Aller
ou ne pas aller dans son village natal, telle est la question que se pose
Zatoichi (Shintaro Katsu) dans ce 25ème et dernier épisode (les
aventures se poursuivront entre 1974 et 1979 à la télévision puis l’acteur
apportera un nouveau film en 1989). En grand amateur de hasard, il joue à pile
ou face. Il se rend donc à Kasama en espérant y retrouver sa nourrice Oshige
qu’il a quitté 23 ans plus tôt. En allant dans le lieu de son enfance, Retour au pays natal a pour but évident
de clore le récit par là où la vie du masseur a commencé.
A
son grand étonnement, Zatoichi est accueilli comme un héros dans son village.
Les habitants expriment leur joie, l’invitent à l’auberge et l’acclament. Lui
qui est d’habitude très craint est ravi de son entrée même s’il ne comprend qui
a pu prévenir les villageois. Et surtout comment ils ont pu le reconnaitre. A
vrai dire, l’accueil était pour Shinbei (Eiji Okada, connu essentiellement pour
avoir été l’homme dans Hiroshima mon
amour). Ce dernier est le chef du village qui revient de la capitale.
Zatoichi
et Shinbei se connaissaient quand ils étaient enfants. Ensemble, ils trainaient
leurs guêtres et le masseur se réjouit que son ami soit devenu un homme
important, lui qui dans sa jeunesse volait des melons dans les champs. Souvenir
que Shinbei ne veut pas se rappeler. A propos de souvenirs, on lui annonce que
sa vieille nourrice est morte cinq ans auparavant. Omiyo (Yukiyo Toake),
elle aussi élevée par Oshige l’emmène sur sa tombe. Sentimental, Zatoichi veut
toucher les lèvres de la jeune femme comme pour créer un dernier lien avec ce
passé révolu.
Il se rend compte que rien ne le retient à
Kasama et décide d’en partir. Le destin en aura décidé autrement. Il va, une
dernière fois, accomplir sa mission de justicier quand il comprend que Shinbei
a décidé d’exploiter les paysans à son profit et à celui du magistrat (Kei
Satô, l’un des acteurs fétiche de Nagisa Oshima). Les deux hommes ont le
dessein d’escroquer les fermiers et leur chef Shobei (Yoshio Tsuchiya, un
acteur récurrent des films d’Akira Kurosawa) en trafiquant le pesage du riz et
en les taxant abusivement.
Retour au pays natal est pour une dernière
fois l’occasion d’inviter des acteurs vedettes du cinéma japonais. Takashi
Shimura (déjà présent dans Zatoichi
18 : Le Défi) incarne le père plein de sagesse d’Omiyo. Comme
Shobei, il est révolté par l’abus de pouvoir du magistrat et de Shinbei. Ce
dernier commet un crime irréparable aux yeux de ce bon père de famille :
il force la jeune femme, vierge, à coucher avec lui. Il lui sera difficile de
protéger sa fille face à ce prédateur sans mettre en danger l’ensemble des
villageois.
Moins sombre que La Blessure, ce dernier épisode est d’un format plus classique avec
ses petits moments d’humour qui viennent divertir entre les passages
dramatiques (Zatoichi manque de se faire avaler dans un marais mouvant) et les
combats au sabre (le finale dans la réserve de riz). Dans Retour au pays natal, l’humour est dévolu à une bande de cinq bandits
de grands chemins, dont une femme, qui ne terrifient personne mais s’avèrent,
finalement, sympathiques. Ils auraient aimé poursuivre leur route avec
Zatoichi. Mais il est déjà parti vers d’autres cieux, solitaire et désespéré
comme toujours.
La
Légende de Zatoïchi 25 : Retour au pays natal (新座頭市物語・笠間の血祭り, Japon, 1973) Un film de Kimiyoshi Yasuda
avec Shintarô Katsu, Yukiyo Toake, Eiji Okada, Kei Satô, Yoshio Tsuchiya, Shirô
Kishibe, Rie Yokoyama, Tatsuo Endô, Takashi Shimura, Kuniko Ishii, Osamu Sakai,
Yûsaku Terajima.
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