dimanche 18 novembre 2007

Confessions intimes d'une courtisane chinoise


Dès les premières secondes de Confessions intimes d’une courtisane chinoise, le style inimitable de Chu Yuan se reconnaît. Il semblerait que son but soit constamment de placer entre la caméra et ses acteurs toutes sortes de choses : fleurs, branches, voiles, meubles et les acteurs également. Cette mise en place, extrêmement maniériste, atteindra son paroxysme en 1978 dans Swordsman and enchantress, où Chu Yuan se fout complètement de l’histoire.

Pour l’instant dans Confessions intimes d’une courtisane chinoise, le cinéaste suit le parcours de Ainu (Lily Ho) dans sa vie de courtisane, c’est-à-dire de pute de luxe. On est dans cette Chine légendaire qu’a aimé filmer la Shaw Brothers, une Chine de studio qui sied à merveille à Chu Yuan. Ainu, ainsi que d’autres jeunes filles, a été achetée par Chun-yi (Pei Ti), une mère maquerelle. Mais Ainu ne l’entend pas de cette oreille et se rebelle.

D’abord commence le dressage des filles. Il s’agit de les rendre souples : bain d’alun. Bonne idée pour faire de l’érotisme soft et dénuder des belles actrices. Quand les filles ne font pas bien leurs exercices, quelques coups de cravache viennent rappeler qu’elles ne sont que des esclaves sexuelles. Et hop, un peu de SM gentillet.

Très vite Madame Chun-yi se rend compte que Ainu l’attire. Parce que cette dernière ne se soumet pas, elle reçoit une bonne correction à grands coups de fouet. Et pour la consoler, Chun-yi lèche avec de sensuels coups de langue les plaies de l’être aimée. On sait que les amours lesbiennes sont un des classiques du fantasme érotique des hommes hétéros. Chu Yuan pousse ici ce fantasme jusqu’à la caricature.

Tout de même, au bout d’un certain temps Ainu accepte à la fois d’être l’objet du désir de sa maîtresse et de coucher avec les clients. Mais en vérité, elle commence à fomenter sa vengeance, d’autant plus que son serviteur personnel, le muet Ya Ba Ge (Man Chung-san) est tué devant elle.

Confessions intimes d’une courtisane chinoise commençait sous la forme d’un flash-back où le commandant Ji (Yueh Hua) enquêtait sur la mort d’un seigneur local. On retrouve la scène initiale au milieu du film et évidemment on comprend ce qui s’est passé. Ainu fait subir à ses « clients » ce qu’elle a subi, mais avec comme but de tuer ces trois seigneurs.


L’érotisme de Confessions intimes d’une courtisane chinoise est aujourd’hui un peu suranné, mais on imagine tout à fait qu’en 1972 cela a pu émousser les esprits des spectateurs érotomanes. Mais là n’est pas le seul propos de Chu Yuan et de ses scénaristes.

On assiste dans Confessions intimes d’une courtisane chinoise à une analyse des rapports entre sexes très négatifs. Les hommes sont tous des porcs libidineux qui exploitent des jeunes filles innocentes et soumises contre leur gré. On trouve cependant deux hommes qui ne pratiquent pas le sexe : le commandant Ji et Bao Hu (Tung Lin), l’intendant de Chun-yin. Les deux semblent amoureux respectivement de Ainu et de Chin-yin. Mais parce que l’amour n’a pas droit de cité dans le film,

Du coup, les femmes ne s’aiment pas non plus l’une l’autre. Leur rapport est symbolisé par les couleurs des robes qu’elles portent et qui expriment leur psychologie du moment. Les deux personnages féminins sont sans cesse en opposition. Leur sentiment est aussi exprimé par la musique. D’ailleurs on y entend des extraits de deux morceaux de Pink Floyd : Careful with that axe Eugene (de l’album A saucerful of secrets, 1968) et Pig heat big meat (de la BO de Zabriskie Point, 1970).

Confessions intimes d’une courtisane chinoise (Intimate confessions of a Chinese courtisan, 愛奴, Hong Kong, 1972) Un film de Chu Yuan avec Lily Ho, Pei Ti, Yueh Hua, Tung Ling

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu te tapes tous les shaw brothers ? Ca a pas l'air gégène...

Jean Dorel a dit…

Je remets certains des textes NFR et puis c'est drôle d'écrire sur une comédie musicale