Oh
quel vilain monstre que ce Daïmon ! De couleur verte, le visage allongé
avec quatre dents pointues, des ailes et des écailles et une ceinture ornée de
crânes, il apparait par magie au Japon. Daïmon a été réveillé dans les ruines
de Babylone par deux pilleurs de tombes qui cherchaient des trésors. Pour se
nourrir, il boit le sang des deux pillards dans un déchainement de tonnerre et
d’obscurité créant le chaos là où il se trouve.
Le
premier méfait de Daïmon est de s’emparer du corps du gouverneur, un homme
extrêmement bon qui devient soudainement acariâtre et injuste. Sa fille et son
serviteur ne le reconnaissent plus, du moins ne reconnaissent plus son
comportement. L’aspect du gouverneur est là mais son âme est démoniaque. Si les
humains ne s’en rendent pas compte, un kappa, yokai vert au crâne plat, qui
réside dans la marre du domaine s’aperçoit de la présence du démon.
Kappa
décide de demander de l’aide à ses compagnons yokai qui vivent dans la forêt. Mais
ni la femme blafarde au cou étirable, ni la grosse tête au visage triste, ni la
femme aux deux visages ou le parapluie qui tire la langue ne le croit.
Seulement voilà, Daïmon est en train de tuer et boire le sang des villageois,
en appréciant tout particulièrement les enfants. Quand deux gamins, menacés, se
réfugie dans la forêt, les yokai sont bien obligés de croire Kappa.
Plus
abouti que La
Malédiction des yokai, La Guerre
des yokai fait une plus grande place aux monstres qui sont présents pendant
tout le film. Ils arrivent progressivement dans le récit, jusqu’à n’être plus
qu’entre eux quand ils doivent combattre, non sans mal, Daïmon, monstre
étranger que la grosse tête au visage triste veut défaire pour que les monstres
japonais gardent leur fierté. Dans le combat final, Daïmon se démultiplie pour affronter
les centaines de monstres.
Les
yokai sont désormais dotés de la parole. Kappa est celui qui cause le plus,
souvent en fatiguant ses congénères. Seul le parapluie est privé de langage,
s’exprimant par borborygmes. L’ajout par rapport au premier film est l’humour
constant. Kappa affronte Daïmon dans une scène burlesque où son crâne plat
frotte les murs jusqu’à s’enflammer. Les yokai ont presque tous des comportements
d’enfants qui ne se rendent pas compte du danger.
L’autre
apport du film est sa grande beauté plastique. Si les déguisements des monstres
restent très simples, les effets spéciaux, qui datent certes de 1968, sont
agréables à regarder. Le film joue sur les transformations de Daïmon en
gouverneur et vice-versa, sur les changements de temps (passage du soleil à
l’obscurité) et sur les ombres chinoises, les effets de surimpression et de
transparence. La Guerre des Yokai a
servi de base pour le film que Takashi Miike a réalisé en 2005 sous le titre The Great
Yokai war. Les deux films, ainsi que les deux autres yokai, sortent en
coffret DVD cette semaine.
La
Guerre des yokai (妖怪大戰爭, Japon, 1968) Un film de
Yoshiyuki Kuroda avec Yoshihiko Aoyama, Hideki Hanamura, Chikara Hashimoto,
Hiromi Inoue, Mari Kanda, Takashi Kanda, Akane Kawasaki, Gen Kimura, Gen
Kuroki, Ikuko Môri.
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