Dès le début du film, on est mis dans le bain. Le générique en scope de
Et à commencer par les chef de la tribu, Yang Tsung-pao. Parti combattre avec ses frères l'invasion mongole des Hsiao, il se retrouve pris au piège et exterminé par les soldats. Le roi Hsiao a cinq fils, dont le plus cruel est le dernier. Il prend un plaisir non feint à torturer ses prisonniers et les Yang seront décapités sans pitié au son d'un rire sardonique typique des méchants. Le cinquième Prince, c'est Lo Lieh, toque en fourrure blanche constamment vissé sur la tête et chaussures rouges aux pieds. Il semble prendre beaucoup de plaisir à son rôle de méchant. Il aura l'occasion de faire beaucoup le méchant, de donner des coups de fouet à de pauvres innocents, de bastonner une gentille fille et de décapiter ceux qui ne sont pas de son avis, d'organiser des combats sanglants entre ses hommes, de les autoriser à violer des jeunes filles capturées. Et d'autres horreurs encore. Plus méchant, c'est dur.
Les ennemis des Hsia, ce sont les Chinois, ici symboles de loyauté, de pureté et d'honnêteté. Ses meilleurs représentants en sont la famille Yang. Toute la parentèle nous est présentée en début de film : chaque actrice a son nom en lettres jaunes en bas de l'écran. Comme elles sont nombreuses, on a peu de temps pour vraiment faire connaissance avec elles. Mais, voilà les Yang, famille ô combien estimable en train de faire la fête pour l'anniversaire de Tsung-pao. Or, ce qu'elles ignorent c'est que Tsung-pao vient de mourir précisément ce jour-là. Sous la direction de
De nombreux points différencient Les 14 Amazones des autres productions Shaw Brothers de la même époque. On ne trouve pas le héros solitaire et mélancolique de Chang Cheh. Il n'y a pas l'esthétisme des films de
Mais ce qui étonne le plus dans Les 14 Amazones reste les combats eux-mêmes. Pas tous, certes, mais certains notamment le dernier, sont filmés caméra à l'épaule, au plus près des personnages. Pour dire vrai on se croirait dans certaines scènes de The Blade. On ressent le chaos, la haine des combattants les uns pour les autres. Le scope permet à des centaines de figurants de se battre. C'est Ching Siu-tung, le fils de Cheng Kang qui avait alors 18 ans, qui a réglé certains combats. On retrouve la frénésie qu'il utilisera dans ses Histoires de fantômes chinois. Les combats, avec en contrepoint une musique qui mélange les genres, prennent une ampleur assez rare pour un Shaw Brothers.
On est du coup très indulgent, devant cet immense effort de rendre réaliste les scènes de sabre, pour les décors en carton pâte (l'attaque de la forteresse ou celle du barrage ou encore les miniatures dans le canyon), pour les chansons mièvres (les paroles sont de Cheng Kang), pour l'esprit puritain qui accompagne le wu xia pian (toujours l'honneur des époux à défendre et surtout pas le féminisme), pour le sang ketchup (Lo Lieh boit le sang de l'esclave qu'il vient de fouetter), pour les grimaces censées exprimer la douleur (et toujours quand une soldate pleure elle met ses yeux dans ses manches). Cheng Kang, qui reçut le Golden Horse du meilleur metteur en scène – récompense méritée – reste un cinéaste qu'on a envie de découvrir.
Les 14 Amazones (The 14 Amazons, 十四女英豪, Hong Kong, 1972) Un film de Cheng Kang avec Lisa Lu, Ivy Ling Po, Li Ching, Lily Ho, Lo Lieh, Yueh Hua, Shu Peipei, Wang Ping, Tina Chin Fei, Ting Pei, Wang Hsieh, Fan Mei-sheng, Chen Yen-yen, Hsia Ping, Lin Ching, Ching Miao, Tien Feng, Huang Chung-hsing
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