un film de Teruo Ishii avec Masumi Tachibana, Yukie Kagawa, Reiko Mikasa,
Mitsuko Aoi, Miki Obana, Kiyoko Tange, Kei Kiyama, Michi Tanaka.
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