Il
s’appelle Budori Gusuko. C’est un enfant tout ce qu’il ya de plus normal qui
vit avec son papa, bucheron de son état, sa maman, mère au foyer qui prépare de
délicieuses soupes à la tomate et sa petite sœur Néri. La famille vit dans une
jolie maison dans la forêt. Chaque matin, Budori part joyeux à l’école
retrouver ses petits camarades et rentre le soir heureux dans son foyer pour
jouer avec sa sœur dans la forêt où ils écrivent sur l’écorce des bouleaux.
Budori,
comme le reste de sa famille, ses amis et voisins, est un chat. De couleur bleue,
sa sœur est violette. Les autres chats sont plutôt jaunes. Mais tous sont
habillés comme des humains, se comportent comme des humains. Ils habitent des
maisons, savent cuisiner des légumes et ne chassent pas des souris. Immédiatement,
Budori crée cet univers qui
ressemble exactement au nôtre, sauf qu’il n’est peuplé que de félins aux
grosses moustaches (pour les adultes) ou plus fines (pour les personnages
féminins).
On
découvre au détour d’une scène que le pays où habitent ces chats est
strictement imaginaire (on en voit une carte), l’époque est plutôt indéterminée
mais ressemble à celle de la fin du 19ème siècle. Le film pour
accentuer cette cosmogonie crée également un alphabet spécifique. C’est un
monde agréable mais qui va considérablement changer avec un changement
climatique important. Il se met à faire très froid, les légumes ne poussent
plus et la famine s’installe durablement dans le pays.
Le
chaton Budori va vite l’apprentissage de la dureté de la vie accentuée par la
disparition de son père, puis de sa mère partie le rechercher dans la neige.
Seul avec sa sœur, il tente de survivre en ramassant et cuisinant des racines.
Petit à petit, une mélancolie s’abat sur le récit. D’abord très colorées, les
images deviennent grisâtres avec la neige qui transforme le sol en boue.
L’humour joyeux des personnages se transforme en profonde déprime jusqu’au
moment où un chat géant vient emporter la petite sœur.
Ce
qui apparaissait comme un mignon film pour enfants, avec ses chats tout kawaï, n’était que le moyen de lancer le
jeune chat vers des aventures solitaires. Budori va partir à la recherche de
sœur et découvrir le monde en dehors de la forêt dans un récit initiatique
parfois un peu trop édifiant. Il va rencontrer un gros chat qui s’appelle Barbe
Rousse (il a un bouc roux), cultivateur de riz trop ambitieux qui va polluer
les champs avec du pétrole. Plus tard, il ira dans la grande ville pour
rencontrer un ingénieur et travailler dans l’étude des volcans.
Tandis
que Budori devient un chat adulte, la technologie avance. On se croyait plus
d’un siècle en arrière, mais la ville évoque les années 1930 (date où le livre
dont est adapté le film a été écrit). L’ingénieur, forcément un peu cinglé
constituant l’élément comique du film, se déplace en machine volante. La
technologie pour contrôler les volcans est digne d’un film d’anticipation. On
pense souvent aux films d’Hayao Miyazaki pour ses aspects-là ainsi que pour son
plaidoyer écologique.
Budori est moins enlevé dans son animation et plus décousu
dans son récit que les films de Miyazaki. Il est traversé de scènes qui rompent
le récit et dont on ne distingue pas immédiatement la teneur : cauchemars
ou vrais morceaux de vie. Le chat Budori reçoit régulièrement la visite du chat
géant aux yeux phosphorescents qui a enlevé sa sœur, il rêve d’un monde peuplé
d’humains aux visages monstrueux. Dans sa vraie vie, il rêve surtout de rendre
le monde meilleur.
Budori
(グスコーブドリの伝記, Japon, 2012) Un film de Gisaburō
Sugii avec les voix de Shun Oguri, Akira Emoto, Ryûzô Hayashi, Shozo Hayashiya,
Tamiyo Kusakari, Kuranosuke Sasaki.
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