mardi 29 mai 2007

The Legend of speed


The Legend of speed n'est pas un remake hongkongais de Fast and furious, ce splendide film de bagnoles customisées où l'immense Vin Diesel faisait des courses sous la caméra du génial Rob Cohen. Impossible parce que Fast and furious a été produit deux ans après The Legend of speed. En dehors des courses de voitures, peu de choses sont comparables. Fast and furious était de toute façon un démarquage de Point Break, histoire classique du flic qui s'infiltre chez des petites frappes. The Legend of speed a sans doute son origine dans le manga. Andrew Lau adaptera le manga Initial D en 2005. D'ailleurs dans The Legend of speed, on trouve deux personnages, acolytes de Ekin Cheng, qui s'appellent Ini et Siale D. On verra dans le film, la bande d'Ekin se disputer avec de jeunes japonais bariolés une place pour ce jeu très populaire de danse. Une autre chose, The Legend of speed a pour titre original Full throtle 2. Le 1 était un film de Derek Yee avec Andy Lau, mais il n'en est pas la suite et ce titre ne correspond qu'à un plan marketing élaboré par la Win's Movie Production.

Avouons-le tout de suite, The Legend of speed n'est pas un grand film. Le scénario repose essentiellement sur ses personnages dont la psychologie est largement détaillée. Les courses de motos ou de voitures ne sont pas nombreuses, mais elles sont bien filmées pour qui est amateur de la chose. Andrew Lau, le réalisateur, déclare dans l'entretien en bonus, qu'il est un spécialiste du filmage de courses automobiles. On veut bien le croire. Mais il n'y a que quatre courses. La première et la troisième sont en motos. Le deuxième et la dernière sont en voitures. Ça file à toute vitesse, on est balancé entre les deux adversaires dans des champs contrechamps rapides qui ne permettent pas deviner a priori qui sera victorieux. Ce qui semble le meilleur est que les acteurs eux-mêmes ont conduit leurs engins. Rien de neuf dans ces séquences, mais elles sont assez prenantes. Comme de bien entendu, la musique durant ces scènes sont au mieux du techno rock au pire du rap rock.

The Legend of speed repose entièrement sur ses personnages. Le héros du film s'appelle Sky (Ekin Cheng.) Comment sait-on qu'il est le héros ? Parce qu'il est celui que tout le monde attend pour lancer l'action, en l'occurrence la première course de motos où il aura pour adversaire le blond Sang-jie. Ce dernier est le frère de Fung qui est en prison pour être passé du côté obscur de la bagnole, c'est-à-dire devenir chauffeur pour les triades. Sky arrive dans sa caisse. Lunettes noires (et pourtant c'est la nuit), pantalon et veste en cuir qu'il porte sur son torse nu et musclé. Les filles en sont folles. Et les gars jaloux. Sky a une copine, Kelly. Elle aime s'habiller d'un short très court et d'un haut tout aussi court. Ils sont très amoureux. Ça se voit, ils s'embrassent avec beaucoup de passion. Comme il se doit, Sky battra Sang-jie et comme ce dernier ne peut pas payer le pari de un million de HK$, Sky lui brise la jambe avec une batte de baseball.

Certes Sky est un dur, mais peut-être a-t-il ses raisons. Son père, Dong, a disparu vingt ans plus tôt. Sa mère le considère comme mort. Parlons de la mère de Sky. C'est une femme hyper active. On ne sait pas bien quel est son boulot, mais une chose est sûre, elle a dans son calepin tous les numéros de téléphone utiles. Quand Sky affronte Fung, tout juste sorti de prison en voiture, un malencontreux accident cause la mort de Kelly. Et la mère de Sky n'hésitera pas à appeler le ministre pour qu'il puisse sortir le fiston de prison. Du coup, il senfuira en Thaïlande où il ira à la recherche de son père. Père qu'il retrouve dans un petit village où il est devenu coiffeur. Le père c'est Blacky Ko, un vieux pote de Andrew Lau dans la vie, et ce père redonnera confiance à Sky pour retrouver son honneur.

Kelly meurt au milieu du film. Elle est un personnage purement fonctionnel destiné à montrer le potentiel de sex appeal de Ekin Cheng. Dans la bande de Sky, il y a Ryôko qui lui tourne autour. C'est une jeune fille qui est dans un centre de redressement. Elle est follement amoureuse de Sky, mais lui ne la regarde pas. Il la considère comme une gamine. Mais elle ira jusqu'au bout de ses rêves et finira par faire fondre la glace qui s'est installée à la place du cœur de Sky. Ryôko est interprétée par Cecilia Cheung, actrice dont on ne dira jamais assez de bien. Ce rôle est un de ses premiers, quand elle avait dix neuf ans, année où elle avait le premier rôle dans The King of comedy de Stephen Chow.

Venons-en maintenant à Panda. Il est le grand frère de Ryôko. Il la protège un peu contre cet univers impitoyable qu'est la course de vitesse. Panda est le mécanicien de Sky. Il écoute le vrombissement des moteurs comme si c'était du Mozart. Il a une coupe ras la frange et bégaye. A vrai dire, il est vaguement attardé. Ou tout du moins, ses adversaires le traitent comme tel. Mais en vérité, Panda est un bon gars généreux et raisonnable. Il avait bien dit à Sky de ne pas mettre autant de puissance dans sa voiture. Résultat : accident mortel pour Kelly. Toujours du côté des gentils, se trouvent Ini et Siale D dont on a un peu du mal à déterminer la fonction. Et il y a aussi Tse-yin. Son personnage de bon gros à lunettes correspond à celui du traître qui, une fois Sky enfui en Thaïlande, ira rejoindre le camp des ennemis.
Les ennemis (ou les adversaires) de Sky sont méchants. Ils ont beau prôner le respect entre conducteurs, ils ne s'embarrassent pas de coups fourrés pour gagner les courses. A leur tête, se trouve Fung (Simon Yam) qui sort de prison. Quand ses potes viennent le chercher en bagnole (évidemment des grosses cylindrées), il hume le doux parfum des pots d'échappement. Le bonheur. Fung est un méchant. C'est d'ailleurs le seul à fumer des clopes. Il a un frère, Sang-jie qui a perdu la première course du film. Dans une séquence, la bande de Fung essaie de mettre une rouste à Sky. Sang-jie pour se venger de lui avoir pété la jambe, veut le piquer avec une seringue qui contient du sang contaminé au sida. Mais Sky s'en empare et pique Sang-jie. Son destin lui sera fatal et pathétique.

Et petit à petit, The Legend of speed continue de glisser vers une pente assez navrante où la surenchère de mauvais coups finit par ne plus être qu'un catalogue de scènes prévisibles. C'est un film très mineur d'Andrew Lau qui a, dans les années 2000, tourné des choses bien plus abouties, telle la comédie romantique et musicale Dance of a dream ou le désormais classique Infernal affairs. Initial D, directement adapté du manga homonyme et que le cinéaste se fait dérouler au Japon est bien meilleur.

Jean Dorel
The Legend of speed (烈火戰車2之極速傳說, Hong Kong, 1999) Un film d’Andrew Lau avec Ekin Cheng, Cecilia Cheung, Simon Yam, Blackie Ko

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