Tiens, tiens, Wong Kar-wai a été scénariste avant de faire des films. On le savait mais je n’avais jamais eu l’occasion de voir ces films qu’il a écrits. L’attrait de Final victory, réalisé par Patrick Tam un des réalisateurs de la Nouvelle Vague, tien aussi dans le fait que Tsui Hark joue un petit rôle qui irrigue les actions des trois personnages principaux. Le film joue sur des ressorts connus des spectateurs pour mieux retourner les clichés et en faire autre chose. Un excellent film produit par la D&B, société connue pour ses films d’action musclé.
Coiffé d’un chapeau vert, Tai-bo (Tsui Hark) explique à Hung (Eric Tsang) ce qu’il doit dire au chanteur de charme philippin qui drague sa femme. Le chapeau vert signale que l’homme est cocu et ce symbole reviendra souvent dans le film. Hung est trop timide, trop petit et trop grassouillet pour oser dire au Philippin qu’il est cocu. Tai-Bo se charge de lui casse la gueule et de la virer de la boite de nuit qu’il gère. Tai-Bo est un petit chef mafieux et Hung son homme de main. Ils se connaissent depuis l’enfance mais Hung a toujours eu peur de lui, de sa violence et de son tempérament de feu.
Tai-bo doit faire six mois de prison et il demande à Hung de prendre soin de sa femme pendant son incarcération. Premier problème, Ping (Margaret Lee) doit de l’argent à Choi (Wong Hung) parce qu’elle est une joueuse impénitente. Hung apprend aussi que Tai-bo a une maitresse, le jeune Mimi (Loletta Lee) qui est partie au Japon gagner un peu d’argent. Il doit aller la chercher là bas, notamment pour échapper à Choi qui devient pressant pour retrouver son argent. Ping l’accompagne ce qui va bien compliquer les choses. Elle n’en fait qu’à sa tête et les catastrophes vont s’accumuler.
Mimi travaille dans une boite à strip-tease à Tokyo et Hung, sans le sou, doit trouver 500000 yens pour la racheter. Il va falloir trouver de l’argent et le timide Hung a bien du mal. Mais surtout, il doit faire bien attention à ce qu’aucune des deux femmes ne sachent qu’elles sont toutes les deux des maîtresses de Tai-bo. Chacune croit que Hung est le copain de l’autre et quand ils doivent dormir dans le petit appartement de Mimi, une série de quiproquo s’amorce jusqu’à ce qu’elles comprennent les tenants et aboutissements. La partie japonaise est consacrée à la comédie. Mais il faut retourner à Hong Kong.
Final victory est divisé en trois parties entrecoupées par une visite des trois protagonistes à Tai-bo en prison. Lors de la première visite, Hung, Ping et Mimi doivent avouer que les femmes sont au courant pour le concubinage de Tai-bo, ce qui le met en colère. Hung doit continuer à protéger les femmes de Choi. Hung se rapproche de Mimi et ils commencent à s’apprécier. Ils n’osent pas s’avouer qu’ils sont amoureux l’un de l’autre. Et Hung a toujours peur de la réaction de Tai-bo et de devoir lui faire porter le chapeau vert. La romance, dans cette deuxième partie, est finement amenée mais lors de la visite en prison, Tai-bo menace de tuer tout le monde.
Cela amène à cette troisième partie où le trio va chercher à partir de Hong Kong pour fuir la vengeance de Tai-bo. Cette partie pleine de suspense conclue admirablement Final victory. Le final va à l’encontre de la plupart des films des comédies d’action de ces vaillantes et fécondes années 1980.C’est une idée judicieuse d’avoir mis Eric Tsang dans un rôle à contre emploi progressif. Dans la comédie, il excelle, c’est un fait entendu, mais dans la partie romantique, il offre un jeu toute en subtilité. En tant qu’admirateur d’Eric Tsang, je m’en doutais, mais encore fallait le prouver et Final victory est le film idéal pour cela.
Final victory (最後勝利, Hong Kong, 1987) Un film de Patrick Tam avec Eric Tsang, Loletta Lee, Margaret Lee, Wong Hung, Tsui Hark.