dimanche 30 janvier 2011

Final victory


Tiens, tiens, Wong Kar-wai a été scénariste avant de faire des films. On le savait mais je n’avais jamais eu l’occasion de voir ces films qu’il a écrits. L’attrait de Final victory, réalisé par Patrick Tam un des réalisateurs de la Nouvelle Vague, tien aussi dans le fait que Tsui Hark joue un petit rôle qui irrigue les actions des trois personnages principaux. Le film joue sur des ressorts connus des spectateurs pour mieux retourner les clichés et en faire autre chose. Un excellent film produit par la D&B, société connue pour ses films d’action musclé.

Coiffé d’un chapeau vert, Tai-bo (Tsui Hark) explique à Hung (Eric Tsang) ce qu’il doit dire au chanteur de charme philippin qui drague sa femme. Le chapeau vert signale que l’homme est cocu et ce symbole reviendra souvent dans le film. Hung est trop timide, trop petit et trop grassouillet pour oser dire au Philippin qu’il est cocu. Tai-Bo se charge de lui casse la gueule et de la virer de la boite de nuit qu’il gère. Tai-Bo est un petit chef mafieux et Hung son homme de main. Ils se connaissent depuis l’enfance mais Hung a toujours eu peur de lui, de sa violence et de son tempérament de feu.

Tai-bo doit faire six mois de prison et il demande à Hung de prendre soin de sa femme pendant son incarcération. Premier problème, Ping (Margaret Lee) doit de l’argent à Choi (Wong Hung) parce qu’elle est une joueuse impénitente. Hung apprend aussi que Tai-bo a une maitresse, le jeune Mimi (Loletta Lee) qui est partie au Japon gagner un peu d’argent. Il doit aller la chercher là bas, notamment pour échapper à Choi qui devient pressant pour retrouver son argent. Ping l’accompagne ce qui va bien compliquer les choses. Elle n’en fait qu’à sa tête et les catastrophes vont s’accumuler.

Mimi travaille dans une boite à strip-tease à Tokyo et Hung, sans le sou, doit trouver 500000 yens pour la racheter. Il va falloir trouver de l’argent et le timide Hung a bien du mal. Mais surtout, il doit faire bien attention à ce qu’aucune des deux femmes ne sachent qu’elles sont toutes les deux des maîtresses de Tai-bo. Chacune croit que Hung est le copain de l’autre et quand ils doivent dormir dans le petit appartement de Mimi, une série de quiproquo s’amorce jusqu’à ce qu’elles comprennent les tenants et aboutissements. La partie japonaise est consacrée à la comédie. Mais il faut retourner à Hong Kong.

Final victory est divisé en trois parties entrecoupées par une visite des trois protagonistes à Tai-bo en prison. Lors de la première visite, Hung, Ping et Mimi doivent avouer que les femmes sont au courant pour le concubinage de Tai-bo, ce qui le met en colère. Hung doit continuer à protéger les femmes de Choi. Hung se rapproche de Mimi et ils commencent à s’apprécier. Ils n’osent pas s’avouer qu’ils sont amoureux l’un de l’autre. Et Hung a toujours peur de la réaction de Tai-bo et de devoir lui faire porter le chapeau vert. La romance, dans cette deuxième partie, est finement amenée mais lors de la visite en prison, Tai-bo menace de tuer tout le monde.

Cela amène à cette troisième partie où le trio va chercher à partir de Hong Kong pour fuir la vengeance de Tai-bo. Cette partie pleine de suspense conclue admirablement Final victory. Le final va à l’encontre de la plupart des films des comédies d’action de ces vaillantes et fécondes années 1980.C’est une idée judicieuse d’avoir mis Eric Tsang dans un rôle à contre emploi progressif. Dans la comédie, il excelle, c’est un fait entendu, mais dans la partie romantique, il offre un jeu toute en subtilité. En tant qu’admirateur d’Eric Tsang, je m’en doutais, mais encore fallait le prouver et Final victory est le film idéal pour cela.

Final victory (最後勝利, Hong Kong, 1987) Un film de Patrick Tam avec Eric Tsang, Loletta Lee, Margaret Lee, Wong Hung, Tsui Hark.

jeudi 27 janvier 2011

Le Sorcier du Népal


En 1986, Chow Yun-fat n’a pas tourné que dans Le Syndicat du crime mais aussi dans dix autres films dont Le Sorcier du Nepal. La sortie de ce film en DVD est plutôt étonnante compte tenu de la qualité que l’on dira médiocre du film. Ching Siu-tung fera bien mieux l’année suivante avec Histoires de fantômes chinois. Chow Yun-fat continuera sa boulimie de rôles allant du gentil benêt au rebelle violent en passant par l’amoureux éperdu. Son personnage dans Le Sorcier du Népal est une combinaison de ces trois caractères sans que le ton du film ne semble être déterminé. D’habitude j’aime le mélange des genres, mais là, rien n’est abouti, c’est le moindre que je puisse dire.

Le Népal est la destination des vacances de Joe (Chow Yun-fat) et Ida (Yammie Nam). Ils font les touristes et il est amusant de voir les Népalais regarder la caméra tandis que nos deux interprètes jouent les touristes, achètent un tapis, tournent les moulins à prière et visitent les temples. Joe est dessinateur et quand il commence une esquisse de ce qu’il voit, le dessin se transforme en une scène de combat entre un roi et un démon. Chaque fois que cela se produit, une jeune femme apparait puis disparait comme par magie. Lors d’une balade en éléphants, Joe disparait. Il est retrouvé inanimé, le genou blessé. Il est rapatrié à Hong Kong. La jeune Népalaise se glisse dans un avion et retrouve Joe, elle le soigne par magie. Elle ne parle pas un mot de cantonais mais se prosterne devant lui comme s’il était son maître.

Le spectateur sait pourquoi elle fait cela. Le film commençait par un flash-back dans une période légendaire. Un roi et sa concubine affronte un démon dont la voix est remplacée par le rugissement d’une panthère (Dick Wei). Le démon les vainc mais la femme Sheila (Emily Chu) attend son nouveau maître venu d’un oiseau de feu : Joe. Je n’ai pas bien compris comment le démon traverse les époques et les lieux si ce n’est parce qu’il est un démon. Mais l’affrontement entre Joe et lui met du temps à arriver et les combats n’ont pas encore la force de ses films suivants. La majorité du scénario est consacrée à la romance par delà le temps entre Joe et Sheila. Ils ont droit à deux scènes d’amour particulièrement cucul la praline. Le récit est bourré d’incohérences qui fleure bon le nanar et, effectivement, il arrive que l’on rit comme à cette attaque d’un berger allemand que le démon va détruire en déchirant une peluche.

Le Sorcier du Népal (奇緣, Nepal affair, Hong Kong, 1985) Un film de Ching Siu-tung avec Chow Yun-fat, Yammie Nam, Emily Chu, Dick Wei.

Sorties à Hong Kong (janvier 2011)


Shaolin (新少林寺)
Un film de Benny Chan avec Jackie Chan, Nicholas Tse, Fan Bing-bing, Andy Lau, Wu Jing, Yu Shaoqun, Xing Yu, Yue Hoi, Hung Yan-yan, Bai Bing, Sang Wei-lin. 131 minutes. Catégorie IIB. Sortie : 27 janvier 2011.







Sorties à Hong Kong (janvier 2011)


Old Master Q and Little Ocean Tiger (老夫子之小水虎傳奇)
Un film de Hiroshi Fukutomi. Animation. 86 minutes. Catégorie I. Sortie : 27 janvier 2011.

mercredi 26 janvier 2011

Filmographie : Ann Hui


Ann Hui 許鞍華
The Secret (瘋劫, 1979) Sortie à Hong Kong le 1er novembre 1979.
The Spooky bunch (撞到正, 1980) Sortie à Hong Kong le 22 mai 1980.
The Story of Woo Viet (胡越的故事, 1981) Sortie à Hong Kong le 24 avril 1981.
Boat people (投奔怒海, 1982) Sortie à Hong Kong le 13 octobre 1982.
Love in a fallen city (傾城之戀, 1984) Sortie à Hong Kong 2 août 1984.
The Romance of book and sword (書劍恩仇錄, 1987) Sortie à Hong Kong le13 août 1987.
Princess Fragrance (香香公主, 1987) Sortie à Hong Kong le 28 août 1987.
Starry is the night (今夜星光燦爛, 1988) Sortie à Hong Kong le 13 octobre 1988.
Swordsman (笑傲江湖, 1990) Sortie à Hong Kong le 5 avril 1990.
Song of the exile (客途秋恨, 1990) Sortie à Hong Kong le 27 avril 1990.
My American grandson (上海假期, 1991) Sortie à Hong Kong le 7 novembre 1991.
Zodiac killers (極道追蹤, 1991) Sortie à Hong Kong le 20 juillet 1991.
Boy and his hero (少年與英雄, 1994)
Summer snow (女人四十, 1995) Sortie à Hong Kong le 4 mai 1995.
Stunt woman (Ah Kam, 阿金, 1996) Sortie à Hong Kong le 10 octobre 1996.
Eighteen springs (半生緣, 1997) Sortie à Hong Kong le 12 septembre 1997.
As time goes by (去日苦多, 1997)
Ordinary heroes (千言萬語, 1999) Sortie à Hong Kong le 10 avril 1999.
Visible secret (幽靈人間, 2001) Sortie à Hong Kong le 1er juin 2001.
July rhapsody (男人四十, 2002) Sortie à Hong Kong le 14 mars 2002.
Goddess of mercy (玉觀音, 2003) Sortie à Hong Kong le 15 avril 2004.
The Postmodern life of my aunt (姨媽的後現代生活, 2006) Sortie à Hong Kong le 8 mars 2007.
The Way we are (天水圍的日與夜, 2008) Sortie à Hong Kong le 28 août 2008.
Night and fog (天水圍的夜與霧, 2009) Sortie à Hong Kong le 7 mai 2009.
All about love (上上下下, 2010) Sortie à Hong Kong le 26 août 2010.
Une vie simple  (A simple life, 桃姐, 2011) Sortie à Hong Kong le 9 mars 2012.
Beautiful 2012 (美好2012, Hong Kong, 2012) 

mardi 25 janvier 2011

All about love


Elles ne s’étaient pas vues depuis douze ans, depuis leur séparation. Macy (Sandra Ng) et Anita (Vivian Chow) se retrouvent, par hasard, dans une réunion de femmes enceintes célibataires. Elles vont se raccompagner l’une l’autre, faire durer le plaisir de la discussion à rebrousser chemin, revenir sur leurs pas pour que cela continue un peu plus longtemps. Finalement, elles finiront la nuit ensemble et reprennent leur histoire d’amour là où elle s’était arrêtée.

Macy est avocate. Cheveux courts, habillée en costumes qu’elle porte avec des talons, elle milite pour la cause féministe. Plus largement, elle milite pour tous les droites. All about love commence par un mariage, celui de Macy avec un homme qui, une fois le marié file en lune de miel avec son petit ami. Depuis sa rupture avec Anita, elle a connue d’autres femmes dont Eleanor (Joey Meng), désormais en couple avec Wai (Joe Kuk) mais aussi d’autres hommes. Macy se considère comme bisexuelle ce qui est mal vue par les lesbiennes. Lors d’une réunion de militantes lesbiennes, Macy se fait gentiment houspillée à ce sujet. Elle rétorque qu’elle subit une triple discrimination : en tant que femme, féministe et bisexuelle. On lui reproche aussi de vouloir défendre un homme accusé de violences conjugales.

Cet homme, Robert (Eddie Cheung) travaille au même étage que Macy. Elle ne voulait pas le défendre, mais elle manque de clients, les factures s’accumulent et il faut bien manger. Macy rencontre Robert. Elle lui fait la leçon sur son couple et lui donne des conseils pour que ça marche mieux. Et le couple de Robert repart de plus belle. Ravi des conseils prodigués par Macy, il l’invite à dîner. Ils boivent quelques verres, s’entendent bien et finissent au lit. C’est ce soir-là qu’elle tombe enceinte, soit 10 semaines avant le retour d’Anita. Macy ne sait pas si elle doit garder l’enfant. Elle ne sait pas si elle doit le dire à Robert.

L’histoire d’Anita, belle brune aux cheveux longs, n’est pas très différente. Elle a rencontré le père de son enfant grâce à Internet. Mike (William Chan) a vingt ans. Il est étudiant et semble à peine sortir de l’adolescence. Quelques verres, une coucherie et hop. Anita est enceinte. Seulement, elle ne va pas lui dire. Il n’a pas de situation, vit de petits boulots mais il est accro à Anita. Il lui offre des petits sandwichs en forme de cœur. Pour les deux amoureuses, il va falloir faire comprendre aux deux hommes qu’elles sortent ensemble et qu’elles sont enceintes. Passée la surprise et une certaine incompréhension, ils vont tout accepter. Mike et Robert vont devenir très amis, le plus âgé deviendra un père de substitution pour son cadet.

En changeant de milieu social et de quartier (ses deux précédents films The Way we are et Night and fog analysaient le prolétariat de Tin Shui Wai), Ann Hui change aussi de forme. Sandra Ng, en tant qu’experte de personnages comiques, met son abattage au service de la comédie. Sa partition fonctionne mieux avec Eddie Cheung qu’avec Vivian Chow. William Chan, en jeune chien fou, est souvent très drôle. A certains moments, All about love fait penser à certains films de Janet Chun et Chang Hing-kai tellement l’ensemble parait léger. Bien que produit par le pachyderme Wong Jing, le film ne tombe jamais dans le graveleux. Bien au contraire, ce ton parvient à faire passer quelques messages sur la tolérance et sur les droits de chacun de choisir la vie qu’il entend vivre.


All about love (
得閒炒飯, Hong Kong, 2010) Un film d’Ann Hui avec Sandra Ng, Vivian Chow, William Chan, Eddie Cheung, Jo Kuk, Joey Meng, Eman Lam, Fan Yik-man, Conroy Chan, Simon Yam, Queenie Chu, Abe Kwong, Fung Bo-bo, Tina Lau.

samedi 22 janvier 2011

Night and fog


Après The Way we are, Ann Hui continue de filmer le quartier populaire de Tin Shui Wai dans Night and fog. L’amitié et la solidarité entre voisins cède la place à un drame de la violence conjugale. L’histoire est inspirée d’un fait divers où un homme a poignardé ses deux fillettes et sa femme. Le film commence par le journal télévisé qui annonce que l’épouse aurait tué les filles et le mari. En contrechamp, plusieurs femmes pleurent en criant que c’est l’homme qui a assassiné, que la police ment et qu’elles-mêmes le savaient. Night and fog va analyser, avec une grande précision, les raisons qui ont poussé à ce drame.

Ling (Zhang Jing-chu) est mariée depuis sept ans à Lee Sum (Simon Yam). Ensemble ils ont eu deux filles jumelles (Ariel et Audrey Chan). Tandis que Ling travaille dans un restaurant, Lee Sum emmène les petites à l’école où la directrice lui demande de l’argent pour la fête annuelle. Mais il n’a pas d’argent. Lee Sum refuse de travailler et vit sur les allocations familiales mais il ne supporte pas que Ling travaille et il la harcèle pour qu’elle quitte son boulot. La conversation au repas du soir est pleine de reproches, puis Lee Sum embrasse fougueusement sa femme et après le dîner, dans la chambre, il l’attache et la viole.

La violence que subit Ling est quotidienne. Elle sa fait insulter pour un rien pour un non. Le Sum la flanque dehors, avec les jumelles, un soir où elle renverse du riz par terre. Il jette dans le couloir de l’immeuble la gamelle de riz et quelques objets, ferme la porte à clé mais quand il entend du bruit dans le couloir, pétri de honte, il demande à Ling de vite rentrer. Elle n’en peut plus et décide de s’enfuir, sans affaires, sans vêtements, sans argent voir une assistante sociale. C’est la voisine Madame Au (Ammy Chun) qui le lui conseille. Elle se désespère d’entendre cet époux faire du mal à Ling.

L’assistance sociale ne sait pas bien quoi faire de Ling et de ses filles. Elles sont placées dans un refuge pour femmes. L’accueil est glacial. Les autres femmes ne lui souhaitent pas la bienvenue. Ling, originaire de Chine, a encore du mal avec le cantonais. Elle va être défendue pas Lily (Jacqueline Law) qui lui présente ses camarades, comme elle en bute à la société et qui se sont réfugiées là. Ce sont ces femmes là que l’on voyait en début de film. Puisque les protagonistes sont morts, Ann Hui fait de Au et Lily les témoins du calvaire de Ling, lors de l’enquête de police. Au raconte la vie familiale et Lily la vie au refuge.

Ce lieu n’est pas idéal pour une femme et ses deux filles et Ling envisage soit de rentrer chez ses parents soit chez elle. Sa mère lui rétorque que c’est normal que le mari batte sa femme. Elle est dévastée. Chez elle, elle a peur d’autant que Lee Sum n’arrête pas d’appeler sur son portable auquel elle ne répond pas. On sent qu’il devient de plus en plus nerveux, qu’il est prêt à tout et n’importe quoi pour qu’elle revienne. Une médiation est faite à l’assistance sociale mais il se met à exploser devant le conseiller. Ling repart au refuge.

On connait l’histoire actuelle grâce aux témoignages de Au et Lily. On va connaitre les débuts de l’histoire entre Ling et Lee Sum. Ling est partie adolescente de la maison familiale. Jeune adulte elle rencontre Lee Sum qu’elle amène un jour chez ses parents. Ils y resteront longtemps. Il sait se faire apprécier et construit une vaste maison pour eux et se fait appeler monsieur l’ingénieur par les villageois. Ling tombe enceinte et ils doivent se marier. C’est dans doute à ce moment précis que Lee Sum commence à regretter sa liberté et il commence à regarder la petite sœur de Ling.

Le drame de Night and fog, Ann Hui le film avec non seulement une grande sensibilité et sans sensationnalisme. Seules les scènes avec les policiers sont un peu accablantes pour eux, puisqu’ils n’ont rien fait pour sauver Ling ni même la comprendre. Le duo Simon Yam et Zhang Jing-chu terrifie par son réalisme. Elle permet à Simon Yam de montrer toute la folie de son personnage dans quelques regards caméra où son visage exprime la violence immense et irrépressible qui contraste avec la douceur et l’angoisse du visage de Ling. Un grand et beau film.

Night and fog (天水圍的夜與霧, Hong Kong, 2009) Un film de Ann Hui, avec Zhang Jing-chu, Simon Yam, Amy Chum, Law Wai-keung, Zhang Jingchu, Yim Chau-wa, Wong Yik-nam, May Che, Hui Man-ho, Angus Chan, Kenneth Cheung, Wong Hiu-yi, Ben Yuen, Yuen Tak-cheung, Stephen Ng, Zhou Jun, Ariel Chan, Audrey Chan.

jeudi 20 janvier 2011

L'Auberge du printemps



Au 14ème siècle, le Prince Lee Khan (Tien Feng), descendant de Gengis Khan, doit lutter contre les armées rebelles menées par le Général Zhou, force de 100.000 soldats. Lee Khan va visiter ses contrées de province et doit se rendre dans une auberge qui sera le lieu où ses ennemis vont chercher à récupérer une carte où est indiqué le plan de bataille destiné à battre les rebelles. Cette auberge, tenue par Wan Ren-mi (Li Li-hua) est enfouie dans une colline. Wan a engagé quelques uns des meilleurs combattants pour vaincre Lee Khan, mais celui-ci arrive avec la cruelle Wan-Er (Hsu Feng) qui n’hésite jamais à condamner à mort ceux qui se mettent sur leur route.

Les premiers clients commencent à arriver dans l’auberge. Pour King Hu, il s’agit d’un jeu de pistes où le spectateur doit deviner à quel camp chacun des clients appartient. Ce chanteur qui mendie pour payer son repas, un lettré reste très calme, un homme riche flirte avec une serveuse, trois homme viennent dépenser leur argent à la table de jeux. Les regards se croisent, des échanges verbaux ont lieu, tout le monde se toise dans un grand théâtre où chaque personnage doit cacher ce qu’il est vraiment. L’Auberge du printemps est une sorte de Cluédo où les faux-semblants et les masques, pendant la première heure, augmentent le suspense. Lee Khan arrive enfin escorté de soldats, le gouverneur Ha vient lui rendre compte de la situation. On n’attend que le général Cao (Roy Chiao).



Cao arrive enfin dans l'auberge. Il affirme avoir réussi à trouver quelques espions qui étaient venus pour semer le trouble.


Le gouverneur Ha (à droite) est géné et tente de s'excuser d'avoir laissé ces rebelles dans sa province. Il avait pourtant affirmé avoir réussi à éradiquer tout complot.


Lee Khan et Wan-Er s'apprêtent à monter dans leur chambre. Wan-Er exige la décapitation des rebelles afin de donner l'exemple. Le gouverneur, jugé incompétent, commence à ne pas se sentir bien. Le plan d'ensemble détermine bien qui est maître de la situation, Ha et Cao en bas - de dos - et Lee Khan et Wan-Er en haut et de face, qui dominent la situation.


Les prisonniers sont à l'extérieur. Cao demande à qu'ils soient montrés à Lee Khan.


On reconnait trois personnes qui espionnaient pour le compte de Lee Khan. Elles ne peuvent pas se défendre. Il vaut mieux pour le prince qu'elles soient exécutées plutôt qu'elles ne délivrent des secrets.


Cao affirme que le lieu n'est pas sûr ce qui compromet les plans établis par Wan qui dirige l'auberge. Son regard angoissé exprime la crainte de l'échec.


Le lettré qui est dans le camp des rebelles se fait passer pour le comptable. Comme Wan, il pense que les plan est compromis.


Wan-Er va seule dans la chambre. Cao convainc Lee Khan de rester dans la salle principale pour mieux le protéger, compte tenu de l'incompétence du gouverneur à assurer sa sécurité. Une fois la discussion finie, Lee Khan quitte le plan. Le regard de Cao se dirige immédiatement vers Wan et le lettré qui se regardent discrètement, mais avec inquiétude.






Tout le personnel de l'auberge qui étaient prêts à agir va être interrogé par Cao pour connaitre leur passé. Les plans se font de plus en plus rapides. Ils sont dans l'incapacité d'agir comme prisonniers de leur secret. Le rideau symbolise la prison dans laquelle ils pourraient vite se trouver.


Cao interroge dans une petite pièce la tenancière. Il lui demande pourquoi elle vient d'engager deux personnes que personne ne connait. Lee Khan écoute les interrogatoires en lisant puis en buvant son thé. Cao questionne le lettré sur son passé. On commence à comprendre pourquoi Cao tenait à ce que le prince écoute. Pour mieux paraître crédible, Cao bat avec sa canne le lettré.


Cao regarde les mains du lettré, elle sont bien trop douces pour un travailleur. Il semble qu'il le soupçonne d'espionnage. Avec la tenancière, il est envoyé dans une autre pièce où son destin sera joué.


Dans la pièce, le lettré montre les deux pièces que Cao a mis dans sa main. C'est le signe de ralliement des rebelles. Chacun n'a plus qu'à attendre les directives.


Tandis que Wan-Er écoute de la fenêtre, Cao, à très haute voix, sermonne le trio de rebelles. Puis, en chuchotant, il confirme le plan : tuer Lee Khan, récupérer la carte et capturer le traitre. Les trois quarts d'heure restant du film auront donc comme but de mettre en scène ce scénario. Désormais, les spectateurs n'ignorent rien des missions de chacun. La grande bataille finale se déroulera en extérieur. Chorégraphiée par Sammo Hung, on sent que King Hu s'intéresse moins à ces combats qu'au simulacre des personnages. Le montage se contente de filmer les combats dans un simple champ contrechamp. C'est le jeu des masques qui est passionnant dans L'Auberge du printemps et qui en donne la saveur.

L’Auberge du printemps (The Fate of Lee Khan, 迎春閣之風波, Hong Kong, 1973) Un film de King Hu avec Li Li-hua, Hsu Feng, Roy Chiao, Angela Mao, Helen Ma, Pai Ying, Tien Feng, Han Ying-chieh, Ho Pak-kwong, Chiang Nan, Ngai Ping-ngo, Ng Ming-choi, Woo Gam, Lee Man-tai, Gam Dai, Fung Ging-man, Wu Jia-xiang, Hao Li-jen.

mardi 18 janvier 2011

I wish I knew, histoires de Shanghai


Chacun a ses souvenirs et tous ces souvenirs composent une histoire de Shanghai. C’est par touches qu’il décide de parler de Shanghai, une ville qu’il ne connait pas, pour un film qui arrive pendant l’exposition universelle. I wish I knew n’est pas un film historique tel qu’on peut l’entendre, ce n’est pas un film qui montrerait les principaux mouvements de la ville. Au contraire, Jia Zhangke s’emploie pendant près de deux heures à ne pas imprimer la légende officielle. Le documentaire se compose de trois types d’images qu’il mélange pour dresser le portrait subjectif de Shanghai.

Le fil conducteur du film est tissé par l’actrice Zhao Tao, jeune actrice aux cheveux courts. Elle ne parlera pas mais ira se promener dans quelques lieux de Shanghai fort peu touristiques. Elle va dans un ferry qui transporte les ouvriers qui se rendent à leur travail sur les docks. On découvre les quartiers populaires où des vieilles dames jouent au mahjong ? Elles sont filmées en lents travellings. Ces scènes contrastent avec le plan inaugural filmé dans les quartiers des affaires où un homme nettoie une statue devant une banque. Jia Zhangke oppose les quartiers mais une constante demeure, Shanghai est une ville en constante transformation. Les travaux semblent nombreux et dans tous les quartiers.

La majorité de I wish I knew est composée d’entretiens, face caméra, tenus par Lin Xudong. Les intervenants racontent un moment de leur histoire quand ils furent confrontés à Shanghai. Beaucoup d’histoires sont liées à la montée au pouvoir des communistes puis à la révolution culturelle. Jia Zhangke est allé rencontrer des personnes d’univers variés, y compris une dame issue d’une famille bourgeoise qui a souffert de la révolution culturelle et il est très rare que de tels récits puissent être entendus dans un film produit officiellement et approuvé par le Bureau du cinéma chinois. Le cinéaste laisse aux gens le temps de parler et les entretiens ne sont pas coupés et tous sont intéressants.

Dans la deuxième heure, le cinéma fait son entrée. Shanghai, bien plus qu’aucune autre ville de Chine, est une ville de décor de cinéma où un grand nombre de films a été tourné. Cela tient à son décor des années 1930 qui est reconstitué en studios puisque la ville est depuis des décennies en renouvellement. Jia Zhangke filme ce décor vide, celui de l’avenue de Shanding que l’on connait bien, qui servit notamment à Crazy kung-fu de Stephen Chow et à tant d’autres films. Le décor nu élimine toute nostalgie car là n’est pas la vision du cinéaste.

On y voit un extrait de Suzhou river de Lou Ye (1999), celui de la contruction du pont, qu’il compare avec des images des travaux achevés. Il rencontre Hou Hsiao-hsien dont la famille venait de Shanghai exilée après l’arrivée au pouvoir de Mao Tsé-toung. Un extrait des Fleurs de Shanghai, tourné entièrement en studio toujours à cause des changements radicaux de la ville, est montré. On rencontre une ouvrière choisie comme actrice dans un film de Xie Jin ou l’actrice Wei Wei, interprète du Printemps dans une petite ville de Mei Fu. Avec un sens certain du paradoxe, on entend les propos d’un alors jeune cadre du parti qui devait guider Michelangelo Anonioni pour son film La Chine, tourné pendant la Révolution culturelle. Il raconte qu’il ne comprenait pas pourquoi le cinéaste italien voulait filmer les petites habitudes de tous les jours plutôt que les grandes réalisations. Là est l’idée du cinéma de Jia Zhangke : les petites histoires sont bien plus importantes que l’histoire avec un grand H. Il faut espérer qu’un jour le Bureau du cinéma chinois comprendra cela et libérera la créativité de ses cinéastes qui étouffent sous la propagande exigée par le Bureau.

I wish I knew, histoires de Shanghai (I wish I knew, 海上傳奇, Chine, 2010) Un film de Jia Zhangke avec Zhao Tao, Lim Giong et des entretiens avec Chen Danqing, Yang Xiaofo, Zhang Yuansun, Du Mei-ru, Wang Peimin, Wang Toon, Lee Chia-tung, Chang Hsin-I, Hous Hsiao-hsien, Zhu Qiansheng, Huang Baomei; Wei Ran, Wei Wei, Barbara Fei, Rebecca Pan, Yang Huaiding, Han Han.

lundi 17 janvier 2011

Dong


Lors du tournage de Still life, Jia Zhangke a réalisé un documentaire autour du peintre Liu Xiadong. Les œuvres de Dong consistent à des grandes toiles représentant des hommes ou des femmes assis ou accroupis. Ils sont peints en grandeur nature. Dong consiste à montrer l’homme au travail sur le site de construction du barrage des Trois Gorges qui est aussi le lieu de l’action de Still life. Liu Xiaodong parle un peu de sa philosophie, fait quelques mouvements de kung-fu pour rester en forme et ne manque jamais d’humour.

Avec beaucoup de douceur, Dong se mêle aux ouvriers. Ils jouent en carte en tenue décontractée, la plupart sont torse nu en slip ou en short. Le peintre adopte la même tenue. Il leur fait tenir la pose et commence sa toile. On en verra les étapes puis le résultat final. La caméra de Jia Zhangke maginfie ces corps par des lents travellings, comme à son habitude. Les deux artistes veulent montrer ceux que l’on ne voit d’ordinaire jamais. Ils seront filmés et peints pour la postérité, tandis que le décor dans lequel ils se trouvent, n’existera bientôt plus une fois que l’eau aura englouti toutes ces villes sacrifiées.

La deuxième partie de Dong amène le peintre en Thaïlande où il décide de peindre onze jeunes femmes, soit le même nombre que les ouvriers chinois. Il semblerait que ces demoiselles soient des prostituées. Jia les filme parfois dans la rue à attendre un client avec leur sourire forcée. Il n’est pas la peine de raconter leurs vies, on les comprend très vite. Ainsi, cela rebondit sur la scène terrible où Dong va dans la famille d’un ouvrier décédé dans une démolition. Dong tente de consoler la famille avec des cadeaux. En Thaïlande, à cause de la barrière de la langue, on ne discute pas. Le film est comme une courte ballade déprimée sur un monde de déracinés auquel il n’y a plus que le cinéma qui puisse rappeler que ces personnes existent.

Dong (, Chine – Hong Kong, 2006) Un film de Jia Zhangke avec Liu Xiaodong.

dimanche 16 janvier 2011

Jeu d'espion




Il est arrivé que Tsui Hark produise des films qui sont des grands n’importe quoi. Jeu d’espion fait partie de cette catégorie de navets qui voudrait faire passer les mouvements scénaristiques pour du suspense et les pitreries des acteurs pour de la comédie. Tout est filmé dans un style très bédé qui rappelle les heures glorieuses, mais nanardesques, des films de la Cinéma City & Films Company.
Takako (Izumoto Noriko) est une chanteuse japonaise dont les amis veulent fêter l’anniversaire. Sa manager préfèrerait qu’elle répète les morceaux et lui interdit de faire la fête. Les amis de Takako et Kudo (Tokito Saburo), qui est amoureux d’elle, en tête inventent un subterfuge pour la faire venir. Ils lui font croire que des espions en veulent à son père et menacent de l’exécuter si elle ne délivre pas quelques informations. Affolée, Takako prend peur, s’enfuit avec sa guitare et décide partir à Hong Kong où elle est persuadée que son père (qu’elle n’a jamais connu) habite.
A Hong Kong, Takako qui ne parle pas un mot de cantonais est vite perdue. Elle prend un type avec un bandeau sur l’œil pour un espion, appelle la police qui informe la télévision que quelque chose de pas net se passe à l’aéroport. Deux reporters de deux chaines de télévision concurrentes arrivent en même temps pour avoir le scoop. Mais notre charmante Japonaise a peur de ce qui lui arrive et s’enfuit. Le reste du film est une suite de catastrophes qui arrivent aux deux personnages principaux.
Ken (Kenny Bee) est pris dans la spirale des événements auxquels Takako le mêle et personne ne veut croire qu’il est innocent. En premier lieu son beau-frère Lee (Waise Lee), l’autre présentateur vedette de la télé, et avec qui il est fâché depuis qu’il est concurrent à l’audimat. Jeunes, ils étaient dans un groupe de musique. Petit à petit, ils vont renouer leur amitié jusqu’à chanter ensemble et avec l’inspecteur Lau (Michael Chan), dans une scène de comédie musicale.
Les déboires s’accumulent mais les romances commencent. L’inspectrice Wong (Joey Wong) arrive en scène avec son lot de glamour. Elle devient une séductrice potentielle pour une amie de Kudo qui a des visées sur lui. A vrai dire, elle n’est dans le film que pour sa beauté. Wong est une femme d’action et comparée à Takako, montrée comme une idiote qui détruit tout ce qu’elle trouve sur son passage, elle incarne le bon sens. Ce qui n’empêche pas Jeu d’espion d’être particulièrement misogyne.
Dans ce genre de comédie bas de gamme, quelques gags surnagent. Il faut dire qu’il y en a tellement. Les acteurs Japonais jouent comme des patates, sans doute bloqués par la barrière de la langue et par leurs rôles stéréotypés. C’est finalement le duo Kenny Bee Waise Lee qui emporte le morceau dans le numéro de haine réciproque où chacun cherche des noises à l’autre. Mais ça ne vole pas bien haut et l’histoire d’espionnage est vraiment tarte, superficiel et superflu.
Jeu d’espion (Spy games, 中日南北和, Hong Kong, 1989) Un film de David Wu avec Kenny Bee, Waise Lee, Izumoto Noriko, Tokito Saburo, Joey Wong, Liu Wai-hung, Phillip Chan, Michael Chan, Lam Chung, Wong San, Maggie Cheung Hoh-yee, Lee Ka-ting, Yoshikawa Asami.

samedi 15 janvier 2011

Arrietty le petit monde des chapardeurs


Comme beaucoup de monde, j’attends chaque nouvelle production Ghibli avec impatience. Hayao Miyazaki a écrit le scénario de Arrietty et la mise en scène a été confiée à Hiromasa Yonebayashi, l’un de ses plus fidèles collaborateurs. Le résultat est en demi-teinte, à l’opposé du foisonnement de Ponyo sur la falaise. Après la tempête scénaristique de ce dernier film, Arrietty offre un récit d’une faiblesse inédite pour le studio d’animation japonais. On s’ennuie gentiment et on oublie le film en attendant le prochain.

Shô, un adolescent malade, part se reposer dans la maison de campagne familiale. Son gros chat hérisse les poils devant un arbuste. Sous le laurier, Arrietty, une jeune femme minuscule se cache puis rentre vite chez ses parents, dans une maison cachée Arrietty fait partie d’une société secrète appelée les chapardeurs. Ils vivent dans les maisons des humains et chapardent les choses nécessaires à leur vie qui ressemble en tout point à celles de n’importe qui. Arrietty a quatorze ans et son père estime qu’il est temps qu’elle apprenne à chaparder car, un jour, elle se retrouvera toute seule.

Dans la famille de Shô, la légende des petits êtres est connue depuis toujours. Son père était certain d’en avoir vu enfant. Il avait fait construire une maison de poupées à leur intention, mais jamais, les chapardeurs n’ont voulu y habiter. Ils ont trop peur d’être détruits par les humains. Arrietty est beaucoup trop libre pour faire attention aux conseils de son père et va établir un dialogue avec Shô. Mais c’est sans compter sur la gouvernante, la vieille Haru, qui sans que cela soit vraiment expliquer dans le film, veut attraper les petits êtres. Haru incarne le classique personnage de vieille méchante que le retrouve dans tous les Ghibli, mais sans la folie habituelle.

Les thématiques sont connues, il faut respecter tous les êtres de la nature quels qu’ils soient. Le refrain est entendu et estimable, mais là encore, il demeure bien vague, sous exploité. Haru est montré comme un personnage ridicule dans sa volonté de destruction. D’ailleurs, l’humour manque de finesse, faisant de la mère d’Arrietty une peureuse hystérique. Mais le point noir du film est sa musique de Cécile Corbel, harpiste réputée mais dont les sonorités celtes parasitent les images. La musique, et pire les chansons, nagent en pleine mièvrerie. Comme je le disais en début de texte, le film est si vite oublié qu’on ne peut qu’attendre le prochain Ghibli.

Arrietty le petit monde des chapardeurs (借りぐらしのアリエッティ, Japon, 2010) Un film de Hiromasa Yonebayashi avec les voix de Mirai Shida, Ryûnosuke Kamiki, Tomokazu Miura, Kirin Kiki, Shinobu Ôtake, Keiko Takeshita.

jeudi 13 janvier 2011

The Green Hornet


Le Frelon vert, c’est d’abord une série où Bruce Lee jouait en 1966 le personnage de Kato. La série n’était pas très bonne, mais elle a permis de faire connaitre l’acteur aux Etats-Unis, lui donner un aura bien que son rôle ne consistait qu’à se battre et être le valet de Britt Reid. Bruce Lee avait 26 ans, Jay Chou qui reprend son personnage dans The Green Hornet en a 31, bien qu’il en paraisse moins. Jay Chou a ses détracteurs, ils sont nombreux et plutôt vindicatif pour rester poli. Personnellement, je n’ai pas grand-chose à lui reprocher si ce n’est de ne pas toujours choisir ses films.

Personne n’attendait Michel Gondry dans un film d’action, comme on ne l’attendait pas dans le documentaire Block party (son meilleur film à mon avis) après Eternal sunshine of the spotless mind. Puisque c’est un film de commande, il serait abusif de chercher le style du cinéaste qui, de toute façon, en sept films a varié les sujets et les thèmes. Reste sa manière de montrer le bricolage qui demeure ici en ce qui concerne les gadgets équipés dans la voiture du frelon vert. Gadgets installés par Kato et dont le fonctionnement est en chinois. Kato sait tout faire et d’abord le café crème de Britt Reid (Seth Rogen, également scénariste et dialoguiste du film).

Les rapports entre les deux hommes sont ceux de maître à domestique. Sauf que Reid a besoin de Kato plus que l’inverse. On ne saura jamais pourquoi le père de Britt Reid avait un employé chinois qui peine à s’exprimer en anglais, mais le fils en hérite ainsi que de sa fortune et de son journal. Le fils détestait son père et l’une de ses premières actions est de couper la tête de la statue érigée à son père. Ce fait d’armes ne passe pas inaperçu. La presse va en parler et Britt, en égocentrique vulgaire (les dialogues de Seth Rogen valent ceux de ses comédies de Judd Apatow), va faire en sorte que son journal en parle. Il veut être le centre de l’attention.

La réflexion majeure de The Green hornet est la place du héros aujourd’hui. Dès la brillante scène d’introduction, Gondry évoque cette idée que le costume fait le méchant ou le héros. Christoph Waltz, le super méchant du film, vient dans une boîte située dans son quartier pour en accaparer la propriété. Le taulier lui déclare qu’il est ringard, que son costume prêt à porter ne fait pas de lui l’homme qu’il prétend être. Cette scène rappelle le dialogue entendu par Tony Leung Ka-fai en ouverture de Triad zone de Dante Lam. L’effronté va se faire défoncer.

Les rapports entre Kato et Britt élaborent une théorie du héros amusante. Bon nombre de dialogues concernent leur relation. Kato est à la fois les bras et le cerveau du duo. Tout ce que fait Britt est catastrophique. Ils se disputent pour savoir lequel des deux est le chef et doit, en conséquence, avoir les honneurs. Le film met en abyme, bien plus que Spider-man la formation su héros. Le costume fait-il le héros quand le personnage qui endosse le costume est pleutre, sexiste et stupide ? Qu’en est-il des responsabilités du fils de riche qui, comme Iron man, n’en fait qu’à sa tête ? The Green Hornet se moque, avec beaucoup de lucidité, des états d’âmes de ces super héros qui pullulent sur les écrans depuis dix ans.

Le film a ses défauts. Il souffre sans doute d’une durée trop grande. Si la partie comédie est réussie, les morceaux d’action sont diversement divertissants. La première baston entre Kato et les méchants est brillante. Kato visionne au ralenti ses cibles et leurs armes, puis il attaque dans un effet démultiplicateur d’impact. Les voitures augmentent leur nombre quand un méchant tombe dessus, comme si la force de Kato lui faisait encore plus mal. En revanche, le final est bien plus convenu, il vient comme un gage du savoir faire de Michel Gondry.

The Green Hornet (Etats-Unis, 2010) Un film de Michel Gondry avec Seth Rogen, Jay Chou, Christoph Waltz, David Harbour, Cameron Diaz, Tom Wilkinson.

Sorties à Hong Kong (janvier 2011)

Let the bullets fly (讓子彈飛)

Un film de Jiang Wen avec Chow Yun-fat, Carina Lau, Jiang Wen, Ge You , Liao Fan, Shao Bing, Zhang Mo, Chen Kun. 132 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 13 janvier 2011.