jeudi 30 août 2007

The Adventure of Iron Pussy


Elle porte un ensemble rose, des lunettes blanches assorties à ses bottes et une écharpe enroulée autour du cou. Elle, c’est Iron Pussy, héroïne thaïlandaise qui va défendre les jeunes filles opprimées par les goujats de la campagne. L’auteur du film contant ses pérégrinations s’appelle Apichatpong Weerasethakul. Car entre ses deux plus célèbres films Blissfully yours (2002) et Tropical malady (2004) qui ont tant fait couler d’encre dans la presse cinéma, Weerasethakul a tourné cet mystérieux objet filmique intitulé The Adventure of Iron Pussy, tout simplement. Le film est co-réalisé par Michael Shaowanasai également interprète principal.

Dans un restaurant en pleine campagne, de jeunes clients embêtent la fille du patron. Ils la harcèlent de manière peu élégante. Elle fait tomber une assiette. Les gars commencent à vouloir abuser d’elle quand soudain apparaît Iron Pussy qui vient défendre la jeune femme. Sa mission accomplie, elle retire (pudiquement) sa longue perruque et ses frusques, et va rejoindre Pew, l’homme à la moto et au blouson de cuir. Il y a un gros 69 brodé sur le dos. On y voit tout de suite une évocation des liens qui les unit. Un court flashback montrera leur rencontre, filmé façon muet.

Dans la vie, Iron Pussy est un honnête commerçant. Personne ne soupçonnerait qu’il est une héroïne. On ne voit pas comment on pourrait le savoir. Justement ce jour-là, il reçoit un ordre de mission. Il doit enquêter sur un certain Henry, connu également sous le nom de Oop. Et hop, revoilà Iron Pussy repartie en mission. Elle se fait engager comme bonne dans le château de la nouvelle maîtresse de Oop. La gouvernante la traite mal, mais très vite le fils de la châtelaine tombe amoureux d’elle. Car Iron Pussy malgré son subtil déguisement de bonne à tout faire reste d’une beauté inégalée, comme les dialogues se plaisent à le dire.
Cependant, ce fils de bonne famille est un méchant. C’est même le méchant du film. Avec Oop, il a inventé une drogue redoutable qui oblige les gens à obéir aveuglément. Iron Pussy va devoir lutter contre ce cartel de narcotrafiquants qui risque de nuire au bon fonctionnement du monde libre.

Et The Adventure of Iron Pussy continue sur son chemin avec son inévitable lot de rebondissements en tout genre destinés à faire progresser l’action de ce film d’agent secret. C’est comme dans un James Bond, ou presque. Iron Pussy a été abandonné dans son enfance. Mais qui est sa mère ? La gouvernante est-elle aussi nette qu’on le croit ?

Inutile de chercher le Weerasethakul de Tropical malady dans cette pochade. Certes, il y a un tigre, une forêt tropicale, des gens qui changent d’apparence, mais on serait bien en peine de faire le moindre lien avec ses films les plus connus. Du point cinématographique, The Adventure of Iron Pussy est nul. Filmage purement organique, sans invention, sans volonté de créer la moindre ambiance. Le scénario prend un malin plaisir à servir les clichés inhérents au genre, surtout en ce qui concerne les coups de théâtre plus loufoques les uns que les autres. Si l’on ajoute à cela quelques chansons comme dans une « musical comedy », on s’approche du kitsch. Les situations sont aussi peu crédibles qu’on puisse en imaginer. Alors qu’elles viennent de se faire enlever par les méchants, Iron Pussy et la châtelaine ne se soucient que de leur coiffure, par exemple.

On ne peut voir dans The Adventure of Iron Pussy qu’une simple récréation faite avec quelques amis pour renflouer les caisses afin de pouvoir tourner les films qui feront bander les sélectionneurs de festivals européens. Cependant, le film ne ressemble assez peu aux films de Wisit Sasanatieng. C’est une grosse blague faite avec le plus grand sérieux. A ce jour, je ne crois que The Adventure of Iron Pussy soit sorti en salles en France ni qu’il existe une édition DVD. Le film est passé sur une chaîne du câble en mai 2006. Peut-être un jour découvrira-t-on une nouvelle aventure de Iron Pussy.

Jean Dorel
The Adventure of Iron Pussy (Thaïlande, 2003) Un film de Apichatpong Weerasethakul et Michael Shaowanasai.

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