mardi 25 mars 2014

Real


Pour tenter de reprendre contact avec Atsumi (Haruka Ayase), plongée dans le coma depuis sa tentative de suicide un an auparavant, Koichi (Takeru Satoh), son petit ami accepte de faire une expérience scientifique expérimentale. Il va être endormi et, grâce à une machine, entrer dans l’esprit d’Atsumi par télépathie. Le premier voyage dans le cerveau de sa petite amie est concluant. Il la rencontre dans leur appartement, elle travaille à son nouveau manga et il peut lui parler.

Les médecins sont contents du résultat. Koichi raconte que tout s’est bien passé sauf que l’on a bien vu que quelque chose de bizarre a eu lieu. Un détail inexpliqué dans cette plongée dans la matrice mentale d’Atsumi. Autour d’une porte, le mur s’est détaché laissant apparaitre le béton. Plus tard, Koichi voit un cadavre en décomposition sur le sol et comprend qu’il est issu d’un des dessins qu’elle a fait. Atsumi est une mangaka célèbre pour le réalisme de ses esquisses.

Mais, c’est une demande particulière d’Atsumi qui étonne son compagnon. Elle lui demande de retrouver un vieux dessin qu’elle avait fait quinze ans auparavant, quand ils s’étaient connus alors enfants, représentant un plésiosaure, un dinosaure à nageoires. Il ne se rappelle pas d’avoir ce dessin et appelle Takagi (Shota Sometani), le collègue d’Atsumi dans la boite de manga. Le dessin n’est pas trouvé mais Takagi découvre d’anciennes bandes dessinées qui pourraient rapporter de l’argent pour son patron Sawano (Joe Odagiri).

Les médecins avaient prévenu des éventuels effets secondaires que pourrait subir Koichi et ça ne manque pas. La méthode de Kiyoshi Kurosawa dans Real (son premier film tourné pour le cinéma depuis Tokyo sonata) est celle d’un fantastique doux basé sur la suggestion, tout comme il le faisait pour Kairo. C’est le montage et les effets de mise en scène (un plan vide suivi d’un plan plein de fantastique) qui créent la différence entre le monde réel et celui qui se fabrique dans les cerveaux reliés du couple.

Petit à petit, Koichi ne sait plus dans quel monde il se trouve et le cinéaste cherche à égarer aussi son spectateur. Les personnages réels vus auparavant changent d’aspect. Le collègue et le patron d’Atsumi prennent un aspect vitreux et avancent comme des zombies. Puis, c’est au tour des médecins de ne plus sembler vivre vraiment. Koichi est pris de visions sui viennent le hanter, tels ce petit garçon mouillé, ces cadavres qui jonchent le sol, la ville qui disparait sous ses yeux ou retour dans le passé, comme dessinée au fusain.

La confusion ne cesse d’augmenter jusqu’à ce que le spectateur ne sache plus où se trouve le monde réel et l’imaginaire. Real réussit à créer deux mondes interdépendants qui se répondent l’un l’autre tout en se contredisant. De ce point de vue, le film apporte son lot de surprises et rebondissement. Kiyoshi Kurosawa reste cependant le cinéaste de la lenteur éthérée et poisseuse (comme dans Kairo) mais pénalisée ici par une interprétation parfois maladroite d’Haruka Ayase, parfois un peu trop expressif tout en étant lymphatique.

Real (リアル 完全なる首長竜の日, Japon, 2013) Un film de Kiyoshi Kurosawa avec Takeru Satoh, Haruka Ayase, Miki Nakatani, Joe Odagiri, Shota Sometani, Keisuke Horibe, Yutaka Matsushige, Kyoko Koizumi.

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