samedi 1 septembre 2007

My name is fame


Poon Ka-fai est acteur dans l’industrie de Hong Kong. Industrie du cinéma qui fait de ses acteurs des stars ou des acteurs de second ordre. Fai fait partie de la seconde catégorie. Il enchaîne les films comme beaucoup de seconds couteaux dans le cinéma. Il est entré dans le métier grâce à ses parents (ça arrive souvent, Derek Tsang, fils d’Eric y joue ici un régisseur). Son père faisait tourner sa mère il y a de cela quelques décennies. Enchaîner les rôles signifie pour Fai jouer un clochard crasseux qui se fait gifler ou encore un témoin dans un procès. Chaque fois il doit s’effacer devant la star (souvent montante) qui est mise en avant par le réalisateur. Fai, parce son père fût un grand cinéaste, ne peut pas s’empêcher de la ramener et de donner conseils et critiques, ce qui le fait passer aux yeux des décideurs comme un chieur. D’autant qu’il ne supporte qu’on lui donne de trop petits rôles, ou toujours les mêmes comme lui dit un des autres acteurs.

C’est justement lors du tournage de ce film de procès que Fai gronde une figurante qui n’arrête pas de rire pendant le tournage. Faye est quant à elle fan de Fai, elle se rappelle sa carrière passée. Mais lui est désormais dans une période creuse. Cela arrive souvent dans une vie d’acteur, que l’on se rappelle celle de Tony Leung Ka-fai (à qui le pesonnage emprunte son prénom) qui eut presque une décennie de vaches maigres avant de revenir il y a quelques années. Tony Leung qui apparaît dans le film exprime toute la cruauté de l’industrie. My name is fame n’est pourtant pas une critique abrupte du milieu, on y voit ses plus gros défauts avec une certaine tendresse, comme quand on aime tant quelqu’un qu’on accepte même ses défauts. My name is fame en ce sens ne ressemble pas vraiment à Stunt woman d’Ann Hui (qui apparaît aussi) ni à King of comedy le chef d’œuvre de Stephen Chow. On pense plus à The Heavenly Kings de Daniel Wu avec sa distance ironique dans une sorte de remake de A star is born.

Poon Ka-fai est interprété par Lau Ching-wan, l’un des meilleurs acteurs des 15 dernières années (et c’est rien de le dire, j’y reviendrai prochainement). Fai va prendre sous son aile Faye (Huo Siyan) qu’il retrouve chez son ex femme pour qui elle travaille. Faye réussit à décrocher un petit rôle de pute (faut bien commencer) dans un film d’action. Elle ne parle encore très bien cantonais mais elle va s’améliorer. Fai deviendra petit à petit l’agent de Faye. Elle fera une pub, un bon moyen d’être connue. Elle va recevoir des conseils de Fai pour apprendre à jouer, à pleurer.

Mais au bout d’un moment, trois problèmes vont se poser. Faye, parce qu’il faut bien gagner sa vie, va accepter des choses qui déplaisent à Fai, comme poser nue ou partir tourner un film au Japon qui est peut-être érotique. Ensuite, en s’occupant autant d’elle, Fai en oublie sa propre carrière et commence à se laisser aller. Enfin, ce qui devait arriver arrive, et ils tombent bien entendu amoureux l’un de l’autre. Toute la deuxième partie du film devra résoudre ces trois problèmes.

Lau Ching-wan s’était abandonné à une certaine facilité ces dernières années en ne tournant presque exclusivement des comédies du Nouvel An Lunaire pour Wai Ka-fai (ah ! l’horrible Himalayah Singh). Son talent est établi et certain depuis pas mal de temps, mais on venait à ne plus trouver ses performances étonnantes. Dans My name is fame il se remet en cause dans une mise en abîme, qui sans être vertigineuse, en dit long sur la difficulté de durer (tout le monde n’est pas Andy Lau ou Stephen Chow ou Jackie Chan).

Le film, filmé calmement par Lawrence Ah Mon, se laisse paisiblement regarder. On connaît la fin, mais on se prend de sympathie pour le personnage de Lau Ching-wan. L’affiche du film en dit aussi beaucoup. On y voit Faye dans le costume de la récompense des Hong Kong Film Awards, et sur la droite trois parodies d’affiches : In the mood for love, Le Secret de Brokeback Mountain et Mr. & Mrs. Smith. Le film se termine justement par la cérémonie des Awards où Fai aurait été nommé pour son rôle dans un film d’Ann Hui. Dans la vraie vie, Lau Ching-wan a enfin reçu ce prix comme meilleur acteur. Il en était à déjà 7 nominations. Un record. Bravo !

My name is fame (我要成名, Hong Kong, 2006) Un film de Lawrence Ah Mon avec lau Ching-wan, Huo Syian, Candy Wu, Lai Yiu-cheung, Ekin Cheng, Tony Leung Ka-fai, Fiona Sit, Derek Tsang, Niki Chow, Ann Hui, Gordon Chan, Fruit Chan

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